Alors que Donald Trump, ouvertement climatosceptique, vient de fêter sa victoire dans la course à la Maison Blanche, l'Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d'alarme. «La santé c'est l'expérience vécue du changement climatique», résume Maria Neira, la directrice de l'environnement, du changement climatique et de la santé à l'Organisation mondiale de la santé. La COP28 l'année dernière avait pour la première fois inclu une journée consacrée à la santé et l'OMS demande plus, en amont de la COP29 qui doit se tenir du 11 au 22 novembre à Bakou.
Des effets directs et concrets
Dans un rapport d'une centaine de pages, l'OMS établit sans fard les liens entre le climat et la santé. «Des effets directs des phénomènes météorologiques extrêmes et de la pollution atmosphérique aux conséquences indirectes de la perturbation des écosystèmes et de l'instabilité sociale, le changement climatique menace la santé physique et mentale, le bien-être et la vie elle-même» met en garde l'Organisation, à laquelle Trump avait tourné le dos lors de son premier mandat, l'accusant d'incompétence lors de la pandémie de Covid-19. «Ces impacts ne sont pas lointains ou abstraits : ils se font sentir dès maintenant, à travers des températures record en Inde, des inondations meurtrières au Kenya et en Espagne, des incendies géants en Amazonie et des ouragans aux États-Unis».
L'Appel à la COP
Les avantages sanitaires et économiques associés à la résilience et à l'atténuation du changement climatique dépassent de loin les investissements nécessaires pour les mettre en place, a martelé une nouvelle fois le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Donner la priorité à la santé et au bien-être dans la lutte contre le changement climatique est pour lui «un impératif moral» et «une opportunité stratégique». «La COP29 est une occasion cruciale pour les dirigeants mondiaux d'intégrer les considérations de santé dans les stratégies d'adaptation et d'atténuation du changement climatique», ajoute le patron de l'organisation.
Impacts directs
L'impact est direct et largement documenté. La pollution de l'air est liée à près de sept millions de décès prématurés chaque année, près de 2,5 milliards de travailleurs - 71% de la population active dans le monde - résultant dans quelque 19 000 morts par an. Plus généralement la chaleur excessive entraîne des troubles rénaux, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiovasculaires et respiratoires, des défaillances d'organes et parfois la mort. Le changement des conditions climatiques permet aussi aux vecteurs de maladies infectieuses comme la dengue, le paludisme, la légionellose ou la tuberculose d'étendre leur aire géographique. La pollution de l'air provoque aussi des naissances prématurées, un faible poids à la naissance et parfois la mort de la mère.
Action climatique
L'OMS regrette que très peu de pays disposent de plans d'action spécifiques pour tirer parti des avantages sanitaires de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique. Pour elle ce pourrait être le catalyseur pour débloquer une action climatique à grande échelle.
L'organisation a couché six recommandations sur le papier :
- Faire de la santé humaine «la principale mesure du succès climatique»
- Mettre fin à la dépendance et aux subventions aux combustibles fossiles
- Mobiliser des financements pour les initiatives climat/santé
- Investir dans des «solutions éprouvées» (systèmes d'alerte, énergie domestique propre et la tarification efficace des combustibles fossiles pour sauver près de deux millions de vies par an)
- Mettre l'accent sur les villes, avec des logements plus résilients, un meilleur assainissement et une conception durable
- Renforcer la protection de la nature et de la biodiversité pour améliorer la qualité de l'air, de l'eau et la sécurité alimentaire.
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