Une vie de raison et une vie de passion
Emmanuel Travier a au moins deux vies. Dans l’une, il est infirmier, dans l’autre, chanteur-auteur-compositeur. Il est très étonné quand on lui demande si la première inspire la seconde : comment seraient-elles étanches entre elles puisque c’est le même homme qui les mène ? Il a écrit une belle chanson « Fier », sur la mort et particulièrement sur l’euthanasie qu’un patient et sa famille demandait. Pour l’infirmier comme pour l’artiste, il arrive que l’important soit d’être en accord avec la vie telle qu’elle se présente, pleine de questions difficiles. Infirmiers.com lui a demandé comment il concilie ses deux vies.
Emmanuel Travier - La musique a toujours été ma passion. Mais je ne suis pas infirmier par défaut : j’ai choisi ce métier après avoir passé un BTS en électronique ! Je voulais donc vraiment l’exercer, ce que je fais depuis 12 ans.
Le métier d’infirmier me laisse une grande liberté pour organiser mon emploi du temps : je travaille essentiellement par intérim ou en CDD, dans des institutions très différentes les unes des autres. J’ai 7 ou 8 employeurs ! Mais je ne pratique pas la musique en amateur : je produis des albums de qualité professionnelle et je donne des concerts dans toute la France. C’est un vrai métier. Mener de front une carrière musicale et l’exercice d’une profession de santé me permet de gagner ma vie tout en ayant beaucoup de liberté pour l’organiser, par exemple, pour réserver un week-end à un concert. C’est pour cette exigence de liberté que j’ai créé avec d’autres artistes le label Lest Production: je ne veux pas que l’on me dicte ce que je chante. Le texte de « Fier » serait différent si j’avais eu un commercial me demandant d’adoucir certaines phrases pour ne pas choquer le public, ou l’idée qu’il s’en fait.
Fier est le seul texte directement inspiré par ton métier d’infirmier. Pourquoi ?
E.T. - Je ne sais pas. Les chansons mettent parfois très longtemps à mûrir avant que je les écrive d’autres pas. J’ai mis dix ans à faire celle sur les Camisards. « Fier » raconte une situation que j’ai vécue il y a longtemps : un acte d’euthanasie demandé par le patient et sa famille, avec lequel toute l’équipe soignante était d’accord, y compris moi-même.
D’une manière générale, es tu favorable à l’euthanasie ?
E.T. - Je ne réfléchis pas comme ça. Dans cette situation là, avec quelqu’un qui venait de rompre une fistule, qui souffrait beaucoup, qui de toute façon allait mourir bientôt et qui avait demandé à ce que sa souffrance soit adoucie quitte à ce que la mort arrive plus tôt, il était évident pour toute l’équipe que nous allions faire ce que la famille, le malade et le corps médical allait demander. Ma chanson ne prétend pas défendre une thèse. Elle est un témoignage, comme il y en a beaucoup d’autres, pour briser peut être le tabou autour de ce problème.
J’ai travaillé dans des endroits où il n’y avait pas de réunion d’équipe, pas de discussion. J’imagine que dans d’autres services, les choses auraient été très différentes avec le même patient. Je ne dis pas que c’est une décision simple. Je revois cet homme avec toute sa souffrance… Cela se passait au moment du siège de Sarajevo. On voyait toutes ces images horribles à la télévision. Pour moi, ce patient vivait Sarajevo. Il pouvait partir en paix.
Les images de ton clip sont très paisibles, justement.
E.T. - Oui, parce que tout le monde était d’accord pour que le patient parte le plus tranquillement possible. C’était évident. Mais j’ai aussi fait cette chanson pour exorciser le souvenir de ce moment.
Pour voir le clip « Fier » : http://www.dailymotion.com/swf/x82mwk
Webographie
Les sites d’Emmanuel Travier :
Serge Cannasse
serge.cannasse@wanadoo.fr
http://www.carnetsdesante.fr
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