Les débats de ce 35e Salon infirmier se sont ouverts sur une actualité douloureuse, au lendemain de la mort, à l'hôpital de Reims, d'une infirmière, poignardée par un patient. «C'est terrible parce qu'elle faisait son métier pour nous, pour le ciment social qu'est la santé, pour remplir une mission de service public et c'est intolérable de penser que le matin, on peut se lever et ne pas rentrer chez soi», a déclaré Patrick Chamboredon, président de l'Ordre National des Infirmiers dans son allocution d'ouverture. Une minute de silence a été respectée.
Au-delà de l’émotion, l’événement a relancé le débat sur la sécurité des soignants, en ville comme à l’hôpital. L'Ordre, qui s'est emparé du sujet, «a monté un observatoire où les infirmiers peuvent déclarer de façon à enclencher toute la mécanique de l'Ordre : l'entraide avec des mesures qui peuvent être mises en place, qui vont de l'entretien confraternel à l'aide pour le dépôt de plainte voire à un soutien financier», a détaillé Patrick Chamboredon. Le but est aussi d’avoir des chiffres précis sur lesquels s’appuyer concernant le type de violences subies, afin de mesurer ce qui se passe réellement sur le terrain. Or, faire remonter ces informations n’est pas encore un réflexe pour les soignants, explique Véronique Pechey, vice-présidente de l’Ordre National des infirmiers.
Nouveaux espoirs
Répondre au besoin criant d’attractivité du secteur, fidéliser les professionnels, donner des perspectives… le ministre de la Santé François Braun a arpenté pendant quelques heures les allées de ce SantExpo 2023. Dans son discours, il a promis d’accélérer la transformation de l’hôpital pour lui donner un nouveau souffle. Pour relever ce défi de taille, le ministre mise sur davantage de «liberté d'organisation» et «plus de flexibilité, d'agilité pour que chaque service ait la capacité d'adapter son fonctionnement, en temps réel, aux besoins rencontrés». En s'attaquant y compris à des «serpents de mer», comme la tarification à l'activité (T2A), le temps de travail ou encore l'actuelle organisation de la gouvernance hospitalière.
Côté infirmier, les travaux de refondation de la profession soulèvent de nouveaux espoirs. Annoncée pour la rentrée 2024, la réforme doit, comme l’a résumé François Braun, permettre le passage « d’un encadrement strict des actes autorisés à une approche plus agile autour de grandes missions ». Le décret qui définit les actes infirmiers - et qui n'a pas été modifié depuis presque vingt ans - sera donc revu de fond en comble. Une petite révolution qui fait dire à Brigitte Feuillebois, infirmière représentante au niveau européen et auprès de l’OMS, que le métier se trouve à un moment charnière de son histoire.
Un salon résolument tourné vers l'avenir
Les enjeux de cette refonte sont importants : répondre aux besoins de santé mais aussi attirer et fidéliser les infirmiers, et notamment les jeunes. Alors que 10% des étudiants arrêtent leur formation durant leur première année, ils ont plus que jamais besoin de perspectives d’évolution.
Tables rondes, conférences, ateliers, débats ont rythmé ces trois jours autour de trois mots clés : «Prévention, territoire et interprofessionnalité». Lors de ce salon infirmier, les échanges étaient résolument tournés vers l’avenir : « Profession infirmière, champ des possibles », « Quels évolutions et besoins de santé » faisaient partie des thèmes abordés. Car sur l’avenir du métier et du système de santé dans son ensemble justement, les attentes n’ont jamais été aussi fortes.
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