Les Infirmières de pratique avancée sont à la croisée des chemins. C’est le constat qu’elles ont fait au cours d’un débat improvisé lors de leur 13ème Congrès Européen. Entre leur besoin de reconnaissance et leur souci de ne pas se démarquer des infirmières classiques, elles ont tenté d’y voir plus clair sur ce que seront leurs pratiques dans un avenir proche.
Le 13ème Congrès Européen Francophone des infirmiers(es) cliniciens(nes), consultants(es) et de pratique avancée qui s’est achevé ce vendredi 2 octobre 2015 a fait l’objet d’un débat improvisé et très révélateur du flou qui règne encore sur le devenir de ces professionnels de Santé.
L’assistance invitée à un débat improvisé
Nous attendions impatiemment la conférence du philosophe Éric Fiat sur la qualité de vie des patients et la qualité de vie des soignants au travail. Notre déception fut grande lorsque l’on nous annonça que celui-ci, qui était souffrant, avait déclaré forfait. Le comité scientifique, réuni autour de la Présidente de l’ANFIIDE Brigitte Lecointre, décida alors d’initier un échange avec la salle pour recueillir l’avis de l’assistance sur les présentations de la veille et, plus généralement, sur leurs pratiques. Ces infirmières consultantes, cliniciennes certifiées, et de pratique avancée (IPA) sont toutes issues de la même base et se doivent de garder ce socle commun, rappela d’emblée la Présidente..
Constat sociétal et question éthique
Parmi les changements pressentis concernant leurs pratiques, la question de l’étendue de leurs prérogatives en termes de prescription médicamenteuse a tout de suite été posée, la salle étant invitée à voter pour savoir qui y était favorable, avec des résultats équilibrés entre les oui et les non. Sur l’estrade, on a alors souhaité traiter ce sujet de façon plus globale, en préférant parler de la complémentarité médecin/IDE au sein des territoires. Si le constat sociétal de baisse de la population médicale pousse les IPA à prendre plus de responsabilités, la question éthique a ensuite été soulevée. L’IPA doit faire preuve de prise de décisions sur son champ d’action spécifique, indépendamment du protocole médical
, a-t-on alors entendu. Des termes comme « référent » ou « pratique collaborative » servaient alors d’arguments pour placer l’IPA sur le même plan que le médecin et le pharmacien pour la prise en charge du patient.
Un risque de s’éloigner de la base
Reste que, poursuivit un orateur, les compétences des IPA sont peu connues des praticiens, par manque d’information ou parce qu’ils refusent l’évidence. L’assistance a alors fait remarquer que, dès la formation initiale, cette information était désormais diffusée, afin de favoriser la coopération des uns avec des autres. Mais si l’IPA devient l’égale du médecin, ne risque-t-elle pas de perdre une partie de ses valeurs humaines et de s’éloigner de la base ? N’y a-t-il pas, dès lors, la possibilité de voir arriver la création d’une fonction intermédiaire entre l’IPA, qui est, rappelons-le, une IDE, et le patient, pour combler le manque ? La réponse à cette interrogations a été donnée par Brigitte Lecointre, qui est revenue sur la nécessité de ne pas se détourner de la fonction infirmière initiale.
Puis, la Présidente a conclu en disant que, visiblement, l’IPA se trouvait aujourd’hui à un virage important, entre sa quête d’identité, de reconnaissance, de diffusion de son rôle propre et la nécessité de bien se rappeler d’où elle vient. Le tout a, enfin, été résumé par le bruxellois Yves Mengal, toujours très en verve, par ce mot à l’attention de ses collègues : Avant de se faire connaître, peut-être faut-il identifier qui nous sommes !
L’ambiance se détendait, mais l’avenir restait incertain...
Bruno Benque Rédacteur en chef cadredesante.com bruno.benque@cadredesante.com
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