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Plan Canicule 2018 : comment protéger les personnes âgées ?

Publié le 17/07/2018
chapeau de paille

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Plan bleu canicule

Plan bleu canicule

Canicules, fortes chaleurs, les réflexes

Canicules, fortes chaleurs, les réflexes

C’est la canicule exceptionnelle de 2003 qui a tout déclenché. En France, l’épisode a entraîné une surmortalité estimée à 15 000 décès, précise le ministère des Solidarités et de la Santé. L’année suivante est alors mis en place le Plan National Canicule qui comporte quatre niveaux d’intervention, veille saisonnière, avertissement chaleur, alerte canicule et mobilisation maximale. Révisé chaque année, pour l'année 2018, il est opérationnel du 1er juin au 15 septembre et susceptible d’être prolongé en cas de conditions météorologiques particulières. Les personnes âgées, plus exposées, font l’objet d’une surveillance toute particulière. Santé Publique France renouvelle ses recommandations pour 2018.

Les personnes âgées représentent une population à risque en cas de forte chaleur. Leur organisme est moins adapté à la chaleur que celui d’adultes en pleine santé.

Plus jamais ça. Après l’épisode caniculaire de 2003 et les 15 000 décès qu’il a engendrés, le Plan National Canicule (PNC) a été mis en place pour anticiper l’arrivée d’une canicule et définir les actions à mettre en œuvre aux niveaux local et national pour prévenir les effets sanitaires de la chaleur, en portant une attention particulière aux populations spécifiques identifiées. Des conseils sont aussi prodigués aux soignants pour les aider à réagir en conséquence

L’historique des vagues de chaleur depuis 2003 montre une modification dans la
survenue, l’intensité et l’extension de ces phénomènes. Ces trois dernières années se distinguent notamment par des épisodes précoces ou tardifs avec des vagues de chaleur de début juin à mi-septembre. Dans ces conditions la période de veille saisonnière précisée dans le PNC 2018* (PNC 2017 reconduit) est étendue du 1er juin au 15 septembre 2018.

Pour rappel, l'épisode caniculaire du 17 au 27 juin 2017 a causé la mort de 580 personnes, selon des chiffres publiés par Santé publique France : une hausse de l'ordre de 6% du nombre de décès, toutes causes confondues, a été observée, toutes tranches d'âge confondues, au niveau national.

Des travaux d’évolution du plan sont en cours pour tenir compte des enseignements passés. Un plan revu en conséquence sera mis à disposition avant fin 2018 pour une mise en œuvre dès l’été 2019.

La période de veille saisonnière précisée dans le PNC 2018 (PNC 2017 reconduit) est étendue du 1er juin au 15 septembre 2018.

Les types d’épisodes de chaleur auxquels nous pouvons être confrontés

Ces épisodes sont regroupés sous le terme générique « vague de chaleur » qui désigne une période au cours de laquelle les températures peuvent entraîner un risque sanitaire au sein de la population. Cette expression générique est cohérente avec les appellations utilisées au niveau
international. Elle recouvre les situations suivantes :

  • Pic de chaleur : exposition de courte durée (un ou deux jours) à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine, pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de l’activité physique ; il peut être
    associé au niveau de vigilance météorologique jaune ;
  • Episode persistant de chaleur : températures élevées qui perdurent dans le temps (supérieure à trois jours) pour lesquels les IBM sont proches ou en dessous des seuils départementaux ; ces situations constituant un danger pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de l’activité physique ; il peut être associé au niveau de vigilance météorologique jaune ;
  • Canicule : période de chaleur intense pour laquelle les IBM dépassent les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et susceptible de constituer un risque pour l’ensemble de la population exposée, elle est associée au niveau de vigilance
    météorologique orange ;
  • Canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son étendue géographique, à fort impact sanitaire, avec apparition d’effets collatéraux ; elle est associée au niveau de vigilance météorologique rouge.

Pour chacune de ces situations, les préfets mettront en œuvre des mesures de gestion adaptées et appropriées aux caractéristiques de l’épisode (notamment à son intensité et sa durée) pour protéger les populations, notamment les plus vulnérables.

Les personnes âgées, en première ligne

Les personnes âgées représentent une population à risque en cas de forte chaleur. Leur organisme est moins adapté à la chaleur que celui d’adultes en pleine santé. En plus de la fragilité liée aux maladies chroniques, à la perte d’autonomie et aux médicaments, la personne âgée présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur, rappelle en effet Santé Publique France, qui voit plusieurs facteurs de risque : la réduction de la perception de la chaleur, des capacités de transpiration, de la sensation de soif et de la capacité de vasodilatation du système capillaire périphérique, ce qui limite la possibilité d’augmentation du débit sudoral en réponse à la chaleur. En d’autres termes, les seniors ont tendance à moins transpirer et donc, à beaucoup lutter pour garder une température constante. A cela s’ajoute souvent une fonction rénale altérée, qui nécessite une vigilance particulière pour maintenir un équilibre hydro-électrolytique correct (C’est-à-dire l'équilibre qui règne dans l'organisme entre l'eau et les électrolytes). Contrairement au cas d’une personne adulte en bonne santé, chez la personne âgée, le nombre de glandes sudoripares est diminué, du fait de l’âge. En cas de vague de chaleur (diurne et nocturne), ces glandes sont stimulées en permanence. Au bout de quelques jours, elles s’épuisent et la production de sueur chute. La température corporelle centrale augmente, du fait, essentiellement, d’une réduction des capacités de thermolyse par évaporation. Ce phénomène est accentué par le fait que l’énergie demandée est alors importante et dépasse les capacités d’une personne âgée, souvent malade... Alors, on ne le rappelera jamais assez : il faut boire régulièrement. Voici la petite astuce dont nous a fait part une internaute : Les médias nous rappellent que beaucoup de gens personnes âgées oublient de boire. Je pense qu'il est possible de parer à cette difficulté. Il suffit d'habituer ces personnes à programmer la sonnerie d'un petit minuteur, que l'on trouve dans la plupart des cuisines, toutes les heures. Cela sonne : on boit un verre d'eau et on reprogramme le minuteur.

Petit mémo des signes d’alerte chez la personne âgée

  • Modification du comportement habituel, grande faiblesse, grande fatigue, difficulté inhabituelle à se déplacer.
  • Céphalées, étourdissements, vertiges, troubles de la conscience, voire convulsions.
  • Nausées, vomissements, diarrhée, soif.
  • Crampes musculaires.
  • Température corporelle élevée (supérieure à 38,5°C).
  • Agitation nocturne inhabituelle.

En plus de la fragilité liée aux maladies chroniques, la personne âgée présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur.

Ehpad : quelles obligations réglementaires ?

Les établissements médico-sociaux peuvent être confrontés à des événements inhabituels ou graves, dont font partie les épisodes caniculaires. Il leur importe alors de garantir la continuité et la qualité des prises en charge. C'est ce qu'on appelle le Plan Bleu, qui détaille les modalités d’organisation à mettre en œuvre en cas de crise sanitaire ou météorologique, en application du décret n° 2005-768 du 7 juillet 2005. Le plan bleu est déclenché par le directeur d’établissement ou par le préfet. L’Ehpad doit pouvoir anticiper et faire face aux fortes chaleurs. Cela passe par :

  • une convention conclue avec un établissement de santé proche fixant les modalités de coopération et d’échanges sur les bonnes pratiques concourant à prévenir les effets d’une vague de chaleur sur la santé et à éviter des hospitalisations
  • la désignation d’un référent, directeur ou médecin coordonnateur, responsable en situation de crise
  • un protocole d’information des résidents et de la famille de l’activation du plan bleu
  • les recommandations de bonnes pratiques préventives en cas de canicule à destination des personnels
  • un protocole sur les modalités d’organisation de l’établissement en cas de déclenchement du plan d’alerte et d’urgence. 

La pièce rafraichie : les EHPAD ont également l’obligation d’avoir au moins une pièce climatisée dans la structure : cette pièce est bien souvent la salle d’animation. Les résidents y sont régulièrement conduits lors de pics de chaleur afin de s’y rafraîchir. Cependant, de nombreux établissements ont également recours à des climatiseurs mobiles pour rafraîchir les chambres.

Le dossier de liaison d’urgence : l’établissement doit enfin mettre en place le dossier de liaison d’urgence (DLU) pour chaque résident. Celui-ci permet de faciliter l’intervention d’un médecin extérieur à l’établissement, notamment en cas de besoin de prise en charge médicale urgente, en lui mettant à disposition les éléments sociodémographiques, l’évaluation médicale et des soins du résident. Le médecin coordonnateur veille à la mise à jour régulière du DLU par le médecin traitant de la personne hébergée.

Chez la personne âgée, le nombre de glandes sudoripares est diminué en raison de l’âge. En cas de vague de chaleur, ces glandes sont stimulées en permanence. Au bout de quelques jours, elles s’épuisent et la production de sueur chute.

Quelles sont les bonnes pratiques à tenir ?

Dans les Ehpad, des actions très concrètes peuvent être mises en place pour protéger les personnes âgées et éviter leur exposition à la chaleur, précise le site www.maisons-de-retraite.fr. Parmi les aménagements matériels les plus fréquemment recommandés lors de températures excessives, on compte notamment l’abaissement des volets voire la pose de draps régulièrement humidifiés aux fenêtres, la création de courants d’air, l’utilisation de ventilateurs ou d’autres systèmes de climatisation, la mise en place de pièces réfrigérées. Parmi les actions menées pour les patients, on peut également citer :

  • La traçabilité des consommations d’eau : il est conseillé aux établissements de distribuer, dans chaque chambre, des bouteilles d’eau pour suivre la consommation d’eau de chaque résident. Le recours à des bouteilles, en lieu et place de carafe, permet un meilleur suivi de la consommation. Les bouteilles doivent régulièrement renouvelées pour conserver une température fraîche. Les établissements peuvent également avoir recours à des sirops colorés pour que chaque résident identifie son verre d’eau, ce qui permet ainsi d’avoir un suivi individualisé de la consommation d’eau de chacun. Des collations, avec des jus de fruit, peuvent être proposées à intervalle régulier, pour inciter les personnes âgées à boire régulièrement dans la journée. Par ailleurs, tout le personnel, et notamment le personnel soignant et le personnel de restauration, est sensibilité au risque de déshydratation des personnes âgées et doit inviter les personnes âgées à boire de l’eau.
  • L’adaptation des menus : les cuisiniers, avec le conseil de diététiciens et médecins, sont encouragés à adapter les menus : les plats frais et légers (salades, poissons et viandes froides, desserts frais ou glacés…) sont privilégiés en période de forte chaleur.
  • Le rafraîchissement des corps Les personnes âgées sont habillés avec des vêtements plus légers : chemisettes, chemisiers à manche courte, robe d’été, pantalons courts…. Des brumisateurs sont mis à disposition et des linges humides sont appliqués sur le visage et les jambes des personnes âgées pour les rafraîchir. Le personnel soignant privilégie l’eau tiède lors des toilettes.
  • Les protocoles de soins : la température corporelle des personnes âgées peut être régulièrement vérifiée. En fonction du traitement de chaque personne âgée, il peut être procédé à la vérification de la compatibilité des traitements médicamenteux et à leur adaptation en cas de besoin. La déshydratation peut en effet augmenter les effets secondaires néfastes de certains médicaments cardiaques.
  • La sensibilisation des familles : le personnel invite les familles et les proches qui viennent voir les personnes âgées à s’assurer qu’ils s’hydratent bien durant ces visites.

Pour en savoir plus

Susie BOURQUINJournaliste Infirmiers.com susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com