PARIS, décembre 2003 (Reuters Santé) - Pour prendre en charge la fièvre de l'enfant, symptôme banal et fréquent qui représente un motif de consultation fréquent avant l'âge de trois ans, certaines précautions doivent être prises tant par les parents que par les professionnels de santé qui les conseillent.
Les règles élémentaires à appliquer dans de telles situations sont rappelées par les Dr Lea Eiland et Bruce Berger, qui font notamment le point sur le bon usage des médicaments d'automédication disponibles dans le dernier numéro de la revue "US Pharmacist".
En premier lieu, les deux pharmaciens rappellent que la fièvre n'est pas une maladie, mais un symptôme lié à une infection virale ou bactérienne, un coup de chaleur, une déshydratation ou encore un désordre neurologique par exemple. Dans ces situations, des pyrogènes (substances chimiques capables de provoquer une élévation de la température de l'organisme) sont libérés et entraînent une augmentation du "thermostat" du corps, réglé au niveau de l'hypothalamus, une région du cerveau.
Si une forte fièvre peut représenter un danger pour l'organisme, une fièvre modérée constitue une réaction de défense de l'organisme, car l'élévation de la température crée un milieu hostile à la survie des pathogènes.
QUE FAIRE ?
Quant un enfant a la fièvre, la première étape, fondamentale, consiste à mesurer précisément sa température : il ne faut pas se contenter de méthodes subjectives (comme apprécier la température en posant la main sur le front de l'enfant, par exemple), rappellent les auteurs.
L'appareil de mesure le plus précis reste le thermomètre rectal électronique. En effet, le thermomètre auriculaire, facile à utiliser, peut fausser la mesure quand il est mal positionné. Quant à un thermomètre placé sous la langue, il doit être maintenu au moins une minute dans cette position pour permettre une mesure correcte, or cela n'est généralement possible qu'à partir de l'âge de 4 ou 5 ans. Enfin, la température axillaire (sous l'aisselle) n'est pas assez fiable pour être prise en considération chez l'enfant.
La température doit être prise à intervalles réguliers, y compris la nuit, en prenant en compte le fait qu'elle varie au cours de la journée (de 36°C le matin à 37,5°C en fin d'après-midi chez l'enfant) et que des facteurs extérieurs (conditions climatiques, repas, activité physique) peuvent provoquer son élévation. Généralement, on définit chez l'enfant une fièvre modérée entre 37,5°C et 38,5°C, une forte fièvre entre 38°6 et 40°C. Au-delà de 40°C, des risques de complications (délire, coma...) apparaissent, en fonction de l'âge de l'enfant et de la durée du symptôme.
La prise en charge de la fièvre repose sur le diagnostic et le traitement de ses causes. Si les nourrissons de moins de trois mois, qui présentent un risque plus élevé d'infection, doivent systématiquement être auscultés par un médecin, tout comme les enfants qui présentent une fièvre importante et prolongée, de nombreux enfants peuvent cependant supporter une fièvre modérée et de courte durée sans nécessiter d'intervention médicale, expliquent les auteurs.
Dans ce cas, différentes stratégies non pharmacologiques peuvent soulager l'enfant : lui faire porter des vêtements légers et amples, lui donner à boire régulièrement pour éviter la déshydratation, ne pas surchauffer la pièce et bien l'aérer.
En revanche, les bains frais (dont la température est inférieure de 2°C à la température rectale) et enveloppements frais ne doivent être utilisés qu'avec la plus extrême prudence car ils peuvent provoquer un choc thermique par refroidissement trop brutal. En outre, ils ne traitent pas les causes primitives de la fièvre.
ATTENTION AUX SURDOSAGES
En ce qui concerne les médicaments disponibles en automédication, la principale précaution consiste à ne pas dépasser les doses maximales autorisées.
C'est pourquoi même si certains professionnels de santé recommandent d'alterner paracétamol (le plus fréquemment utilisé, bien toléré, le plus sûr) et ibuprofène (effets secondaires, notamment digestifs), pour traiter la fièvre et soulager les autres symptômes associés, les auteurs déconseillent l'association de plusieurs médicaments antipyrétiques. Alors que le gain d'efficacité de cette méthode n'est pas démontré scientifiquement, elle augmente les risques d'effets indésirables, complique le traitement et majore le risque d'oublis ou d'erreurs pouvant provoquer un surdosage dangereux, indiquent-ils.
Enfin, bien que l'aspirine soit efficace pour faire chuter la température corporelle, en France, son utilisation est déconseillée dans le cadre des maladies virales de l'enfant, car elle peut provoquer un syndrome de Reye (une maladie aiguë rare, potentiellement fatale, caractérisée par une atteinte du système nerveux central et du foie), concluent les auteurs./mr
(US Pharmacist, décembre 2003, vol. 28, n° 12)
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