Les séries, films, voire documentaires sur le monde médical et la profession infirmière sont souvent critiqués par les professionnels de santé car ils sont généralement bien loin de la réalité du terrain. Raphaëlle Jean-Louis, infirmière diplômée d'État, souhaite changer la donne au travers de son premier long-métrage « Diplôme délivré(e) », en cours d'écriture, qui suivra les (més)aventures d'une étudiante en soins infirmiers. Rencontre.
Peu de films abordent la réalité du quotidien des infirmiers. C'est pourtant le défi que va tenter de relever Raphaëlle Jean-Louis, IDE âgée de 28 ans et passionnée de cinéma. La jeune infirmière enchaîne actuellement les contrats à durée déterminée et profite de son temps libre pour s'atteler à l'écriture du scénario de son premier long-métrage « Diplôme Délivré(e) » qui mettra en scène une étudiante en soins infirmiers.
Une fiction pour montrer le quotidien des soignants
Raphaëlle a préféré le long-métrage au documentaire car elle souhaitait écrire son scénario en toute liberté. J'ai envie de mettre des touches d'humour, de l'amour, de la sensibilité, de la sincérité… De plus, il existe déjà pas mal de documentaires sur le sujet, et peu, voire pas de fictions
, constate-t-elle. Cette fiction n'en sera pas moins réaliste
, garantit Raphaëlle.
Au travers de « Diplôme Délivré(e) », Raphaëlle souhaite montrer le beau métier des soignants (aides-soignants, infirmiers), des agents hospitaliers, des cadres de services et l'évolution d'un étudiant dans cet univers car tous ont un rôle indispensable
. Comme elle le souligne : toute l'équipe fait tout pour assurer le fonctionnement d'un service, la prise en charge du patient pour son bien-être total, la formation des étudiants sur le terrain, tout cela souvent dans l'urgence due aux conditions de travail de plus en plus déplorables. Pour couronner le tout, la reconnaissance n'est pas souvent de mise
. Pas question donc pour Raphaëlle de prendre des pincettes pour raconter le quotidien des soignants et les conditions de travail délétères que va découvrir une étudiante jeune et sans expérience. C'est ce qui fait la force de ce film, assure Raphaëlle. Un regard jeune et neuf, avec des idées et concepts sur le métier d'infirmier, va être confronté à la dure réalité du terrain
.
Un stage comme élément déclencheur
Raphaëlle Jean-Louis pense à la réalisation de ce film depuis plusieurs années déjà, mais c'est une expérience de stage qui a été l'élément déclencheur. J'ai passé d'excellents stages, indique-t-elle, mais qu'on le veuille ou non, chaque étudiant a forcément croisé des services et soignants qui les ont laissés perplexes. Le film n'a pas pour objectif de pointer du doigt tel ou tel service, mais simplement de ne pas passer sous silence certains faits. Je ne veux pas rester silencieuse, je veux que l'on nous écoute
. Et d'ajouter : il ne faut pas oublier que les soignants d'aujourd'hui ont été les étudiants d'hier et les étudiants d'aujourd'hui sont les soignants de demain. Si ceux qui ont souffert restent dans le silence, nous ne pourrons jamais régler certains problèmes qui persistent dans les services. L'organisation et les moyens financiers sont les premières causes du mal-être des soignants. Un mal-être qui se reporte parfois sur les étudiants et patients. Ce n'est la faute de personne, mais si nos conditions s'amélioraient, nous pourrions assurer le bien-être du cadre de service, du soignant, des étudiants et de celui qui nous réunit, le patient
. Ministère des Affaires sociales et de la Santé si tu nous entends…
Une infirmière derrière la caméra
À l'instar de Thomas Lilti, qui a réalisé les très bons films Hippocrate
et Médecin de campagne
, Raphaëlle Jean-Louis est une soignante cinéaste, ce qui devrait être un atout dans la réalisation de « Diplôme Délivré(e) ». En effet, qui mieux qu'une infirmière pourrait décrire la réalité des services ? D'ailleurs, Raphaëlle n'exerce pas la profession d'infirmière par hasard. Elle a toujours aimé prendre soin des autres et sa mère, elle aussi infirmière qui a également exercé en tant qu'agent des services hospitaliers (ASH) et aide-soignante, lui a très tôt transmis les valeurs humaines. Elle choisit donc de devenir aide-soignante, puis de passer son diplôme d'État infirmier. J'aime soigner les personnes, les accompagner et les rassurer au mieux durant leur hospitalisation, leur combat
, explique-t-elle. J'aime également apprendre et comprendre le fonctionnement de l'organisme. Par ailleurs, mes nombreuses expériences de stage m'ont toujours confortée dans mon choix de devenir infirmière
.
Mais derrière l'infirmière se cache une artiste accomplie… Elle découvre les arts de la scène à l'âge de sept ans et écrit sa première pièce de théâtre en 2009. Elle était alors âgée de 22 ans. J'ai toujours voulu faire un film, mais je n'avais pas forcément les moyens et les outils, ni même l'occasion d'en réaliser un
, confie Raphaëlle. En 2013, la cinéaste décide de tenter sa chance au festival TurboFilm fondé par Franck Daudin à Reims. Les participants -une trentaine chaque année- ont vingt-quatre heures pour réaliser un film de cinq minutes en respectant de nombreuses contraintes (lieux, expressions, objets à placer dans le film). Son premier film « Debout » est sélectionné et visionné au Cinéma Opéra de Reims. Mais c'est en 2014 qu'elle se fait remarquer, lors de ce même festival, en présentant son film « Le dernier arrêt », primé pour son scénario. Raphaëlle a également reçu le prix de meilleure actrice. Malgré les contraintes imposées par le festival TurboFilm, la cinéaste a tout de même réussi à faire un clin d'oeil à la profession infirmière.
Visionner « Le dernier arrêt »
Avec « Diplôme Délivré(e) », Raphaëlle compte bien allier son métier de soignante avec sa passion du cinéma. Pour l'heure, la cinéaste travaille en post-production sur son court-métrage « Quand vais-je te revoir ? », et continue l'écriture du scénario et la préparation de « Diplôme Délivré(e) ». Son projet n'en est qu'à ses prémisses, mais Raphaëlle a besoin de l'ensemble de la communauté soignante (infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers...) pour qu'il voie le jour afin de dévoiler la réalité des services. Chacun peut contribuer au financement de son long-métrage sur le site participatif leetchi. Nous suivrons l'avancement du film de Raphaëlle Jean-Louis avec beaucoup d'intérêt. Gageons qu'il sera aussi réussi que La vie des Gens, le documentaire d'Olivier Ducray qui s'intéresse à une infirmière libérale lyonnaise !
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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