C’est dans le cadre de la journée consacrée à la santé de la COP29, le 18 novembre, que le Conseil international des infirmières a publié une « déclaration de position actualisée » soulignant l’importance du rôle des infirmiers dans la réponse aux défis environnementaux. « Le changement climatique est la plus grande menace sanitaire à laquelle l'humanité est confrontée, avec de profondes répercussions sur la santé et le bien-être de l'homme », alerte-t-il en introduction de son document.
Les infirmières qui sont en première ligne des soins de santé, sont aux premières loges de la crise climatique
Le CII souligne à cet effet les liens entre climat et santé, et notamment les impacts du changement climatique sur l’état de santé des plus fragiles et sur les systèmes de santé en général. Vagues de chaleur, sécheresse, inondations entraînent de fait déplacements de population, problèmes de nutrition, évolution des schémas des maladies à transmission vectorielle…, donne-t-il en exemples. Or, rappelle-t-il : « Les infirmières qui sont en première ligne des soins de santé, sont aux premières loges de la crise climatique qui s'aggrave à vue d'œil. Chaque jour, les infirmières traitent les effets directs et indirects du changement climatique ».
Pour les infirmiers, une responsabilité à prendre dans l'adaptation au changement climatique
Le CII réaffirme un certain nombre de ses positions dans la lutte contre le changement climatique et dans l’adaptation des systèmes de santé au phénomène. Il fait ainsi part de sa conviction que « les infirmières ont une responsabilité partagée dans le maintien et la protection de l'environnement naturel contre l'épuisement, la pollution, la dégradation et la destruction » et de l’importance du leadership de la communauté soignante dans l’accélération de l’action climatique en faveur de la santé humaine. Cela passe nécessairement par l’acquisition par les infirmiers de compétences les autorisant à peser dans l’élaboration des politiques de santé. Il indique également plaider « pour des interventions politiques renforcées qui ciblent le lien entre les inégalités sociales, de genre et de santé, ainsi que l'injustice environnementale, conformément aux besoins et aux perspectives des communautés sur lesquelles elles ont un impact. »
Des recommandations pour les associations infirmières
Il émet parallèlement des recommandations à destination des associations nationales d’infirmières, telles que participer à l’élaboration des politiques et plans d’action consistant à atténuer les impacts du changement climatique et à y adapter les systèmes de santé, à établir des partenariats avec chercheurs et universités pour mener des études sur ses effets sanitaires, à collaborer avec d’autres organisations de professionnels de la santé, des organisations intergouvernementales ou environnementales, ou encore à «promouvoir l'équité en matière de santé et défendre les objectifs de bien-être afin d'éliminer les disparités en matière de soins de santé et les résultats qui sont exacerbés par les incidences de l'environnement sur la santé. » Les professionnels, eux, sont entre autres encouragés à être force de propositions pour réduire l’impact des établissements sanitaires (réduction des déchets, recours aux énergies renouvelables), et à se former à l’impact du climat sur la santé. « Nous devons permettre aux infirmières de montrer la voie en intégrant le climat et la durabilité dans leur formation, en investissant dans la préparation du personnel de santé et en faisant entendre leur voix dans l'arène politique mondiale », fait valoir Pamela Cipriano, sa présidente dans un communiqué.
Des attentes du côté des Etats
Le CII appelle enfin gouvernements et Organisation mondiale de la santé (OMS) à accroître les financements dédiés au développement de modèles permettant aux professionnels de la santé de s’engager dans des pratiques durables, à veiller à ce que les pays à plus faible revenu disposent d’un accompagnement pour renforcer leur système de santé, ou encore à « accélérer l'élimination rapide, juste et équitable des combustibles fossiles ». À l’issue de la COP28, le CII avait exprimé sa grande déception devant le manque de volonté affiché par les États d’abandonner les énergies fossiles. « La déclaration de la COP28 sur le climat et la santé, adoptée l'année dernière, a placé la santé au cœur de l'action climatique. Nous devons maintenant maintenir cet élan et traduire les politiques en actions », la communauté soignante étant invitée à exhorter les dirigeants à débloquer des financements à la hauteur des enjeux, conclut de son côté Pamela Cipriano. « Il n’y a pas de temps à perdre. »
Accéder à la déclaration du CII
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