Fin décembre entrait en vigueur la réforme de la médecine d’urgence. Parmi ses différentes mesures, elle acte notamment la possibilité pour les infirmiers volontaires de devenir correspondants du Samu. Une nouvelle fonction qui bénéficie désormais de son référentiel. Élaboré par la Société française de médecine d'urgence, l'Association nationale des centres d'enseignement des soins d'urgences, Samu-Urgences de France, l'Association des médecins correspondants de Samu en France et les unions régionales des professionnels de santé infirmiers Grand-Est et Occitanie, il vient expliciter les missions des infirmiers qui souhaitent s’inscrire dans le dispositif ainsi que les conditions qu’ils doivent remplir.
L’infirmier correspondant du Samu (ICS) est un infirmier de premier recours volontaire, formé et équipé pour répondre à l’urgence.
L’infirmier correspondant du Samu (ICS) est « un relais paramédical, effecteur compétent des Samu », définit le texte, qui prévient : « il ne s'agit pas d'un "statut" ni d'un mode d'exercice en tant que tel mais d'une fonction complémentaire. » L’ICS conserve donc ses fonctions, missions et modes d’exercice habituels. L’objectif de cette évolution étant que les interventions de ces professionnels, tout comme celles de leurs homologues médecins (MCS), puissent constituer « un gain de temps pour une prise en charge précoce et optimale du patient. »
Une activité en étroite collaboration avec les médecins
Dans la pratique, l’ICS est « un infirmier de premier recours volontaire, formé et équipé pour répondre à l’urgence », qui intervient à la demande de la régulation du Samu ou d’un service d’accès aux soins (SAS), en amont d’un SMUR médicalisé ou paramédicalisé. N’ayant pas vocation à remplacer le médecin correspondant du Samu (MCS), il travaille en collaboration avec lui, s’il est présent, et avec le médecin régulateur « dans des territoires où le délai d’accès à des soins urgents est supérieur à trente minutes d’un SMUR terrestre ». Sur les secteurs identifiés par les Agences régionales de santé (ARS) comme étant à plus de 30 minutes d’un SMUR, les infirmiers pourront choisir de s’inscrire sur un tableau d’astreinte.
Établir un premier bilan paramédical du patient pour le médecin régulateur
Lors de son intervention, l’ICS est chargé d’établir un premier bilan paramédical du patient pour le médecin régulateur. « Le médecin régulateur peut l’accompagner dans l’évaluation et la prise en charge de celui-ci », précise le référentiel. L’ICS demeure d’ailleurs sous la supervision du médecin régulateur, tant qu’il n’y a pas de présence médicale (MCS ou SMUR) sur les lieux de l’intervention. « Pour tout déclenchement d’ICS, la mission est tracée dans un Dossier de Régulation Médicale (DRM), l’identifiant de ce dossier (numéro de dossier) lui est transmis simultanément au premier contact téléphonique, ou à défaut, au décours immédiat de l’intervention », ajoute-t-il.
4 jours de formation requis
Cette mission complémentaire repose sur « des compétences acquises et entretenues », poursuit le texte. Aussi, côté formation :
- Les infirmiers volontaires devront justifier d’une formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 2 à jour comme prérequis.
- Ils auront à suivre une formation initiale de 4 jours, organisée pour des groupes de 8 à 10 apprenants. Un stage ou une période d’immersion dans des structures d’urgence ou de Samu-SMUR, d’une durée minimale de 35 heures, est également recommandé(e).
La formation, assurée par une équipe de professionnels possédant une « double compétence de pratique médicale extrahospitalière (médecin, IPA, IADE, IDE) et de pédagogie », déroule plusieurs objectifs pédagogiques : connaître les modalités de déclenchement et les conditions d’exercice des ICS, savoir travailler en autonomie en l’absence d’un médecin SMUR ou d’un MCS, savoir recueillir les éléments anamnestiques, cliniques et paracliniques, adapter la prise en soins en relation avec le médecin régulateur, assurer la surveillance permanente du patient ou encore utiliser les outils de télémédecine (ECG, visio-régulation…). Un certain nombre de prises en charge à maîtriser sont déjà listées :
- Arrêt cardiaque de l’adulte et de l’enfant
- Douleur médicale ou traumatique de l’adulte et de l’enfant
- Hypoglycémie avec trouble de conscience et/ou du comportement de l’adulte et de l’enfant
- Douleur thoracique non traumatique
- Tableau évocateur d’une crise convulsive généralisée
- Trouble de la conscience dans le cadre d’une intoxication
- Dyspnée aigüe
- Hémorragie sévère de l’adulte et de l’enfant
- Anaphylaxie
- Brûlures graves
- Accouchement inopiné
Par la suite, les ICS devront suivre annuellement une formation continue de 14 heures en présentiel (de manière continue ou discontinue), dont « des séances de formation ICS/MCS, pour privilégier le travail commun. »
Le référentiel propose également des modes d’organisation des réseaux de professionnels, à adapter en fonction des territoires. Il prévoit notamment la création de comités de pilotage à l’échelle départementale, composés de représentants du Samu et des SAS, des organisations infirmières (CPTS, URPS…), du réseau des urgences, des ARS, et d’un cadre en charge de la coordination. Ces réseaux auront pour mission de coordonner le dispositif (via un recensement des ICS, la coordination des rémunérations, l’organisation des formations…) et ce sont eux qui recevront les financements et en assureront la gestion, en lien avec les ARS. Ils « doivent bénéficier d'un temps dédié de coordination paramédicale et d'un temps de coordination administrative (chargé de mission, coordination, secrétariat...) », recommande le référentiel. Est également préconisé de nommer un cadre infirmier référent ICS au sein de chaque département, qui se chargera d’assurer la gestion du réseau (participation à la promotion du dispositif, instruction des candidatures, lien avec le Samu pour la mise en place du tableau d’astreinte, mise en place des circuits de réapprovisionnement en médicaments…).
Quid des moyens financiers et matériels ?
Enfin, côté moyens alloués aux interventions, le référentiel décrit un exemple de matériel, dispositifs médicaux et médicaments à mobiliser lors des interventions. S’y retrouvent pêle-mêle garrot et pansements israéliens, robinet 3 voies, kit de sondage urinaire, capteurs SpO2 ou encore seringue d’adrénaline. Le contenu idéal d’un sac d’intervention est également défini, qui doit permettre de « répondre rapidement à des objectifs et des compétences propres aux ICS » et faire l'objet « d'un choix consensuel au sein des réseaux ICS et MCS. » Quant au financement, il sera de la responsabilité des ARS, par l’intermédiaire des caisses primaires de l’Assurance maladie (CPAM), que ce soit pour la rémunération des astreintes et interventions des ICS ou pour l’indemnisation des formations et du matériel.
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