Dès qu'un vaccin sera disponible en France contre la Covid-19, les futures campagnes de vaccination devront cibler en priorité le personnel soignant et les personnes à risque, indique la Haute autorité de santé (HAS). En effet, celle-ci, suite à la demande du ministère des Solidarités et de la Santé, vient d'émettre diverses préconisations préliminaires pour anticiper l'élaboration d'une stratégie vaccinale dans la perspective de l'arrivée future d'un ou plusieurs vaccins. Qui vacciner ? Selon quel schéma ? Par quels professionnels ? Si la Haute Autorité a établi plusieurs scenarii en fonction notamment du niveau de circulation du virus sur le territoire, tous recommandent de prioriser avant tout les soignants et les personnes vulnérables.
Quelle que soit la situation épidémique à l'arrivée d'un vaccin, les professionnels de santé et du médico-social de première ligne apparaissent comme les populations cibles prioritaires et incontournables
, conclut la HAS dans un communiqué car cela répond aux objectifs de prévention individuelle, collective et de maintien des activités essentielles du pays en période épidémique
. En effet, le groupe Vaccins Covid-19, auquel participe la HAS, prépare le déploiement de la vaccination de la population française contre la maladie. C'est dans ce cadre que la HAS publie un premier travail préparatoire concernant sa réflexion pour anticiper la stratégie vaccinale lorsque des vaccins seront disponibles. Pour réaliser ces recommandations, elle a pris en considération différentes contributions dont celles des experts du conseil scientifique, du comité analyse, recherche et expertise (CARE) et du Comité scientifique Covid-19.
Pour l'instant, ce ne sont que des préconisations préliminaires. Au vu de l'évolution de la situation, la HAS a retenu quatre scenarii possibles qui dépendent du niveau de circulation du virus au moment ou le ou les vaccins seront opérationnels
. Mais quel que soit celui qui collera le mieux à la réalité, les professionnels de santé seront prioritaires ainsi que les personnes à risque de formes graves de Covid-19 (personnes âgées de plus de 65 ans, personnes présentant une comorbidité) dès lors que les essais cliniques permettront de garantir un bénéfice/risque favorable
.
De manière générale, les caractéristiques des vaccins disponibles influenceront les choix de stratégie vaccinale
Quatre scenarii envisagés pour le moment
Forte circulation virale au niveau national, forte circulation localisée sur certains territoires, circulation virale à bas bruit (foyers d'infection limités), absence d'indicateur de circulation virale sont les quatre possibilités retenues par la HAS. Chacune de ces situations implique des choix différents sur les populations à cibler en priorité (âge, état de santé, profession, doses nécessaires...) et des modalités de mise en œuvre adaptées (professionnels mobilisés pour vacciner, suivi des personnes vaccinées, conditions d'administration et stockage)
, d'après le communiqué.
Plus précisément, les scénarii 1 et 2 se caractérisent par une circulation importante du Sars-Cov-2. En plus des deux populations prioritaires nommées précédemment, il est envisagé dans ces cas là de vacciner l’entourage des personnes fragiles (personnes jeunes et sans comorbidités). Il est également possible, afin de réduire la diffusion du virus, de se concentrer sur l’ensemble de la population susceptible d’être infectée et qui a été étudiée dans les essais cliniques afin d’agir sur le réservoir
. Le(s) vaccin(s) qui sera/ont utilisé(s) sont ceux qui auront démontré une efficacité sur la réduction de l’infection et de la transmission et son/leur innocuité dans cette population.
Cette méthode, si elle est choisie, nécessitera un besoin en vaccin important. Un autre moyen consisterait à vacciner en premier lieu les personnes les plus susceptibles de se contaminer. Ainsi ce sont surtout les populations vivant en collectivité ou dans des conditions favorisant la promiscuité (par ex: hôpital, EPHAD, prisons, hébergements collectifs) et les populations fréquentant des lieux propices aux contacts multiples (par ex: entreprises, lieux clos et transports en commun, ...) qui seraient visées.
Dans le cadre d'une circulation virale à bas bruit (scenario 3), l'intérêt sera de réduire la propagation de l’épidémie de Covid-19 au sein et au-delà du cluster indépendamment de facteurs de risque de contamination et de formes graves. Par conséquent, une vaccination en anneau ou «en bouclier» des contacts des cas détectés ou des lieux et collectivités dans lesquels surviennent les cas serait privilégiée. Dans cette hypothèse, le vaccin doit être en capacité d’induire une protection rapide dès la première dose et préférentiellement d’impacter sur le portage du virus.
Enfin, dans le cas d'une absence d'indicateur de diffusion du virus (dernier scenario), la HAS demeure très vague. La stratégie mise en oeuvre dépendra surtout du vaccin lui-même, notamment de la durée de protection qu'il confèrera.
Bien entendu, ces recommandations seront actualisées en fonction de l'évaluation des vaccins qui obtiendront une autorisation de mise sur le marché et des indications formulées par les autorités d’enregistrement. Par ailleurs, la HAS songe à saisir le Conseil national d'éthique sur les questions liées à la priorisation des populations à vacciner en fonction de la quantité de doses disponibles.
La quête d'un vaccin contre le Sars-Cov-2 fait l'objet d'une course planétaire effrénée, toutefois cela pourrait prendre au moins jusqu'au début 2021 pour qu'un vaccin soit prêt à être approuvé et disponible en quantité suffisante
pour un usage mondial, selon l'Agence européenne du médicament (EMA).
Le comité analyse, recherche et expertise (CARE) avait déjà posé les jalons d'une stratégie vaccinale
Le comité analyse, recherche et expertise (CARE) avait déjà publié un avis sur le sujet qui rejoint pour beaucoup les préconisations de la HAS, notamment en ce qui concerne les populations à vacciner prioritairement. En effet, là encore, les personnes à risque important d'exposition professionnelle sont citées en premier lieu dont notamment les soignants, puis les personnels au contact de la population comme les commerçants, les employés de banque ou les enseignants, suivis par les individus travaillant en milieu confinés à risque (les abattoirs par exemple). Ensuite, ce serait au tour des populations à risques : les personnes âgées, celles touchées par une pathologies chronique ou atteintes d'obésité. Sont citées par la suite les populations en situation de grande précarité. En second lieu, CARE suggère de vacciner la population ultra-marine, les personnes habitant dans des établissements fermés à risque accru de transmission, puis celles occupant des emplois stratégiques comme les policiers ou les sapeurs-pompiers.
L'avis rappelle que, une fois définies les populations cibles de la vaccination, l’organisation de celle-ci doit être réalisée au plus près des personnes concernées
. Les professionnels de soins de santé primaire sont ainsi parmi les acteurs à investir pour réussir une campagne de vaccination pertinente, efficiente et avec un haut niveau d’acceptabilité.
Il faudra sans doute prévoir une évolution des textes concernant la prescription et la réalisation de l’acte vaccinal, et ce, dans un objectif de sécurité. De même, la formation des professionnels est à anticiper. Enfin, le schéma vaccinal devra être simplifié avec une mise à disposition sans reste à charge. Une couverture intégrale du coût par la CNAM est essentielle pour favoriser une mise en place effective de cette vaccination et limiter les freins économiques à l’accès à la vaccination.
Rédaction Infirmiers.com
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