L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a choisi de laisser les pays libres de déterminer quelles populations devront être vaccinées en priorité contre la grippe H1N1 quand un vaccin sera disponible, mais place en toute première priorité les professionnels de santé.
Marie-Paule Kieny, directeur de l'Initiative for Vaccine Research de l'OMS, a précisé lundi lors d'une conférence de presse téléphonique que le groupe de travail réuni par l'OMS sur la question du vaccin contre H1N1 avait recommandé qu'il n'y ait pas d'arrêt de la production du vaccin grippal saisonnier pour l'hémisphère Nord pour passer à la production du vaccin contre le virus pandémique. La production du vaccin saisonnier est à 90% terminée et sera finalisée "fin juillet".
Il est "trop tôt" pour faire des recommandations concernant la future production de vaccin saisonnier pour l'hémisphère Sud, a-t-elle précisé.
"Le comité a reconnu que l'épidémie de grippe H1N1 est désormais instoppable" et donc, "tous les pays auront besoin d'avoir accès à un vaccin", a indiqué Marie-Paule Kieny.
Mais "les différents pays ont des situations épidémiques différentes" et les stratégies de vaccination de la population pourront être adaptées, a-t-elle ajouté.
Toutefois, dans tous les cas de figure, "les professionnels de santé devront être immunisés, pour permettre au système de santé de fonctionner" et de prendre en charge les personnes touchées.
Concernant les autres parties de la population qui devraient être les cibles prioritaires d'une vaccination, les experts de l'OMS n'ont pas tranché, précisant qu'il y avait trois stratégies possibles: "essayer de stopper ou ralentir la transmission du virus", "réduire la morbidité et la mortalité" ou uniquement "protéger le système de santé".
Sont ainsi listés une série de groupes pouvant être considérés comme prioritaires: les femmes enceintes, les personnes souffrant de maladies chroniques -notamment les patients en état sévère-, les malades respiratoires et les obèses car il a été observé que l'infection à H1N1 était plus sévère chez les obèses, les personnes jeunes qui semblent plus vulnérables à ce virus, les enfants qui sont des "amplificateurs" de la transmission du virus et enfin les personnes âgées en bonne santé.
RENDEMENT MEDIOCRE
Interrogée sur la production d'un vaccin contre H1N1, Marie-Paule Kieny a indiqué que les souches actuellement utilisées donnaient des rendements "médiocres". Rappelant que pour les vaccins saisonniers, les rendements peuvent aussi être variables selon les souches, elle a estimé qu'il n'y avait à ce stade "aucune raison d'être inquiet" et a précisé que d'autres souches isolées de patients étaient évaluées pour voir si les rendements seraient meilleurs.
Concernant la sécurité des vaccins avec de nouveaux adjuvants, elle a souligné que "jusqu'à présent il n'y a[vait] pas d'inquiétude" en termes de sécurité, mais qu'il était néanmoins nécessaire de collecter des données sur les catégories de patients pour lesquelles on n'avait pas encore d'informations. Il faudra également une "surveillance post-marketing" importante avec une "coopération internationale".
Interrogée sur la survenue de syndromes de Guillain-Barré en 1976, quand la population américaine avait été vaccinée en urgence contre un virus porcin, elle a rappelé que c'était possiblement dû à des contaminants bactériens qui avaient induit des réactions immunitaires croisées chez des patients, et précisé que les méthodes de production de vaccin avaient évolué depuis cette époque et devraient minimiser un tel risque.
Les essais cliniques sur les vaccins devraient débuter en août et donner des résultats en septembre-octobre, et il ne faut pas attendre d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour ces nouveaux vaccins avant "la fin de l'année", a rappelé la responsable de l'OMS. Néanmoins, des pays pourraient invoquer une "situation d'urgence" pour les utiliser avant qu'ils aient l'AMM.
Selon le dernier bulletin épidémiologique de l'Institut de veille sanitaire (InVS) lundi à la mi-journée, il y a en France 464 cas confirmés de grippe H1N1 (399 en métropole, six en Guadeloupe, trois en Martinique, 10 à la Réunion, 41 en Nouvelle-Calédonie et cinq en Polynésie).
On note 23 épisodes de cas groupés dont 12 non liés à des cas importés, ce qui "indique une circulation, encore limitée, du virus dans la population", commente l'InVS. Il n'y a eu aucun décès en France et si la maladie reste bénigne pour la grande majorité des patients, cinq cas ont nécessité une hospitalisation: trois pour pneumonie, un pour détresse respiratoire et un qui a été hospitalisé bien qu'il ne présente "pas de signe majeur de gravité".
Dans le monde, les dernières estimations globales datent d'une semaine. Il y avait alors 97.295 cas, dont 448 décès.
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