Les infirmiers libéraux attendent beaucoup du Gouvernement et notamment de nombreuses réponses qui viendraient les rassurer sur leur place à tenir - pourtant incontournable - dans le système de santé français. Aujourd'hui malmenés, "concurrencés" par les pharmaciens d'officine, ignorés dans leurs doléances par l'Assurance Maladie, la grogne est plus que jamais de circonstance. La Fédération nationale des infirmiers libéraux, l'un des trois syndicats représentatifs des quelque 120 000 IDEL, adresse une "Lettre ouverte aux Parlementaires" et menace d'une mobilisation générale qui pourrait prendre la forme d'une grève des soins non programmés si des réponses concrètes ne leur étaient pas apportées.
Emmanuel Macron, Président de la République, va annoncer courant septembre d'importantes mesures de transformation de notre système de santé. Les professionnels de santé libéraux, et notamment les infirmiers, attendent beaucoup de ces annonces dans un contexte d'exercice tendu
. En effet, les négociations conventionnelles entamées il y a plus d'un an avec l'Assurance maladie par les trois syndicats représentatifs d'IDEL ont échoué en juillet dernier. Le SNIIL
, Convergence Infirmière et la FNI l'ont fait savoir chacun à leur tour, dénonçant une enveloppe budgétaire totalement déconnectée des enjeux liés au virage ambulatoire psalmodié par les tutelles
.
De plus, souligne la FNI, la proposition d’étalement de l’entrée en application des mesures consenties jusqu’en 2021, après plus d’une année de travaux conventionnels, confirme que le Directeur Général de l'UNCAM ne mise pas réellement sur l’implication des infirmiers libéraux pour favoriser ce virage ambulatoire
. Et de rajouter que depuis deux ans, les syndicats représentatifs en collaboration avec les services de l'Assurance Maladie ont pourtant réalisé un impressionnant travail technique qui aurait pu permettre d’aboutir à un accord sur tous les sujets au coeur de ces négociations : actualisation du zonage infirmier, élaboration du bilan de soins infirmiers pour les personnes âgées en perte d'autonomie, observance médicamenteuse et réduction de la iatrogénie, chirurgie ambulatoire et retour précoce après chirurgie, amélioration de la prise en charge des plaies chroniques, soins aux enfants de moins de 7 ans, chimiothérapie orale à domicile, prise en charge des patients psychiatriques à domicile...
C’est pour mettre l’Assurance-maladie face à ses incohérences que la FNI a quitté la table des négociations, entraînant avec elle les autres syndicats infirmiers. Les IDEL n’ont pas à faire les frais de la politique du médicament qui a mis les pharmacies dans le rouge. Et ce n’est pas parce que les pharmaciens sont dans le rouge que leur redressement doit se faire en ponctionnant le budget des infirmiers.
Pour les syndicats, il est clair que l'avenir du système de santé ne peut se construire qu'avec le réseau des infirmiers libéraux bien répartis sur le territoire, pour peu que l'Assurance Maladie consente à investir dans les évolutions et l'actualisation de notre convention nationale et de la nomenclature des actes à la hauteur des efforts qu'elle a consentis envers les autres professions, notamment les médecins généralistes, les pharmaciens et fin juin les chirurgiens-dentistes
. D'un commun accord, rappelons que les trois syndicats ont interpellé le Premier ministre Edouard Philippe le 17 juillet dernier afin de solliciter son arbitrage ; un courrier resté à ce jour sans réponse.
Extraits de la Lettre ouverte aux Parlementaires
L'avenir du système de santé ne peut se construire qu'avec le réseau des infirmiers libéraux bien répartis sur le territoire.
Faut-il rappeler que les 120 000 infirmiers libéraux constituent en France la première offre de soins de ville et qu'ils sont des acteurs incontournables du virage ambulatoire psalmodié par les tutelles ?
Faut-il rappeler qu'ils réalisent en moyenne plus de deux millions d'actes journaliers ?
Quelle profession de santé en France offre encore un réel accès aux soins non programmés ?
Qui est présent quotidiennement auprès des patients à leur domicile dans un contexte inquiétant de désertification médicale ?
Qui demain permettra le développement de la télémédecine en l'absence de médecins généralistes disponibles ?
La FNI, à la veille de la rentrée parlementaire et au moment où les travaux sur le PLFSS 2019 sont engagés, adresse en cette fin du mois d'aôut une "Lettre ouverte aux parlementaires", députés et sénateurs, les priant d’exercer les pressions nécessaires sur le Gouvernement afin de débloquer cette situation. Et la FNI de menacer : à défaut de réponse du Gouvernement, il n'est pas exclu d’appeler à une mobilisation générale pouvant prendre la forme d’une grève des soins non programmés
.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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