La rapidité avec laquelle l’épidémie a flambé depuis la Chine jusqu’en Europe puis en Amérique a surpris tout le monde, y compris la communauté scientifique. Afin d’éviter une nouvelle vague, les spécialistes poursuivent leurs recherches afin d’améliorer les connaissances sur ce nouveau virus et de connaître au mieux les modes de transmission de ce pathogène. Durant le confinement, certaines études ont suggéré que le risque de contamination via des surfaces était réel mais le biais entre les conditions expérimentales et la vie quotidienne pousse à relativiser, selon un avis d’expert paru dans The Lancet Infectious Desease.
Combien de particules virales sont contenues dans les gouttelettes émises par une personne infectée par le Sars-Cov-2 ? Combien faut-il de particules virales pour contaminer une personne ? Quel est le risque d’être contaminé après avoir touché un objet comme une poignée de porte ? Si toutes ces questions semblent fondamentales surtout pour limiter la circulation du Covid-19 toujours présent sur notre territoire, il est compliqué d’y répondre. Au stade d’une pandémie, il est primordial d’essayer d’obtenir des éléments sur les modes de transmission du virus car, encore aujourd’hui, de nombreuses inconnues demeurent. Pour le moment, ce sont les gouttelettes émises par un individu porteur du virus lorsqu’il tousse, éternue ou postillonne et quand il parle qui sont les vecteurs notables de la propagation du Covid-19, notamment dans les lieux clos. Les clusters récemment découverts dans les boîtes de nuit ou dans les abattoirs en sont des exemples pertinents.
Toutefois, en ce qui concerne les objets potentiellement contaminés par le pathogène suite à un contact avec une personne porteuse, beaucoup de choses ont été entendues et le risque d’être contaminé par ce biais a été évoqué dans certains travaux scientifiques. Pourtant, d’après un article publié dans The Lancet Infectious Desease écrit par le Pr Emmanuel Goldman, microbiologiste exerçant dans une école de médecine au New Jersey, il existe un fossé entre les conditions mises en place en laboratoires et ce qui se passe dans la vie réelle. Un risque cliniquement significatif de transmission du coronavirus (SRAS-CoV-2) par des fomites (surfaces ou objets inanimés) a été supposé sur la base d'études qui ressemblent peu à des scénarios réalistes
, argumente-t-il.
Du virus très concentré
Entre les méthodologies employées lors des différents travaux ayant donné des résultats quelque peu alarmistes sur la persistance du coronavirus sur les surfaces de contact et la transmission en conditions réelles il y aurait une marge non négligeable, notamment en ce qui concerne les échantillons du virus utilisés. En effet, le spécialiste remarque que les concentrations virales testées lors des expérimentations sont particulièrement élevées.
Par exemple, la durée de survie la plus longue sur des objets était estimée à 6 jours avec un échantillon initial de l’ordre de 107 particules du Sars-Cov-2 sur la surface examinée. Une autre étude a évalué ce chiffre à 4 jours et cette fois c’est un titrage de 106 particules qui a été employé. Encore d’autres recherches ont établi une durée de vie d’environ 2 jours pour le Sras et le Covid-19 sur un support matériel et 3 jours dans les aérosols produits en laboratoire. Cette fois encore la quantité de virus testée était importante : 105à 106 particules par ml dans les aérosols et 104 sur les surfaces, des quantités peu probables dans la vraie vie.
Des échantillons comprenant entre 104 et 106 particules sur une petite surface représentent des quantités considérablement supérieures à celles contenues dans une gouttelette émise par un patient. Pour être plus près de la vérité il faudrait les réduire de plusieurs ordres de grandeurs.
L’écart entre le milieu d’un laboratoire et la vie quotidienne
A titre de comparaison, quelles sont les quantités de virus au potentiel infectant présentes dans les fameuses gouttelettes émises par une personne porteuse ? Je n’ai pas trouvé d’estimation
, poursuit le chercheur. Cependant, il en existe du virus grippal. En effet, la concentration a été évaluée entre 10 et 100 particules virales dans une gouttelettes, et une quantité encore plus faible sur des essais sur plaque. En parallèle, une autre étude s’est penchée sur d’autres coronavirus humains. Elle révèle que le coronavirus 229E ne survit que 3h et celui baptisé OC43 à peine 1h sur diverses surfaces y compris de l’aluminium, des gants chirurgicaux en latex et des éponges stériles. Enfin des travaux ont davantage tenté d’imiter les conditions réelles et n’ont pas détecté de particule du SRAS viables sur les surfaces.
Je ne conteste pas les résultats de ces études, seulement leur transposition à la vie quotidienne
, précise le Pr Goldman. Au vu des données actuellement disponibles, et selon mon opinion, le risque de transmission par un contact avec des objets est très faible
, affirme le scientifique. Selon lui, la seule possibilité pour qu’il y ait contamination d’une personne à une autre par ce moyen est qu’un individu atteint tousse ou éternue à cet endroit et qu’un autre touche la surface en question dans un intervalle de temps d’une à deux heures. Une situation pas impossible mais qui reste peu probable. Je ne suis pas contre le principe de prudence mais cela ne doit pas aller dans des extrêmes non justifiés par les données
. Bien sûr, la désinfection périodique des surfaces et l'utilisation de gants sont des précautions raisonnables et nécessaires, en particulier dans les hôpitaux
, mais toujours selon l’expert, il faut éviter de basculer dans l’excès de mesures car elles peuvent devenir contre-productives
.
Alors que les cas repartent à la hausse, la population ne peut pas relâcher ses efforts face aux mesures barrières et les chercheurs doivent poursuivre leur travaux afin de comprendre au mieux les voies de transmission du virus.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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