Le métier d’aide-soignant fait face à une période de pénurie significative. La situation est alarmante, notamment dans les EHPAD. Mais ce manque d’effectifs s’accompagne d’une baisse des vocations pour cette fonction pénible et en manque de reconnaissance et les instituts de formation connaissent des taux de fréquentation de plus en plus faible. Le Ministère semble sensible à cette problématique et a annoncé la création de 20 000 postes de ces professionnels indispensables à la chaine du soin.
Le nombre de candidats aide soignants se présentant au concours d’admission en Institut de Formation d’Aide-Soignant diminue de manière continue depuis environ cinq ans. Certains IFAS voient même cette année le nombre de candidats inférieur aux places disponibles.
Une pénurie qui touche en particulier les EHPAD
Au-delà des conséquences pour ces instituts de formation (coupe budgétaire, suppression de poste(s), réadaptation de la formation, etc.), il est certain que des postes ne seront pas pourvus, mettant fortement en difficulté les établissements sanitaires et médico-sociaux. Actuellement, 9% des EHPAD auraient au moins un poste non pourvu depuis au moins 6 mois
selon le site infirmiers.com. Le phénomène n’est pas documenté au niveau national, mais de nombreux directeurs d’EHPAD disent aujourd’hui avoir du mal à pourvoir ces postes réputés pénibles, peu payés et peu considérés. Tous secteurs confondus, près de la moitié (48 %) des employeurs prêts à recruter des aides-soignants annoncent des difficultés à le faire, selon l’étude besoin en main-d’œuvre 2018
de Pôle emploi, parue en avril 2018.
Une représentation négative du métier
Après les mobilisations dans les EHPAD en mai 2018, la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, vient de dévoiler un nouveau plan. Il s’agit notamment de la création de 20 000 postes supplémentaires en trois ans. Mais les problèmes de recrutement sont permanents. Le métier d’aide-soignant souffre d’une mauvaise image liée à l’essoufflement des EHPAD, ce qui engendre l’effondrement du nombre de vocations. Ces 20 000 postes supplémentaires seront alors pourvus, et par qui ? Des faisant fonction, des auxiliaires de vie, des ASH ? Les cadres de santé s’inquiètent dès lors de la perte de compétence dans leurs unités.
D’où vient ce manque d’intérêt pour la profession ?
Les médias ont maintes et maintes fois évoqué le manque de reconnaissance des aides-soignants, les forums en ligne évoquent des burn-out après quelques années d’exercice, les contraintes de la fonction (travail les week-ends, en poste, etc.) et les sous-effectifs qui épuisent un peu plus les personnels présents (et restants). Certains directeurs adaptent les plannings des salariés, leurs conditions de travail et les contrats des nouveaux embauchés aides-soignants, afin d’être attractif et de garder les personnels recrutés.
Alors, est-ce que détruire son propre travail, afficher les contraintes sans jamais évoquer les bons côtés du métier, permettra-t-il de trouver des nouvelles vocations et de combler les sous effectifs qui engendrent épuisement et démotivation ? Evidemment, la réponse est non !
Un travail indispensable dans les soins
Le métier d’aide-soignant apporte aussi des bénéfices. L’aide-soignant constitue un maillon indispensable de la chaîne du soin au bénéfice des personnes soignées. L’aide-soignant réalise des soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie, visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution de l’autonomie de la personne ou d’un groupe de personnes. Son rôle s’inscrit dans une approche globale de la personne soignée et prend en compte la dimension relationnelle des soins. L’aide-soignant accompagne cette personne dans les activités de sa vie quotidienne, il contribue à son bien-être et à lui faire recouvrer, dans la mesure du possible, son autonomie. Les patients en sont particulièrement reconnaissantes. Les interactions entre eux sont très fréquentes et une relation de confiance s’instaure. Un nouveau référentiel d’activités est prévu en 2020. Il devrait apporter davantage d’autonomie pour ces professionnels, donc une plus grande reconnaissance de leur fonction. Mais les enjeux de pouvoir et le corporatisme le permettront-ils réellement ?
Un enjeu sous-estimé ?
L’enjeu est donc important et même primordial pour les établissements de santé, pour les IFAS aussi, mais le gouvernement se doute-t-il de la gravité de la situation ? Les directeurs d’établissement font-ils remonter leurs inquiétudes ? Il est urgent d’agir et de trouver les leviers permettant la valorisation et la reconnaissance des professions de santé. Ces leviers peuvent être individuels, mais aussi collectifs. L’implication de tous, à tous les échelons, est essentielle.
André RocheCadre de santé formateurIFSI Hôpital du Gier, St-Chamond (42)Master 2 Management des organisation de Santéa.roche@hopitaldugier.fr
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