Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

AS

"Aide-soignante, tout simplement..."

Publié le 26/11/2019
regard, mains, doigts

regard, mains, doigts

C’est parti d’un tweet. Un simple tweet, vantant la profession d’aide-soignant. Avec, pour illustrer le propos, la photo d’une jeune femme riant aux éclats avec une femme bien plus âgée. Elles sont "confidentes" dit l’affiche. Confidentes, comme peuvent l’être deux copines… Forcément, j’ai bondi de ma chaise. J’ai ragé, enragé, vitupéré. Et fustigé l’image de "soignangnante" qui nous colle à la peau. Tenez, vous voulez essayer un truc marrant ? Tapez "aide-soignante" sur Google Images. Juste par curiosité. Des jeunes femmes et des vieilles femmes. Heureuses, souriantes, complices. Qui se tiennent la main. De temps en temps, un homme. Jeune, brun et barbu. À croire qu’ils n’ont trouvé qu’un seul modèle. Allez, juste pour rire, prenez cinq minutes et allez voir avant de lire la suite.

Florence Braud, aide-soignante, à l'occasion de la Journée internationale des aides-soignant(e)s , nous offre ce texte, parfait reflet de ce qu'elle est, de ce qu'elle pense, de ce qu'elle défend. Un grand merci à elle. Faites-le à votre tour voyager pour affirmer, comme elle, votre attachement à votre métier, un beau métier, le vôtre !

Regarder enfin les aides-soignantes et les aides-soignants tels qu'ils sont : des professionnels qui exercent un métier, pas un sacerdoce et encore moins une vocation...

Ça y est ? Vous avez regardé ? Alors, que vous inspire ce flot d’images dégoulinant de mièvrerie ? C’est ça notre métier ? Notre quotidien ? Nos compétences ? Nos dix mois de formation, nos vingt-quatre semaines de stage, nos huit modules de compétences, tout ça pour ça ? Pour tenir tendrement la main à de vieilles dames souriantes ? Il nous fallait donc un diplôme pour ça ? Nos grands-mères ne nous suffisaient pas ? Rhaaaaaaaaaa ! Mais non ! Non non non !

Furieuse, je suis allée regarder du côté des actualités, espérant naïvement une représentation un peu moins "paillettes-sourires-coeur-avec-les-doigts" de notre métier. Burn-out, violence, maltraitance, grève, colère… Ah ouais, ça vend pas du rêve tout ça. Finalement je me demande ce que je préfère… Parce qu’entre l’image mielleuse de la "soignangnante" et celle des soignants "dépités-dépassés-défrisés", où suis-je, moi, Florence ?

Je ne suis ni "soignangnante" ni Cruella en blouse blanche. Je suis aide-soignante, tout simplement. Aide-soignante et heureuse ! Et vous ?

Je suis aide-soignante. Je ne suis pas la meilleure copine de Pierrette ni la complice d’Odette. Je ne caresse pas les cheveux d’Henriette (si je fais ça elle m’en colle une). Je ne tiens pas tendrement la main de "mes" résidents pendant des plombes. Je ne suis pas non plus cette mégère tant décriée par l’EHPAD-bashing. Je ne frappe pas les personnes âgées, je ne les insulte pas, je ne les laisse pas croupir dans leur protection souillée, je ne les laisse pas s’endormir devant leur bouillie du soir. Je n’ai nul besoin d’une égérie télégénique et bien-pensante qui viendrait défendre ma cause à grand renfort de "tous méchants sauf moi achetez mon bouquin" !

Je suis aide-soignante. Je sers des repas, des collations, des boissons… J’aide des personnes plus ou moins dépendantes à faire leur toilette, s’habiller, se déplacer, manger… J’effectue la surveillance de certains paramètres vitaux. Je vide des bassins et change des protections. Je parle aux résidents, aux patients, aux familles, à l’équipe. Je jongle entre les logiciels d’épicerie, de changes, de linge, de transmissions… J’observe, je réfléchis, j’agis. Bref, je fais mon boulot d’aide-soignante. Je ne suis ni plus ni moins importante que mes collègues. Je fais partie d’une équipe, au même titre que les ASH, IDE, cadres, kinésithérapeutes, psychomotriciens/ennes, psychologues, médecins, directeurs/trices etc. Chacun son métier, chacun son rôle.

Je suis aide-soignante par choix. Oui, mes horaires sont compliqués. Je me lève tôt. Je rentre tard. Je bosse un week-end sur deux. Oui, parfois, je suis fatiguée, j’ai mal au dos, il y a des moments difficiles. Oui, j’aimerais être mieux payée, mieux considérée. Oui, oui et oui. Oui... Mais. Je fais un beau métier. Je m’occupe des gens. Je prends soin d’eux. J’aide. Je fais partie d’une équipe. Ce n’est pas une vocation mais une évidence. Ce n’est pas un sacerdoce mais un métier. Je ne suis ni "soignangnante" ni Cruella en blouse blanche. Je suis aide-soignante, tout simplement. Aide-soignante et heureuse ! Et vous ?

Florence Braud, aide-soignante, auteure de #LaMinutedeFlo chez @ashredaction, connue sur twitter sous le pseudo @Babeth_AS, adjointe à la communication de la Fédération nationale des associations d'aides-soignants (FNAAS).


Source : infirmiers.com