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AU COEUR DU METIER

Le « leadership infirmier » pour les nuls !!!

Publié le 26/06/2015
les styles de leadersheep

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infirmiere ordres directives

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La profession infirmière en France, bien que largement représentée (plus de 638 248 selon les derniers chiffres ), ne bénéficie d’aucune tribune publique à la hauteur de son mérite. Peu d'infirmiers collaborent dans des instances telles que la HAS, l'ARS ou la DGOS. Alors, de quelle façon peut-on exercer un « leadership infirmier » - ou une influence majeure - dans l'intérêt de la profession ? Comment développer un plan de carrière ambitieux afin d'améliorer la pratique infirmière ? Explications avec une seule affirmation : Infirmier* et meneur, oui j'assume !

La profession infirmière a besoin de leaders pour accroître sa visibilité et faire progresser la pratique.

Pour reprendre une phrase de Peter F. Drucker : Le management est l’art de bien faire les choses, le leadership est l’art de faire les bons choix. Dans la profession infirmier, ce dernier correspond à une aptitude en soins infirmiers qui pousse les soignants à améliorer leur pratique. Il incite les infirmiers à impulser de nouvelles techniques de soins en s’appuyant sur des données probantes et en s’intéressant au contexte de santé publique.

Selon l’association des infirmières et infirmiers du Canada, le leadership consiste à conjuguer la science à une compréhension profonde des besoins de la population dans le domaine de la santé (…) pour permettre d’envisager de nouveaux avenirs et faire progresser  la discipline des soins infirmiers.
Mais nous ne pouvons pas tous être des leaders. Alors est-ce inné ou acquis ? Peut-être un peu des deux. Pour mener un groupe, encore faut-il  des prédispositions : avoir été délégué(e) de classe, mis en place un roulement pour le nettoyage de la cafetière ou défendu âprement les intérêts de la pauvre étudiante infirmière reléguée aux vidanges des bassins… Ces éléments sont de bons indicateurs d'une propension à la « leader-attitude ».  Cependant quelques principes de base permettent d'optimiser cette aptitude et d'en faire une véritable force. Voici donc le top 11 des règles à respecter pour développer un « leadership infirmier » altruiste.

1. Se former

C'est la base ! Sans être a minima formé dans un domaine, il est facile de se sentir distancé et décrédibilisé. Même en étant doté d'une bonne expertise, il est indispensable de toujours enrichir ses connaissances en les actualisant continuellement. La formation, doublée de pratique, apporte un positionnement différent, un enrichissement personnel, une ouverture d’esprit et une attitude réflexive. Il s'agit avant tout d'acquérir de nouveaux savoirs, de les utiliser au quotidien afin d'améliorer la qualité des soins et d'auto-évaluer ses actions. Il devient alors plus facile et légitime d’entraîner ses pairs sur le bon chemin lorsqu'un sujet est parfaitement maîtrisé. 

2. Exercer une veille « actualité professionnelle »

Pour être un leader encore faut-il être au fait de l'actualité. Certes, effectuer une veille est chronophage, mais c’est une routine à adopter. S'accorder 15 à 30 min par jour pour balayer l’actualité permet de rester informé. Il suffit de trouver quelques sites de référence, de programmer des alertes en choisissant quelques mots clés et/ou de s’inscrire à des newsletters.   Des revues spécialisées dans le domaine de la santé publient chaque jour l’essentiel des nouvelles.  Les médias et sites professionnels (comme infimiers.com, ndlr) sont très riches en informations. De plus, le moteur de recherche Google Scholar® propose des articles scientifiques rédigés à partir de sources fiables.  Paramétrer son smartphone et/ou sa tablette permet de rester connecté et d'assurer cette veille. Il faut cependant veiller à ne pas s'éparpiller car trop d’infos tue l’info !

3. Utiliser les réseaux sociaux

Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram… Les réseaux sociaux sont désormais incontournables. De récentes études démontrent l’impact positif du partage d'informations professionnelles via ces derniers. Santé Connect a organisé le premier observatoire sur l'usage des réseaux sociaux par les professionnels de santé afin d'analyser l'utilisation de ces nouveaux outils collaboratifs en santé. Près de la moitié des soignants se connecte quotidiennement et 82% au moins une fois par semaine. Ce partage d’informations, via les réseaux sociaux, peut grandement améliorer la pratique infirmière. Le « leader infirmier » alimentera donc son fil d’actualités, notamment sur la politique de santé, les pratiques ou le retour d'expérience à l'étranger, et il entretiendra un réseau afin de bâtir une communauté « connectée » et réactive.

Le management est l’art de bien faire les choses, le leadership est l’art de faire les bons choix.

4. Écrire

Que ce soit pour relater une expérience vécue ou pour partager une nouvelle méthode, il ne faut jamais hésiter à écrire ! Un écrit peut motiver le début d'une nouvelle recherche. Certes, chaque travail de rédaction nécessite un certain approfondissement, un temps pour se poser, réfléchir, relire et corriger, mais l’essentiel est de communiquer sur un sujet. Être un leader c’est aussi s’exprimer par écrit. Une orthographe et une syntaxe soignées sont cependant préférables. Une relecture minutieuse et la correction par un tiers avant l'envoi d'un écrit sont de ce fait conseillés. Sourcer ses écrits relève également d'une grande importance. Il existe des tutoriels qui aident à constituer une bibliographie pertinente. Enfin, il est important de comprendre un peu l’anglais car les articles scientifiques sont bien souvent écrits dans la langue de Shakespeare.

5. Participer à des colloques et congrès

Outre un intérêt professionnel, ces événements permettent de rencontrer d'autres soignants et d’alimenter son carnet d’adresses. De plus, pour les infirmiers libéraux, la présence à certaines réunions peut être prise en compte par le DPC ou déductible des frais professionnels. Les salariés peuvent également négocier leur participation auprès de leur cadre de service en mettant en avant le développement de leurs compétences. Enfin, la rédaction d'un résumé de congrès ou de colloque peut ouvrir d'autres portes. Conseil, publication, organisation d'événements... De futures collaborations très intéressantes peuvent en résulter.

6. Savoir déléguer et valoriser ses pairs

Il est bien sûr indispensable de savoir travailler en collaboration. On ne peut pas tout maîtriser. L’empowerment consiste en une responsabilisation et une implication des acteurs, doublées d’une certaine autonomie, avec la notion de céder le « pouvoir ». C’est le glissement du « faire pour » (paternaliste et stigmatisant) vers le « faire avec » (émancipateur et valorisant).  Il est capital pour un leader de proposer des idées ou pistes de travail et de favoriser une prise de décision  collégiale. En effet il peut être facile de basculer vers « l’autocratie ». Cependant, parfois le leader se retrouve « seul » dans le processus de décision. C'est à lui de garder le cap et d'être en mesure de justifier ses choix.  Par ailleurs, il existe 4 styles de leadership : Le directif (« je décide »), le persuasif (« je décide et j’explique pourquoi »), le participatif (« nous décidons ensemble ») et le délégatif (« vous décidez »). Votre style sera fonction de la situation et du degré d’autonomie de vos collaborateurs.

7. Rester au cœur du terrain

Connaître les besoins, craintes, aspirations, ressources et freins de ses collègues et des patients est une force. Ce qui est fréquemment reproché aux syndicats ou aux « administratifs » c’est de rester éloignés des réalités du terrain, de ne pas savoir entendre les plaintes et d’ignorer les besoins des professionnels. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle des solutions inadaptées sont bien souvent proposées aux salariés. Un bon « leader infirmier » sera au cœur du métier, attentif aux enjeux du terrain (conditions de travail, burnout, horaires, nomenclature des actes,  lourdeurs administratives...), et capable d’apprécier par lui-même les difficultés et attentes formulées.

Infirmier et meneur : oui, j'assume !

8. Lancer des idées, fixer des objectifs, être innovant

L’innovation et la prospective doivent rester les fers de lance du bon leader infirmier. L’aspect visionnaire et pro actif est attendu et apprécié. Un chef de file se doit d’être force de proposition. Un projet viable doit répondre à l'acronyme SMART (S = Spécifique, M = Mesurable, A = Acceptable, R = Réaliste, T = Temporellement défini). Il n’y a rien de plus frustrant que de tenter d’atteindre la lune sans jamais y parvenir. En outre, les leaders qui entraînent leurs collègues dans des chemins de traverse sans issues perdent à coup sûr leur crédibilité. Alors des idées oui, mais il faut au préalable étudier leur faisabilité afin de les mener à terme et récolter une satisfaction collective.

9. Cultiver son réseau privé et professionnel

Aider ses pairs, rendre service et rester régulièrement en contact avec les acteurs de la profession… Rien de mieux pour se démarquer. Mais là encore, il faut rester prudent et veiller à ne pas perdre sa lucidité au profit de titres pompeux mais inutiles. Garder sa ligne de conduite est une belle preuve d’honnêteté intellectuelle qui séduira à coup sûr les professionnels et les instances.

10. Connaître le système de santé et les politiques menées en la matière

Comment influencer son entourage professionnel sans connaître le fonctionnement des politiques et des systèmes de santé ? Les ignorer c’est aller droit dans le mur. Il est en outre important d'adopter un langage « académique », politique, relativement neutre, sans accusations ou jugements marqués, sous peine de se faire laminer. Être dans la construction et la proposition et non  dans l’opposition et la contestation. Bien entendu cela dépend aussi des fonctions exercées : un leader syndical sera souvent plus enclin à aborder de façon directe les situations puisque  c’est son rôle.  Néanmoins, lors d’un débat, être calme, posé et factuel aide à asseoir sa crédibilité et popularité. Rester courtois et ouvert aux autres arguments en les considérant est une preuve de sagesse. Cela évite de s'engager dans un combat peu porteur pour la profession et de se discréditer auprès de ses pairs.

11. The last, but not the least… Rester humble !

Bien qu'elle soit l'ultime règle, elle est la plus importante.  Bien sûr cela est grisant de voir sa photo dans les revues professionnelles, d’être connu, reconnu, publié, sollicité de toutes parts pour donner son avis ou participer à d'importants événements… Mais le danger c'est de perdre son humilité et d'avoir le sentiment d’être intouchable. Plus haut vous montez, plus dure est la chute. Écouter tout le monde, apprendre de chacun, valoriser les initiatives et surtout accepter avec humilité de se remettre en question sont des atouts maîtres pour exercer un bon leadership infirmier.

La profession infirmière attend donc la levée de nouveaux leaders qui se battront pour la faire avancer, en synergie avec leurs pairs, les instances et les syndicats... En effet, si seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Et pour une une profession qui manque de visibilité, l'avenir doit se décider de façon collégiale.

Accepter avec humilité de se remettre en question, est un atout maître pour exercer un bon leadership infirmier.

Note

* lire partout infirmier/infirmière

Florence AMBROSINO  Infirmière de pratique avancée en coordination de parcours complexe de soinsComité de pilotage du GIC REPASI http://www.anfiide-gic-repasi.com/


Source : infirmiers.com