"La souffrance est une notion en partie subjective ; son ressenti, son vécu, dépend de différents paramètres".
La souffrance psychique
Freud compare la structure de notre personnalité avec celle d’un minéral tombant à terre ; il se brise selon des lignes de force (ou lignes de clivage) dont la résistance, les caractéristiques, sont préétablies de façon stable pour chaque cas particulier. En l’absence d’un choc, ou d’une étude avec un appareil d’optique approprié, ces lignes de clivage sont indétectables. La situation est identique pour notre propre structure interne ; le Moi une fois organisé, les éléments métapsychologiques profonds forment un ensemble définitif. Dès lors, on ne peut passer d’une structuration névrotique à une structuration psychotique (ou inversement) ; nos décompensations éventuelles nous entraîneront dans des pathologies bien spécifiques.
Freud compare la structure de notre personnalité avec celle d’un minéral tombant à terre ; il se brise selon des lignes de force (ou lignes de clivage) dont la résistance, les caractéristiques, sont préétablies de façon stable pour chaque cas particulier.
La notion de Divided-line s’applique à une frontière
séparant les régressions névrotiques et psychotiques ; elle est située au niveau pulsionnel, entre la phase sadique anale expulsive et la phase masochique anale rétentive. Si l’on veut poser le diagnostic structurel d’une personnalité, on doit s’attacher à définir
- Le type de relation à l’objet
- La nature de l’angoisse (abandon, castration…)
- Les principaux mécanismes de défenses
- La nature du conflit (entre le Surmoi et le Çà, par exemple)
- Le niveau de régression du Moi et de la libido
La souffrance est une notion en partie subjective ; son ressenti, son vécu, dépend de différents paramètres ; l’irruption de la maladie à un moment particulier de l’histoire du patient, la personnalité du sujet, l’environnement où elle se situe…
Evaluation de la souffrance
La notion de souffrance psychique renvoie indirectement à celle de la normalité ; l’évaluation de cette dernière pouvant se faire selon deux critères :
- La norme sociale : éminemment subjective, en fonction de l’époque, de l’environnement culturel, économique, religieux…, la norme sociale correspond au « politiquement correct ». Il s’agit en fait d’adopter le comportement du plus grand nombre (règles de politesse, éducation des enfants, comportements professionnels spécifiques…) Juger de l’équilibre d’un individu selon ce seul critère risque de conduire à l’arbitraire, mais ignorer ces codes sociaux renvoie à une certaine marginalisation.
- Le fonctionnement intérieur : ce critère peut s’apprécier en utilisant les besoins fondamentaux, connus par tout étudiant infirmier. Il s’agit de voir si la personne :
- vit en accord avec elle-même (identité, valeurs, confiance et estime de soi) ;
- se développe et augmente ses connaissances (intérêt envers soi et les autres, motivation, connaître ses limites et vouloir les dépasser) ;
- trouve un équilibre entre elle-même et la réalité (donner un sens à son existence, gérer le stress) ;
- communique avec le monde extérieur (relations affective, sociales, sexuelles…capacité à se détendre, à travailler) ;
- devient et reste indépendante (satisfaire ses besoins et les assumer).
La souffrance est une notion en partie subjective ; son ressenti, son vécu, dépend de différents paramètres ; l’irruption de la maladie à un moment particulier de l’histoire du patient, la personnalité du sujet, l’environnement où elle se situe…
De par la nécessité de s’adapter à ce nouvel état en trouvant un compromis, la maladie apporte des bénéfices primaires. Elle s’accompagne également de bénéfices secondaires liés aux réactions de l’entourage, à son influence sur le caractère de la personne et à la considération sociale éventuellement accordée. La souffrance s’exprime par la plainte, de nature somato-psychique, qui est un langage cherchant un interlocuteur. Elle peut prendre aussi la forme d’une complainte, révélant une souffrance plus diffuse.
Ceci dit, la souffrance psychique est, bien évidemment, une réalité incontournable de la nature humaine ; elle renvoie chacun de nous à ses propres limites et aux contraintes de la vie quotidienne. Elle nous rappelle la souffrance originaire, dépressive, située entre le stade anal et le stade oral, liée à notre rapport à l’ambivalence, à l’altérité, à notre toute–puissance… Il est donc tout à fait naturel de la ressentir en cas de maladie ; celle-ci provoque en effet, en chacun de nous, une effraction réveillant nos différentes angoisses (abandon, mort, castration…). Notre psychisme réagit donc, afin de ne pas être débordé par cette angoisse, en utilisant des mécanismes de défenses plus ou moins adaptés.
Didier MORISOTInfirmier, auteur
didier.morisot@laposte.net
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