En période estivale, piscine, mer, lac ou rivière sont des lieux idéals pour se baigner ou pratiquer des activités nautiques. Mais quel que soit l'endroit, on recense chaque année de trop nombreuses noyades… En plein été, et alors que les moins de 6 ans payent le plus lourd tribut, notamment dans les piscines privées familiales, Santé Publique France poursuit le déploiement du plan "Aisance Aquatique" pour sensibiliser aux dangers de la baignade.
[Mise à jour le 25 août] Chaque été, les passages aux urgences pour noyades sont observés de très près. Cet été 2020, entre le 1er juin et le 18 août, une baisse de 17% du nombre de passages aux urgences pour cause de noyade (801 cas tout de même) a été relevée par Santé Publique France, comparativement aux années 2018 et 2019 sur la même période (où ils étaient respectivement de 1013 et de 906). Pour autant, ne nous réjouissons pas trop vite, car plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse : la fermeture des piscines publiques et privées payantes (municipales, bases de loisir, parcs d'attractions) et des piscines privées à usage collectif (hôtel, résidences de vacances, camping, clubs de vacances) et les conditions restrictives d'accès de certaines plages ont réduit les baignades et avec elles le risque de noyades ; la baisse de la fréquentation touristique de certaines régions, notamment par les touristes étrangers, a aussi eu un impact sur les baignades. D'après Santé Publique France, les conditions climatiques ont également joué, dans la mesure où elles ont été moins favorables au mois de juin et début juillet 2020 par rapport aux mêmes périodes en 2018 et 2019. A noter tout de même : le pic de chaleur ressenti du 6 au 13 août peut en revanche expliquer la hausse importante du nombre de passages aux urgences (+21%) à ce moment-là (toujours par rapport à la même période en 2018 et 2019). Les enfants âgés de moins de 6 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans restent enfin les plus concernées, représentant respectivement 47 et 12 % des passages aux urgences pour noyades en France.
Le confinement que nous avons connu redouble les envies de bols d'air et de baignades pour ceux qui ont la chance de partir en vacances. Alors que les piscines ne rouvrent que très progressivement sur le territoire et que les périodes de fortes chaleurs se présentent, une hausse des comportements à risque se fait déjà sentir notamment dans les zones de baignade non surveillées et en piscines privées
, souligne Santé Publique France qui place les noyades sous surveillance cet été.
Respectez toujours les interdictions de baignade, et restez dans les zones surveillées. Ne consommez pas d’alcool avant la baignade ou toute activité nautique.
Noyades accidentelles : tous concernés !
En France, quand on parle de noyades accidentelles , les enfants sont souvent les principales victimes. En effet, les moins de 6 ans sont de loin les premières victimes de noyades et plus généralement, chez les moins de 25 ans, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante (AcVC), devant la suffocation, les brûlures et les chutes. De façon générale, la majorité de ces décès a lieu en piscine privée familiale.
La 8e édition de l'enquête Noyades menée au cours de l'été 2018 par Santé Publique France en partenariat avec le ministère des Sports a révélé une augmentation de 30% des noyades accidentelles pour la période 2015-2018 (1649 en 2018 contre 1266 en 2015). L'enquête permet aussi de constater une stabilisation du nombre de noyades accidentelles suivies de décès (406 en 2018 contre 436 en 2015). Les moins de 6 ans ont été deux fois plus victimes de noyades (443 enfants en 2018 contre 226 en 2015)
Quelques chiffres : 44% des noyades surviennent en mer, 22% en lacs, plans d’eau, fleuves, rivières, 20% en piscine familiale, 6% en piscine payante, et 5% en piscine privée à usage collectif (camping, hôtel,…). On constate une hausse de +92% du nombre de décès en piscine privée familiale chez les moins de 6 ans (13 décès en 2015 contre 25 en 2018).
Les noyades accidentelles représentent environ 1000 décès par an. La noyade est la première cause de mortalité chez les moins de 25 ans.
En s'intéressant de plus près à ces accidents de la vie courante, on observe que les adultes de 45 ans et plus ne sont pas moins concernés… En effet, la proportion de noyades accidentelles suivie d’un décès augmente avec l’âge : elle est de 8 % chez les moins de 6 ans contre 36 % chez les 65 ans et plus. En cause bien souvent : les adultes de 45 ans et plus présentent parfois des problèmes de santé qu'ils minimisent. De fait, ils surestiment parfois leurs aptitudes physiques et nagent au loin, au risque de se faire emporter par le courant ou de s'épuiser avant de regagner le bord.
Un enfant peut se noyer sans bruit, en moins de trois minutes, dans vingt centimètres d’eau, alors ne le quittez jamais des yeux.
Comment expliquer le grand nombre de noyades chaque année ?
Chaque année, et particulièrement l'été plus propice aux baignades, de nombreuses personnes se mettent en danger. Il est important de comprendre les causes de ces accidents pour les éviter. Jean-Michel Lapoux, secrétaire général de la Fédération des maîtres-nageurs, a ainsi donné quelques éléments d'explication intéressants à France Info. Le professionnel pointe plusieurs raisons : manque cruel de maîtres-nageurs pour la saison estivale à cause du coût élevé de l'examen, défaut autour de l'apprentissage de la natation (un peu plus d'un Français sur 7 déclare ne pas savoir nager) et surtout manque de vigilance, voire prise de risque, de la part des vacanciers. Tout le monde s'en fiche, des baignades surveillées. Tout le monde se dit que ça n'arrive qu'au voisin
, regrette Jean-Michel Lapoux. Le secrétaire général de la Fédération des maîtres-nageurs recommande la plus grande prudence autour des piscines familiales. Le schéma, c'est presque toujours le même : ce sont des familles qui ont des enfants grands ou sachant nager. Elles invitent des amis qui ont des enfants plus petits, qui eux ne savent pas nager. Les morts, en général, surviennent à ce moment-là. Ou alors, ce sont des gens qui ne surveillent pas
. Même chose pour les piscines de camping ou d'hôtel. Quel que soit le lieu de l’activité nautique (mer, lac, piscine...), un enfant doit toujours être surveillé par un adulte qui en prend la responsabilité. Comme le rappelle l'enquête NOYADES 2018, un enfant peut se noyer sans bruit, en moins de trois minutes, dans vingt centimètres d’eau.
Toutes les régions du monde sont touchées
Sur le plan mondial, selon les derniers chiffres à notre disposition au 15 janvier 2018, la noyade est la troisième cause de décès par traumatisme non intentionnel
et représente 7% de l’ensemble des décès par traumatisme
, souligne un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé. On estime ainsi à 360 000 le nombre annuel de décès par noyade au niveau mondial
. D'après les estimations les enfants, les hommes et les personnes qui sont souvent en contact avec l'eau
sont les plus exposées à ce risque.
Toutes les économies et toutes les régions sans exceptions sont touchées par des décès imputables aux noyades. Toutefois, on enregistre des disparités selon les zones géographiques :
- plus de 90% des décès par noyade non intentionnelle se produisent dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire;
- plus de 50% des noyades enregistrées dans le monde ont lieu dans la Région OMS du Pacifique occidental et la Région OMS de l’Asie du Sud-Est;
- c’est dans la Région africaine de l’OMS que les taux de décès par noyade sont les plus élevés, où ils sont plus de 15 à 20 fois supérieurs à ceux de l'Allemagne ou du Royaume-Uni.
Mise en place du plan "Aisance aquatique"
Au regard des résultats de l'enquête Noyade 2018, le ministère des Sports, en collaboration avec le ministère des Solidarités et de la Santé, a lancé en avril 2019 le plan "Aisance aquatique", qui vise à mieux prévenir les risques de noyades en responsabilisant notamment les parents à l'acquisition des bases du savoir flotter pour leur(s) enfant(s) et ce, dès le plus jeune âge., tout en le(s) sensibilisant aux plaisirs de l'eau. Concrètement, il doit permettre à l'enfant de savoir rentrer dans l'eau sans paniquer, de se déplacer avec la tête immergée sans appui terrestre ou matériel d'aide à la flottaison et à savoir sortir de l'eau.
Des classes bleues
sont ainsi organisées en milieu scolaire pour les enfants de 4 à 6 ans, sous forme de stages, avec 8 séances dans l'eau. Un apprentissage intensif qui doit aider les jeunes enfants à développer une expérience positve de l'eau tout en améliorant leur capacité à savoir réagir en milieu aquatique. Des tutoriels gratuits et ludiques permettent aux parents de familiariser leurs enfants aux bases de l'aisance aquatique.
Baignades : adoptez les bons réflexes...
Avant de vous baigner
- assurez-vous de votre niveau de pratique : pour vous ou vos enfants, apprenez à nager avec un maître-nageur qui saura reconnaître vos aptitudes à évoluer dans l'eau en tout sécurité. Le mieux est de s'initier le plus tôt possible, même s'il n'est jamais trop tard pour apprendre… ;
- baignez-vous dans des zones surveillées : renseignez-vous si la zone de baignade est bien surveillée par une équipe de secours ;
- renseignez-vous sur l'état de la mer et des courants : consultez le bulletin météo ou renseignez-vous auprès des équipes de secours pour connaître les conditions de baignade. Des consignes de sécurité (panneaux, drapeaux) peuvent également vous informer sur les conduites à tenir. En cas de drapeau rouge, ne vous baignez pas et de manière générale, respectez les consignes.
Pendant la baignade
- évitez tout comportement à risque : ne consommez pas d'alcool avant ou pendant la baignade ou une activité nautique, rentrez progressivement dans l'eau… ;
- ne surestimez pas votre forme physique : assurez-vous d'être en forme pour nager et de pouvoir revenir sur la terre ferme (sachezgardez à l'esprit qu'il est plus difficile de nager en milieu naturel);
- informez vos proches lorsque vous allez vous baigner ;
- surveillez constamment vos enfants : restez en permanence avec eux, même dans les lieux de baignade surveillés, le mieux étant de vous baigner ensemble. S'ils ne savent pas nager, équipez-les de brassards (norme CE) adaptés à leur taille, leur poids et leur âge. Méfiez-vous des bouées ou autres objets flottants qui ne protègent pas forcément de la noyade.
Vous l'aurez compris, conscience et vigilance sont de mise cet été, même si cela ne doit pas pour autant vous empêcher de profiter !
Pour en savoir plus…
- « Secourisme - Les réflexes anti-noyade », Infirmiers.com
- « Se baigner sans danger : les bons réflexes » de Santé publique France ;
- « Guide de sécurité des piscines privées », Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer ;
- « Guide des loisirs nautiques en mer », Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer ;
- « Guide des loisirs nautiques en eau douce », Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer;
- « L'aide-mémoire », Organisation Mondiale de la Santé.
- Journées Nationales de Prévention de la Noyade.
Note
- Données issues de l'enquête NOYADES 2018, menée par Santé publique France entre le 1er juin et le 30 septembre 2018 en France (territoire métropolitain et outre-mer).
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?