Temps partiels, carrières professionnelles interrompues, manque d’anticipation personnelle… Voilà quelques-unes des raisons qui pénaliseraient les femmes au moment de la retraite, même dans la Fonction publique où les salaires sont identiques. Dans les faits, les retraites des femmes sont souvent plus faibles que celles des hommes. Raison de plus pour elles de s’en préoccuper de manière personnelle, le plus tôt possible.
Des parcours professionnels morcelés
Valérie, 28 ans, infirmière en pédiatrie, a demandé un temps partiel pour avoir un peu de répit de temps en temps pour adoucir la vie de sa famille. Pour ne pas avoir, par exemple, à réveiller sa fille à 6 heures, le matin, comme c’est le cas tous les jours où elle travaille « Mon mari est d’accord. La perte de revenus est en partie compensée par le fait qu’on n’a plus à payer de centre de loisirs ou de garderie ». Celle qui n’était pas « pour » ce passage au temps partiel, c’est la mère de Valérie. Son argument ? La future pension de retraite de sa fille. Elle lui a répété pendant des semaines « Si tu travailles moins, tu cotiseras moins pour ta retraite ». Elle sait que sa mère a sûrement raison : « mais ce qui compte pour moi aujourd’hui, c’est de permettre à ma fille de grandir le mieux possible. Quand je peux avoir mon mercredi, c’est une respiration qui lui fait du bien ». Bien sûr ! Toutes les mères seront d’accord avec cela. Le problème est que les pères aussi pourraient l’être. Or, ce sont surtout les femmes qui culpabilisent de travailler à temps plein lorsqu’elles ont des enfants.
La preuve ? Elles sont majoritaires - 82% selon l’Observatoire des inégalités - dans les emplois à temps partie. Il est difficile de sortir des schémas culturels !... Résultat, dans le secteur pourtant très égalitaire de la Fonction Publique Hospitalière, il apparaît, comme dans les statistiques nationales, cette inégalité : la pension de retraite moyenne des femmes est inférieure à celles des hommes. De l’ordre de 38%.
La preuve que les femmes paient cher leurs temps partiels ou leurs congés parentaux…
C’est ainsi que selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, à la retraite, la pauvreté finit par se conjuguer plus souvent au féminin qu’au masculin. « C’est ce que je redoute pour moi » raconte Marie-Claude, 47 ans, aide-médico sociale dans un hôpital psychiatrique. « Je me suis arrêtée trois ans quand mes deux enfants sont nés, puis j’ai repris le travail à temps partiel pendant six ans. L’an dernier, j’ai divorcé et j’ai compris que j’avais fait des choix risqués ». Risqués ? « Ce que j’ai investi dans notre famille, je suis seule à en supporter les conséquences aujourd’hui. Bien sûr nous avons des enfants équilibrés, mais mon ex-mari, lui, cotise depuis le début de sa carrière à taux plein pour sa retraite ! Moi je me demande comment je vais faire…» Temps partiel, interruption dans le parcours professionnel donnent des pensions de retraite réduites et laissent présager une vie de retraité souvent très juste au niveau financier pour les femmes…
Comment échapper à ce triste scénario ? En informant mieux, surtout les femmes, des conséquences du temps partiel. C’est la recommandation du rapport 2011 de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes : les sensibiliser pour qu’elles apprennent à mieux anticiper leur retraite.
« L’augmentation de l’espérance de vie des femmes se poursuit. Elle est de 84,5 ans en moyenne à la naissance et de 22,6 ans à 65 ans. Une raison de plus pour que les femmes se préoccupent de leurs ressources à la retraite. »
Un manque de planification financière
C’est un curieux paradoxe : alors qu’elles vivent 6 ans de plus que les hommes et qu’en moyenne leur retraite dure vingt ans, les femmes se préoccupent moins que ces derniers, à titre individuel, de sécuriser leur avenir. Politique de l’autruche ou altruisme naturel ? Selon l’étude « La retraite, une affaire de famille » (HSBC, 2011), les Françaises, en général, ne se posent pas la question de la retraite pour elles-mêmes. C’est seulement une fois qu’elles se sont préoccupées de leurs enfants, de leur famille et de leur maison... qu’elles commencent à y penser. Souvent un peu tard... « Si on m’avait dit que cotiser à une complémentaire retraite pouvait ne pas être plus lourd qu’un abonnement mensuel à un club de gym, j’aurais été plus prévoyante » affirme Sandrine, 53 ans, agent administratif dans un CHU, qui ne s’est penchée sur cette question qu’à la cinquantaine. « Je cotise au taux le plus élevé, sur un salaire de temps plein, alors que je travaille à 90%. J’essaie de compenser mon retard pour m’occuper de mon avenir ».
Parcours professionnels incomplets, manque d’anticipation pour la retraite, manque d’intérêt pour les questions patrimoniales... autant de raisons qui expliquent qu’au moment de la retraite, femmes et hommes ne sont pas égaux. L’égalité au moment de la retraite reste donc à conquérir.
Le Point de vue d’Annie Tudal, conseillère retraite C.G.O.S, Pays de Loire
« Les femmes doivent mieux se préparer à la retraite !... »
21% des agents hospitaliers travaillent à temps partiel. Il s’agit souvent de femmes qui veulent profiter de leurs enfants. Je les comprends. Mais je les mets en garde.Si aujourd’hui, les conséquences financières de ce choix du temps partiel sont assumées par le couple, le salaire du conjoint compensant la baisse de revenu de la femme, il n’est pas sûr qu’elles le soient encore demain. On connaît la fragilité du couple. Je vois trop de femmes divorcées qui partent à la retraite avec de toutes petites pensions parce qu’elles ne se sont jamais projetées seules dans le temps e la retraite. Je les incite donc à défléchir à des compléments de ressources pour elles le plus tôt possible. Les femmes doivent apprendre sécuriser leur parcours de vie en e constituant des réserves financières pour s’assurer une retraite décente.
- Source : « L’état de santé de la population en France : Rapport de suivi des objectifs de la loi de santé publique 2009-2010 », La Documentation française, janvier 2011
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