Une mère se présente avec son nouveau-né à la PMI Croix-Saint-Simon, dans le 20e arrondissement de Paris. Elle a une heure de retard, mais elle est venue de loin avec son bébé pour une première rencontre avec Emilie Colonges. L'infirmière puéricultrice et directrice de l'établissement de santé, suit une trame de questions qui reprend les points importants de la santé du nourrisson et de la mère. Comment il mange, où vit la famille, est-ce que le bébé dort dans son lit ou bien avec sa mère, y a-t-il des difficultés autour de l'allaitement... L'entretien dure une heure et la puéricultrice à la fois répond aux questions de la maman, fait un bilan de santé et prodigue des conseils de prévention.
Les PMI, pour Protection Maternelle et Infantile, sont des lieux gratuits et ouverts à tous. Une équipe pluridisciplinaire, infirmières puéricultrices, médecins, psychologues, psychomotriciens, y assurent un suivi global des enfants de 0 à 6 ans et de leurs parents.
Quand on reçoit la famille, l'état émotionnel des parents est évalué
«Quand on reçoit la famille, l'état émotionnel des parents est évalué», explique Emilie Colonges. Lors de la consultation, le lien mère-enfant fait aussi partie de l'observation. «On l'accompagne si les parents ont du mal à s'inscrire dans leur rôle de parents, à prendre leur place ou à s'investir dans cette relation», abonde Anne Legobien, infirmière et directrice de la PMI Charonne, dans le 11e arrondissement de Paris. Les parents peuvent ainsi être orientés vers le psychologue ou participer à des ateliers pour les aider à tisser cette relation avec leur enfant.
Des situations parfois très précaires
A la PMI Croix-Saint-Simon, dans le 20e arrondissement de Paris, de nombreuses familles qui se présentent sont issues de l'immigration, certaines sans papier, sans sécurité sociale, avec des situations parfois très précaires. «Beaucoup de gens sont logés à l'hôtel, voire sont carrément à la rue», expliquent les infirmières qui racontent leur impuissance à répondre à ces difficultés.
On a des familles qui peuvent toquer à la porte de la PMI et qui nous disent : ce soir, on ne sait pas où dormir
«On a des familles qui peuvent toquer à la porte de la PMI et qui nous disent : ce soir, on ne sait pas où dormir. Hélas, nous n'avons pas de solution pour elles». Une situation qu'elles redoutent de voir empirer avec les Jeux-Olympiques de Paris et le manque criant de logements sociaux.
Car les idées reçues ont la peau dure. Certaines familles hésitent ainsi à pousser la porte, par peur d'être surveillées, par peur qu'on leur retire leur enfant à cause de leurs difficultés, ou de voir leur situation dénoncée par exemple lorsqu'elles n'ont pas de papiers. « Ill faut qu'elles se rassurent et le fassent, insistent les infirmières. On est là, au contraire, pour les soutenir et les accompagner».
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