L'année 2017 concrétise les 70 ans de la création du Diplôme d’État d'infirmière puéricultrice. A l'occasion des 42e Journées Nationales d'Etudes des Puéricultrices(teurs), l'occasion sera belle de rappeler d'où vient cette profession et où elle va, portée par la parole et l'engagement du nouveau président de l'ANPDE, Charles Eury qui répond à nos questions.
Infirmiers.com - Ces 42e Journées Nationales d'Etudes les 14, 15 et 16 juin prochains au PACI d'Issy-les-Moulineaux vont concrétiser réellement votre prise de fonction en tant que président de l'ANPDE. Quelle va être la substance de votre discours d'ouverture ?
Charles Eury - C'est en effet un moment important dans la vie de l'association. Ma prise de fonction est déjà bien entamée notamment avec l'organisation de ces Journées Nationales d'Etudes (JNE) qui nécessite un travail important de la part de l'ensemble des bénévoles du conseil d'administration et des salariés. Je souhaite mobiliser l'ensemble des congressistes à travers ce qui se dessine pour la profession d'infirmier(e) puériculteur(trice) : réingénierie , grade Master, pratique avancée , reconnaissance et valorisation de l'exercice libéral , ainsi que la question des actes exclusifs. C'est également l'occasion de souligner notre collaboration cette année avec le CEEPAME (Comité d’Entente des Ecoles Préparant aux Métiers de l’Enfance) qui organise ces journées en partenariat avec nous. A l'occasion des 70 ans du diplôme d’État d'infirmier(e) puéricultuteur(trice) , il s'agit d'un signe fort de la mobilisation et de la cohésion de l'ensemble de la profession.
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, s'exprimera le mercredi 14 juin à 17h lors de ces Journées. Infirmiers.com sera là pour en rendre compte
Infirmiers.com - La profession infirmière - et les puéricultrices comme les autres terrains d'exercice et spécialités - a beaucoup souffert sous le quinquennat Hollande avec Marisol Touraine comme ministre de la santé… Qu'attendez-vous de la nouvelle locataire de l'Avenue de Ségur, Agnès Buzyn ?
Charles Eury - Le quinquennat précédent a été très difficile pour la profession dans son ensemble, c'est un fait. Nous devons désormais aller de l'avant ! Les attentes sont nécessairement grandes, mais nous sommes confiants. Le profil de la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé paraît beaucoup plus proche de la réalité des problématiques de santé actuelles et futures. Dans le cadre de ses précédentes fonctions, elle a été force de propositions pour intégrer d'autres professionnels de santé que des médicaux dans des commissions. L'exemple le plus parlant est la commission technique des vaccinations qu'elle présidait elle-même avant d'être nommée ministre, où l'on retrouve la présence d'un infirmier puériculteur parmi les experts : Sébastien Colson, notre ancien président ! C'est un signal fort pour notre spécialité et nous espérons donc de belles perspectives ! Nous serons toujours à la disposition de la ministre pour prendre place à la table des politiques de santé en France. Mais dans un premier temps, il est vraiment urgent d'aboutir à une évolution du champ de compétences des infirmières puéricultrices et à la finalisation de la réingénierie .
Nous devons désormais aller de l'avant ! Les attentes sont nécessairement grandes, mais nous sommes confiants.
Infirmiers.com - Combien de professionnels attendez-vous lors de ces 42e Journées et quelles thématiques fortes allez-vous aborder ?
Charles Eury - Nous attendons une forte affluence lors de ces Journées puisque ce sont plus de 1200 professionnels qui seront présents. La première demi-journée sera l'occasion de faire un tour d'horizon sur les activités de l'infirmière puéricultrice depuis la création du diplôme d'Etat. La diversité et la multiplicité des secteurs d'activités où l'infirmière puéricultrice peut apporter ses compétences spécifiques sont étonnantes. C'est pour cela que nous aborderons des thématiques qui concernent l'ensemble de ces professionnels : protection de l'enfance, gestion des émotions en EAJE, neurosciences, troubles de l'alimentation. De plus, et c'est à présent un rendez-vous incontournable des JNE, le jeudi après-midi sera consacré au Forum usagers-professionnels qui traitera cette année de la fratrie et de l'importance de ces liens lorsque les familles sont à l'épreuve de la maladie de l'un de leurs enfants.
La diversité et la multiplicité des secteurs d'activités où l'infirmière puéricultrice peut apporter ses compétences spécifiques sont étonnantes.
Infirmiers.com - La profession d'infirmière puéricultrice fête cette année ses 70 ans d'existence. Comment allez-vous marquer cet anniversaire et quel regard portez-vous sur cette évolution du métier au cours des décennies ?
Charles Eury - Nous organisons en effet une cérémonie le mercredi 14 juin 2017 pour célébrer les 70 ans de la création de la profession. Nous serons un peu en avance puisque le diplôme d'Etat a été institué le 13 août 1947. Nous sommes passés en un peu plus d'un demi-siècle d'une vision hygiéniste de l'enfance, nécessaire à l'époque, à une vision bien plus globale des besoins de l'enfant et de sa famille. L'infirmière puéricultrice est aujourd'hui présente dans l'ensemble des secteurs où son expertise permet une meilleure prise en charge de l'enfant : hospitalière, bien sûr, en néonatalogie, pédiatrie, maternité... En extra-hospitalier, en établissement d'accueil de jeunes enfants, en protection maternelle et infantile ou encore en libéral avec des initiatives innovantes.
Infirmiers.com - Comment vous positionnez-vous en tant que société savante et quels apports en France, en Europe et à l'international ? Quel leadership, un mot qui tarde à s'imposer pour la profession infirmière ?
Charles Eury - Comme pour l'ensemble de la profession infirmière, nous devons continuer à affirmer notre positionnement. Le leadership infirmier , notamment en France, est encore en construction, et l'évolution des formations y participe. L'ANPDE, via son conseil scientifique, a notamment travaillé récemment sur l'accompagnement à la parentalité des puéricultrices. Cette étude a été présentée par Sébastien Colson lors du Congrès International des Infirmiers qui s'est tenu cette année à Barcelone. La difficulté que nous rencontrons à présent est le manque de littérature scientifique permettant de poser les preuves de la valeur ajoutée des IPDE. La masterisation du diplôme permettra d'intégrer davantage une réelle culture de l'écrit scientifique dans la profession pour pallier ce manque. Avec près de 3000 adhérents, notre leadership national pour représenter la spécialité et les étudiants est indéniable. Nous sommes régulièrement concertés par la Haute Autorité de Santé concernant des recommandations de bonnes pratiques dans la santé de l'enfant. L'ANPDE participe à d'autres instances en collaboration avec d'autres organisations professionnelles, à l'échelle national (Académie des Sciences Infirmières, Collège infirmier français ) et internationale (SIDIIEF, Pediatric Nursing Associations of Europe – PNAE).
La difficulté que nous rencontrons à présent est le manque de littérature scientifique permettant de poser les preuves de la valeur ajoutée des IPDE.
Infirmiers.com - Plus largement, comment percevez-vous la profession infirmière aujourd'hui et comment pensez-vous qu'elle devrait - ou pourrait - évoluer dans les années à venir ? Avec quels moyens, quelles envies et quels résultats ?
Charles Eury - Nous sommes à un tournant dans l'histoire de la profession. Il devient urgent de casser cette division instaurée par le Code de la Santé Publique entre les professions médicales et les auxiliaires médicaux. Nous sommes tous des professionnels de santé, au service de la qualité et de la sécurité des soins pour la personne et ses proches. La création d'une véritable filière infirmière, réclamée depuis tant d'année et présente dans plusieurs pays d'Europe et du monde, est une urgence en France. La pratique avancée ouvre de nouvelles possibilités et perspectives pour l'ensemble des professionnels, non seulement dans leur parcours de formation mais aussi dans leur positionnement comme leader des futures avancées médico-sociales. Encore faut-il définir la place des spécialités infirmières actuelles par rapport à cette pratique avancée. Je le dis avec autant d'optimisme que de réalisme, car si je vois bien les difficultés qu'il nous reste à surmonter, je suis confiant en l'avenir. Ce qui est certain, c'est que nous devons avancer ensemble : la mise en avant d'une spécialité ou d'un type d'exercice ne peut que desservir la profession. J'appelle donc à un nivellement par le haut et à la mobilisation de chaque professionnel.
Si je vois bien les difficultés qu'il nous reste à surmonter, je suis confiant en l'avenir.
Propos recueillis par Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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