Emmanuel Delporte a touché la communauté infirmière au travers de deux chroniques : « Tais-toi et soigne » : le métier d'infirmier en 2015 et Quand l'infirmier est confronté à ses blessures ... Il a accepté de répondre aux questions d'Infirmiers.com pour nous en dire plus. Rencontre.
Emmanuel Delporte, âgé de 36 ans et infirmier au sein d'un service de réanimation médicale d'un grand CHU, s'est fait remarquer en publiant des chroniques touchantes et criantes de vérité sur la profession infirmière sur son blog ledecapsuleur.com. Mais avant de devenir infirmier, Emmanuel a pas mal « bourlingué », comme il le dit lui-même. J'ai par exemple un diplôme de montage audiovisuel, et j'ai travaillé comme balayeur et vendeur
, précise-t-il. Fils d'une mère infirmière, Emmanuel, lorsqu'il était plus jeune, ne s'imaginait pas entreprendre une telle carrière. Je feuilletais ses bouquins de maladie infectieuse quand j'étais enfant, mais je ne me voyais absolument pas faire ça. Ce qui s'est passé, c'est que je cherchais un boulot d'appoint et j'ai travaillé comme ASH et brancardier dans un petit hôpital parisien, et contre toute attente, j'ai découvert un univers fascinant
, explique-t-il. Et d'ajouter que les infirmières m'ont encouragé à tenter le concours d'entrée à l'IFSI. À l'époque, je ne voyais pas comment gagner ma vie avec mon diplôme de montage audiovisuel, j'écrivais déjà mais je n'avais aucune opportunité. De plus, je ne voulais pas vivre au crochet de mes parents. J'avais besoin d'indépendance et d'exercer un métier utile. Je voulais aider les autres. J'ai donc tenté le concours, je l'ai eu, et voilà
.
Le métier d'infirmier en lui-même est épanouissant (et difficile) par les responsabilités et l'exigence qui le caractérisent
Un métier dans lequel il s'épanouit, mais…
Emmanuel avoue avoir l'impression d'apporter quelque chose de vital à la société et aux gens qui la composent. Je peux rentrer chez moi en me disant que j'ai servi à quelque chose, que je n'ai pas perdu mon temps. Je ne gagne pas ma vie au dépend des autres, mais plutôt en contribuant, modestement, à améliorer leur état de santé, en me battant pour eux, c'est gratifiant. Le métier d'infirmier en lui-même est épanouissant (et difficile) par les responsabilités et l'exigence qui le caractérisent
. Mais être infirmier n'a pas que des bons côtés, comme il le souligne. Les infirmiers souffrent d'un manque de considération ; on nous demande toujours plus, sans nous donner les moyens ni la reconnaissance nécessaires
.
Afin, notamment, de prendre du recul, Emmanuel, qui était en fait écrivain avant de devenir infirmier
, relate ses chroniques infirmières, mais pas que, sur son blog ledecapsuleur.com. Si ses récits infirmiers lui permettent de mettre en perspective son vécu hospitalier, et de mieux supporter les situations difficiles, ses écrits fantastiques et de science-fiction lui offrent quant à eux la possibilité de s'évader. Comme on peut s'en douter, l'écriture constitue ainsi pour le jeune infirmier un exutoire. De plus, ses écrits s'avèrent relativement sombres, Emmanuel étant imprégné des récits de Stephen King, Philip K. Dick, Barjavel ou encore Italo Calvino.
Lorsque j'écris mes chroniques infirmières, je me place en témoin, mais lorsque j'écris mes nouvelles et romans fantastiques ou de science-fiction, je cherche à raconter une histoire, à me faire voyager et à faire voyager mes lecteurs
Son environnement pour inspiration
Emmanuel s'est essayé à l'écriture de trois romans, sans succès. Ces échecs ont été très difficiles à encaisser, ils m'ont épuisé psychologiquement
, admet-il. Après une pause de trois ans, il prend à nouveau la plume et décide de repartir sur de nouvelles bases. Il choisit d'écrire des nouvelles, un format plus accessible, moins contraignant, et permettant de reprendre confiance
. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Emmanuel n'a pas choisi la facilité, car écrire une histoire en peu de pages, créer des personnages forts et une intrigue percutante en peu de mots
est un exercice compliqué. C'est un genre extrêmement bien considéré dans les pays anglo-saxons, et beaucoup moins en France, ce qui est regrettable
, déplore-t-il.
Pour ses écrits, tant ses chroniques infirmières que ses récits fictifs, Emmanuel s'inspire de son quotidien. Mes sources d'inspiration sont le monde dans lequel nous vivons, et qui est bien plus noir et violent que ce que j'écris. L'inspiration vient avant tout de l'observation. Il faut être attentif à son environnement et faire travailler son imaginaire. Lorsque j'écris mes chroniques infirmières, je me place en témoin, mais lorsque j'écris mes nouvelles et romans fantastiques ou de science-fiction, je cherche à raconter une histoire, à me faire voyager et à faire voyager mes lecteurs
, explique-t-il.
Malgré son talent pour la nouvelle, Emmanuel n'en oublie pas pour autant son attrait pour le genre romanesque. Il attend d'ailleurs les réponses de plusieurs éditeurs pour un ouvrage de science-fiction. Mais on ne maîtrise pas son destin. Dans l'écriture, comme dans le métier d'infirmier, il faut s'efforcer de faire son job du mieux possible, d'être consciencieux et de ne pas tricher. Le reste, les résultats de nos actions, ne nous appartiennent pas
. Gageons qu'Emmanuel n'a pas fini de faire frissonner ses lecteurs au travers de ses nouvelles (et romans) fantastiques qui sont d'ores et déjà disponibles.
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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