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Le développement psychique : ces périodes qui déterminent la personnalité

Publié le 19/03/2024

Le développement psychique débute dès la plus tendre enfance et détermine la vie adulte. Propre au vécu et à l'histoire de chacun, il suit néanmoins un processus qu'il convient de connaître pour mieux comprendre les tenants et aboutissants. 

Le développement psychique

Crédit photo : Pixabay

Le développement psychique

La personnalité de chacun se développe dès l'enfance et se complexifie au fil du temps.

Le développement psychique normal peut s’appréhender sous la forme de plusieurs stades se succédant les uns aux autres, marqués par des prévalences, des problématiques spécifiques. Ces périodes sont au nombre de six : orale, anale, phallique, œdipienne, période de latence, adolescence. Ces différents stades s’organisent en formant des strates successives.

Des points de fixation peuvent se former dessus, déterminant d’éventuelles régressions.

La fixation constitue un arrêt d’une partie de la personnalité, favorisant un mode de fonctionnement lié au stade en question. La régression apparaît, bien sûr, dans un contexte pathologique, mais également dans un fonctionnement adapté ; elle est, jusqu’à un certain point, structurante et tout à fait utile au mécanisme de défense du Moi. La notion de pulsion, inhérente à la vie psychique, est capitale ; la pulsion est une force, un élan venant des confins du corps et du psychisme. Elle se caractérise par :

  • la  motion pulsionnelle, représentant sa dimension dynamique (force et qualités mobilisatrices) ;
  • la  source pulsionnelle, indiquant l’endroit d’où part l’excitation ;
  • le but pulsionnel, c'est-à-dire la satisfaction, ou l’apaisement de la tension activée à la source ;
  • l’objet pulsionnel, dans lequel, par lequel la pulsion se satisfait.

Freud propose deux théories sur cette notion. La première oppose les pulsions sexuelles aux pulsions d’autoconservation (impliquant les concepts d’étayage et de pulsions partielles). La deuxième opposant les pulsions de vie (Eros) et les pulsions de mort (Thanatos). Les pulsions de vie étant alimentées par les pulsions sexuelles (la libido) et par les instincts vitaux de conservation, liés à notre nature animale. Par la suite, la satisfaction de désirs moins essentiels vient grossir le réservoir pulsionnel ; la frontière entre nécessite vitale et recherche du plaisir devenant plus ou moins floue.

Par ailleurs, la notion d’organisateur vient compléter celle des stades. Ce concept illustre le fait que la personnalité s’organise en conservant des acquis, quelques soient les régressions ultérieures. Dans cette optique, on peut noter trois organisateurs de la petite enfance :

  • Le sourire, à partir de trois mois ;
  • L’angoisse de l’étranger, vers le huitième mois ;
  • Le « non », à la fin de la deuxième année.

Le développement affectif normal est donc formé d’une succession de prévalences pouvant être abordées de deux manières différentes : du point de vue du développement psycho-sexuel ou par le biais de la relation d’objet (voir « les stades de l’enfance »).

Points de vue topique, économique et dynamique

Ces points de vue forment une approche métapsychologique recouvrant les différents aspects théoriques de la psychanalyse. Ce modèle psychodynamique du fonctionnement de la personnalité est le plus pertinent, même si ce fonctionnement peut être décrit à l’aide des modèles comportementaux ou cognitifs. L’appareil psychique peut donc s’appréhender grâce à trois outils complémentaires : le point de vue topique, le point de vue économique et le point de vue dynamique.

Le point de vue topique

Il considère le psychisme comme un assemblage de plusieurs instances, reliées entre elles, en recherchent perpétuelle d’équilibre. Nous sommes dans une métaphorisation spatiale.

La première topique proposée par Freud différencie trois instances :

  • L’inconscient (le refoulé), partie archaïque proche de la source pulsionnelle, situé aux confins somato-psychiques, où se situe le principe de plaisir et marqué par un processus primaire.
  • Le préconscient, situé entre le conscient et l’inconscient, est relié à ce dernier par un mécanisme de censure filtrant la source pulsionnelle. Nous accédons au  principe de réalité régi par un processus secondaire. Cette instance intermédiaire est « l’appareil à penser les pensées ».

Le conscient, lié au système perceptif, reçoit les informations extérieures, perçoit le plaisir et la souffrance mais n’en garde pas la trace.

A l’origine, tout était çà.
(Freud)

La deuxième topique distingue également trois instances :

  1. Le Çà (régi par le principe de plaisir) contient le réservoir pulsionnel formés d’éléments inconscients innés ou acquis (conscients puis refoulés). La pensée fonctionne selon un processus primaire d’énergie libre (voir plus loin, les mécanismes de défense).
  2. Le Moi (régi par le principe de réalité) est le pôle  fonctionnel et défensif de la personnalité. Il assure le rôle, difficile, de médiateur entre les pulsions du Çà, les contraintes du monde extérieur et les exigences du Surmoi. Le Moi s’exerce à une synthèse selon un processus secondaire où l’énergie est liée.
  3. Le Surmoi est « l’héritier du complexe d’Œdipe », suite à une identification aux images parentales et une adhésion aux principes éducatifs. Régi par le principe de constance, il assure le rôle de conscience morale attachée à la culpabilité.

Il apprécie également la distance entre le Moi et l’Idéal du Moi, où se joue le sentiment de honte ou d’infériorité. L’Idéal du Moi étant le modèle auquel le sujet cherche à se conformer, par identification aux parents idéalisés.

Le point de vue économique

Le point de vue économique du psychisme distingue les processus primaires et secondaires. Le fonctionnement en processus primaires est spécifique à l’inconscient, mais il peut également envahir le conscient ; le psychisme est soumis à l’affect et recherche ainsi la satisfaction immédiate du désir. Ce désir impérieux lui fera utiliser des représentations illogiques, comme la condensation ou la projection  (voir « les mécanismes de défense »), d’autant plus que l’énergie n’est pas liée et se déplace facilement. Deux voies de décharges sont alors possibles :

  • Le surinvestissement fantasmatique où la perception est hallucinatoire (rêve, délire) ;
  • La voie motrice ou végétative (troubles psychosomatiques, stéréotypies, passages à l’acte…).

Le fonctionnement en processus secondaires donne des représentations stables à l’affect. La pensée est logique ; elle ne nourrit pas l’intensité affective, émotionnelle, de ces représentations, mais articule, met en lien ces dernières avec les affects.  Nous sommes dans l’attente, le compromis avec la réalité, grâce à des mécanismes de défenses souples, adaptés. Le point de vue dynamique

Il tient compte des poussées contraires illustrées par l’opposition désir-interdit. L’inconscient, les processus primaires, forment une poussée permanente cherchant une satisfaction immédiate. Le rôle du Moi est de gérer cette énergie, de trouver un compromis avec la réalité et l’exigence des autres instances (Surmoi, Idéal du Moi).

Mais l’inconscient n’est jamais au repos ; afin d’éviter le retour à la conscience d’une représentation pulsionnelle dangereuse, le Moi utilise plusieurs réponses :

  • Le contre-investissement (qui sous-tend, d’ailleurs, la plupart des mécanismes de défenses). Le Moi investit de cette manière des attitudes, des représentations, faisant obstacle aux pulsions inconscientes. Un obsessionnel (personnalité névrotique) mettra ainsi en échec ses pulsions de type anal avec des rituels de propretés particulièrement élaborés.
  • Le retour du refoulé est le deuxième type de réponse du Moi. Il s’agit d’une émergence partielle de l’inconscient, filtré par les mécanismes de défenses. Il regroupe différents phénomènes :
    1. Le transfert : le  désir  inconscient  se  fixe sur un objet dans le cadre d’une relation analytique.
    2. Le rêve : il préserve le sommeil  de l’excitation liée aux pulsions en donnant une satisfaction hallucinatoire.
    3. Le  retour  du  refoulé  au  quotidien  (actes manqués, lapsus, oublis).
    4. Le symptôme,  sous  une forme pathologique.  Il signe un compromis entre la satisfaction d’un désir inconscient et les interdits freinant sa libre expression.

 

 

 
Didier Morisot

Source : infirmiers.com