En cette période de pandémie au COVID-19, le Conseil International des Infirmières (CII) estime que le nombre réel de décès parmi les infirmières pourrait déjà être largement supérieur à l’estimation actuelle : soit quelques 100 infirmières dans le monde décédées des suites de l'infection dans l’exercice de leurs fonctions. Le CII appelle l'OMS à recueillir et partager ces informations, cruelles, mais qui serviront la science et rendront réellement hommage à toutes celles et ceux qui se sont sacrifiés au bénéfice de tous.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, au moins 23 000 professionnels de santé ont été infectés par le COVID19 dans plus de 50 pays, depuis le début de la pandémie, mais on ne connaît pas le pourcentage d’infirmier(e)s et il n’existe aucun enregistrement systématique et centralisé des infections et des décès. Le Conseil International des Infirmier(e)s (CII) appelle tous les gouvernements à répertorier avec précision le nombre d’infirmier(e)s et autres agents de santé infectés par le virus,
ainsi que le nom de celles et ceux qui en meurent. En effet, le CII l'affirme, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) devrait recueillir et partager ces informations afin de servir la science en identifiant qui a contracté le virus, où, quand, et comment la maladie a pu progresser
. Un chiffre circule : plus de 100 infirmières dans le monde sont décédées des suites d’une infection à la COVID-19 dans l’exercice de leurs fonctions mais selon le CII, le nombre réel de décès parmi les infirmier(e)s pourrait déjà être largement supérieur à l’estimation actuelle
.
Selon l’OMS, une personne infectée sur treize par le SARS-CoV-2 fait partie des professions de santé
Annette Kennedy, la Présidente du CII, a déclaré que chacun de ces décès est une tragédie : penser à ces infirmières et infirmiers, qui sont aussi des mères, des pères, des sœurs, des frères, des filles et des fils, perdant leur vie parce qu’ils prodiguaient des soins, déchire véritablement le cœur. Et ce d’autant plus si l’on pense aux risques supplémentaires qu’ils ont pris du fait de l’absence d’accès à des équipements de protection individuelle (EPI) appropriés assurant leur sécurité
. Cela n’aurait jamais dû se produire, et cela ne doit plus jamais se reproduire. Les pouvoirs publics ont la responsabilité d’assurer la sécurité de tous leurs citoyens et, pour ce qui est de coordonner la fabrication et la distribution des équipements de protection individuels (EPI), ils ont échoué à mettre en place les ressources ou les niveaux d’innovation requis pour résoudre un problème qui ne sera pas réglé de sitôt
.
Partout dans le monde, les gens applaudissent le travail des infirmières et des autres agents de santé, et les gouvernements ne tarissent pas d’éloge pour leur personnel de santé. Mais une fois passés les applaudissements et les acclamations, les pouvoirs publics doivent porter un regard honnête sur leur système de santé. Howard Catton, Président du CII
De son côté, Howard Catton, Directeur général du CII, a appelé les dirigeants des pays du G20 et les dirigeants du monde entier à mettre de côté leurs divergences pour faire de la fourniture d’EPI leur priorité absolue. Nous avons conscience qu’il n’est pas aisé de fournir l’EPI adéquat au bon endroit, au bon moment. Nous avons écrit aux dirigeants du G20 pour les appeler à collaborer et à ne pas s’isoler politiquement. Ils ont le pouvoir de changer cette situation en négociant des contrats et en aidant à la fabrication et à la distribution de cet équipement capital pour sauver des vies
.
Le Directeur général du CII a déclaré que la collecte de données sur les taux d’infection et de décès des infirmier(e)s est un élément crucial pour comprendre le virus et donc le prévenir et le contenir. On ne compile pas des données pour le plaisir de les compiler, mais pour enrichir la base de connaissances scientifiques permettant d’éclairer les mesures de prévention et de lutte contre les infections. Les données chiffrées sont importantes et malgré les louanges et les applaudissements, si nous ne tenons pas un registre et si nous ne conservons pas des données précises, nous échouerons à rendre aux infirmier(e)s l’hommage et la reconnaissance qu’elles et ils méritent, sachant que certain(e)s ont sacrifié leur vie. Et non moins important, en faisant cela, nous pourrons à l’avenir sauver plus de vies, d’agents de santé comme d’usagers
.
Howard Catton a déclaré que si l’on conçoit aisément que les pouvoir publics s’attachent à lutter contre la pandémie, il est quand même temps de penser à la suite.
Et de conclure : la pandémie de COVID-19 a montré le plus beau visage des agents de santé
, qui ne comptent pas les heures dans des situations effroyables. Mais elle a également affiché les faiblesses de nos systèmes de santé qui doivent être corrigées. De nombreux pays requièrent des investissements conséquents et durables dans leurs systèmes de santé pour les amener à un niveau acceptable. La récession économique semble désormais inévitable et les gouvernements devront prendre des décisions difficiles concernant le financement des services, mais cette pandémie a montré que le financement des soins de santé n’est pas un luxe, et les dirigeants du monde devraient convertir leurs louanges en engagements à financer de manière adéquate les soins de santé à l’avenir
.
L’Ordre des infirmiers demande également un recensement du nombre d’infirmiers contaminés et décédés
En effet, par communiqué du jour, l'Ordre des infirmiers s'alarme qu'aucune donnée officielle relative au nombre d’infirmiers contaminés, hospitalisés, ou décédés des suites du Covid-19 n’a encore été communiquée par les tutelles. L’Ordre national réclame donc un recensement dans les plus brefs délais. De plus, pour l'ONI, les enfants de professionnels de santé décédés du Covid-19 méritent le statut de pupilles de la Nation. Tous les jours, des médecins, des infirmier(e)s, des aides-soignants prennent des risques importants pour prendre en charge des personnes atteintes du Covid-19, parfois sans masques, sans surblouses... Certains professionnels de santé perdent malheureusement leur vie dans cette bataille. Ils méritent la reconnaissance de la Nation, et leurs enfants doivent pouvoir accéder au statut de pupille de la Nation
affirme Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre national des infirmiers. L’Ordre national des infirmiers se félicite également de l’annonce de Monsieur le Ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Veran : le coronavirus sera reconnu comme maladie professionnelle de façon automatique et quel que soit le lieu d'exercice du professionnel contaminé, à l'hôpital, en Ehpad ou en ville.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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