Sur son blog "C'est l'infirmière - Brèves et chroniques d'une infirmière rurale !", Charline, infirmière libérale nous raconte son quotidien d'infirmière de campagne, entre claquements de portières et sonnettes de portes. Dans son livre "Bonjour, c'est l'infirmière !" qui paraît le 20 septembre prochain aux Editions Flammarion, Charline nous entraîne dans son quotidien de soignante avec comme ligne de conduite : panser l'impensable, penser l'impossible. Et croire à l'incroyable pour que tout reste possible
. Un récit riche d'une belle humanité au service d'un métier tourné vers ce que les infirmiers ont de plus cher : la santé de leurs patients.
Le résumé présenté en 4e de couverture de l'ouvrage de Charline "Bonjour, c'est l'infirmière !" nous guide déjà vers l'essentiel du récit. "Chaque matin, Charline réveille sa voiture et sa motivation pour se rendre chez ses patients. Elle a ses chouchous, comme ce couple de vieux qui se chamaille avec la tendresse d’un vieux couple, et il y a aussi des patients difficiles, comme cet homme alcoolique et violent face à qui elle s’est sentie si vulnérable. À chacun, elle prodigue ses soins et un peu plus. Un peu plus, c’est un cœur attentif, qui écoute sans compter son temps, même si ce n’est pas remboursé par la sécurité sociale. Voilà ce qui rend ce métier si exposé, si dur parfois, et surtout si précieux".
Le paradoxe des soins, c'est un ticket en première pour l'ascenseur émotionnel...
L'ouvrage se construit sur une temporalité précise : du samedi au vendredi, une semaine de "roulement", histoire de s'imprégner au mieux du quotidien de cette infirmière libérale qui défend son métier au travers des prises en charge souvent complexes de ses patients à domicile. Nous franchissons avec elle les portes de ces maisons habitées par la maladie, la solitude, mais aussi la joie, l’espérance, l’humour et, comme tous les IDEL le savent, toutes sortes d’animaux ! Il y a certes de la technique, mais aussi beaucoup de tendresse et d'humanité car à domicile, l'intime est là, souvent au premier plan.
Charline l'écrit très bien : infirmière libérale en zone rurale, c'est aussi ça : passer du coq à l'âne, ou plutôt des bambins aux vieillards, sans oublier les femmes enceintes. Des aiguilles, des pinces et mes mains pour prendre soin de tous ces gens, là où j'ai posé ma plaque il y a quelques années. Mon job, c'est de gérer les extrêmes de la vie en passant d'une maison à l'autre, d'un corps à l'autre, d'une veine à l'autre avec le peu de temps que m'offre la route pour déconnecter et me recentrer sur le prochain soin, tout en tournant la page sur celui que je viens de quitter
.
Cet ascenseur émotionnel
décrit précédemment, Charline l'éprouve au quotidien, parfois avec violence face à des échecs thérapeutiques inéluctables. Alors ça sert à rien ce que vous faites ? ça sert à quoi de la soigner si vous n'êtes pas capable de la guérir, hein ? ! Dans le silence où se calfeutrait cette maison d'où la vie semblait s'enfuir, on ne percevait plus que le souffle saccadé de cet époux qui perdait pied. Et je me retrouvais en face, seule témoin, seule professionnelle de santé à entendre sa peine et sa colère. (...) Vous lui faites des piqûres, ça sett à quoi maintenant, hein ?! Elle n'a pas besoin de soins, elle a besoin de guérir !
Elle dégageait ce petit truc qui me faisait penser quelquefois que je vais bien m'entendre avec quelqu'un. C'est instinctif...
Il y a aussi les vertiges, ceux qui font mal, à l'heure où un appel téléphonique informe d'une mauvaise nouvelle : une prise en soins qui finit trop tôt, trop mal par une phrase lapidaire : "Elle est morte". La claque que je venais de prendre m'a plaquée contre le mur. Je l'écoutais [la fille d'une patiente] se démener avec ses mots, maladroits, entrecoupés de sanglots, que je lui avais demandé de répéter parce que j'étais trop pressée, trop agacée pour tendre l'oreille la première fois. Je me suis sentie tellement con. Des mots, moi, j'en avais plus... "Elle est morte", elle que j'aurais tellement, vraiment, voulu revoir une dernière fois
.
L'infirmière diplômée d'Etat Libérale, ne gagne qu'une "L" en se mettant en son compte et qu'avec ça, on vole de façon un peu bancale...
Les souvenirs de Charline en attestent : être infirmière libérale ne se résume pas au seul métier des soins à autrui. ça m'a rappelé la patiente chez qui je m'étais déplacée et qui voulait profiter de sa prise de sang trimestrielle pour que je retire les fils de son chien fraîchement opéré. ça m'a aussi rappelé les ampoules grillées qu'on me demandait de changer, le courrier qu'on me demandait d'aller chercher, les fleurs sèches qu'il aurait fallu arroser, les horloges qu'il faudrait avancer ou retarder deux fosi par an parce que le bras est trop court et les aiguilles bien trop hautes, les plats refroidis qui seraient bien meilleurs s'ils étaient réchauffés et le journal du jour que ce serait sympa d'aller acheter...
Tu le savais, toi, que ce petit sentiment de mal soigner, je l'avais là, bien ancré au milieu du plexus ? Moi qui penser m'en être débarrassée en quittant les services hospitaliers...
Les récits de Charline sont des pépites, des pépites de vie et de drames, des pépites d'humour et d'amour. Si le désenchantement n'est parfois jamais loin, son écriture lumineuse et profondément humaine nous restitue un coeur de métier où les coups de coeurs côtoient les bleus à l'âme. Son récit est aussi un cri d'alarme sur un métier si précieux dont nul ne peut aujourd'hui se passer.
Rappelons que sur son blog "C'est l'infirmière - Brèves et chroniques d'une infirmière rurale !", Charline, nous raconte son quotidien d'infirmière de campagne, entre claquements de portières et sonnettes de portes. Parce que parfois j’ai envie de partager mes coups de gueule, mes bonheurs, mes rencontres, ces tranches de vie, ces tronches de gens : toutes ces personnes et ces humeurs qui nourrissent mes tournées et mes journées
explique-t-elle. Sur infirmiers.com, nous relayons régulièrement ses histoires
pleine de tendresse et d'empathie envers ses patients ; des histoires simples, reflets du quotidien, qui se transforment souvent en billets d'humeur car Charline est particulièrement engagée pour sa profession et pour sa valorisation au jour le jour. En juin 2016, Charline apparaissait à visage découvert, magnifiée dans l'émission "Dans les yeux d'Olivier" consacrée aux infirmières
au travers d'un portrait particulièrement habité. Suite à cette expérience médiatique, elle disait ceci
: le tournage a duré trois jours. Trois jours durant lesquels j'ai pu montrer mes patients, mes gens, mes soins et tout ce qui compose ma tournée. L'équipe de tournage a été amusé de rencontrer mes patients, émue par certaines prises en charge et je pense que chacun a compris l'essence même de mon travail d'infirmière libérale, ce pour quoi je me lève et démarre ma voiture tous les matins. Finalement, après un gros stress avant l'arrivée d'Olivier, j'ai rapidement pris mes marques avec tout ce petit monde dans ma voiture, et j'ai adoré les avoir à mes côtés durant ces trois jours inoubliables. Pouvoir montrer mon travail a été une expérience incroyable, je ne les remercierai jamais assez pour ça
.
Chacun, qu'il soit professionnel du soin à domicile ou non, lira avec bonheur les récits de Charline. "Tous mes patients ont une histoire" nous rappelle-t-elle dans son livre. Son sens du récit nous bouleverse et nous touche en plein coeur.
- Bonjour, c'est l'infirmière ! "Tous mes patients ont une histoire", Charline, Editions Flammarion, septembre 2017,16 €.
- Retrouvez Charline et ses histoires sur son blog C'est l'infirmière ! Brèves et chroniques d'une infirmière rurale
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Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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