Au fil des années, la palette des soins s'agrémente de subtiles nuances techniques et pratiques. De ce prendre soin devenu polymorphe, en perpétuelle évolution, se dessinent également de nouvelles perspectives professionnelles pour celles et ceux qui rêvent de conjuguer l'expérience soignante et une nouvelle façon d'interpréter le soin. Ainsi, après plusieurs années passées dans un établissement ou un service de soins, qui n'a jamais rêvé de franchir ce cap du rêve vers la réalité ? Camille Boursier, infirmière, l'a fait et nous le livre, mêlant expérience passée, aventure présente et projection future dans une reconversion professionnelle tout en douceur : praticienne en massage bien-être, spécialiste de la périnatalité.
Infirmiers.com - Bonjour Camille, vous considérez vous encore comme une infirmière ou êtes-vous dorénavant et exclusivement praticienne en massage ?
Camille Boursier - Bonjour, je pense qu’une fois que l’on a porté la blouse blanche, nous la porterons pour toujours. Je suis révoltée par ce qui se passe à l’hôpital et je soutiendrai toujours mes collègues. Cependant, je me considère maintenant plus comme cheffe d’entreprise et praticienne en massage bien-être. Pour moi, le massage c’est prendre soin mais autrement. C’est un vrai moment de pause pour les femmes qui viennent me voir, c’est une bulle où leur vie à mille à l’heure ne s’arrête rien qu’une heure, où elles peuvent faire vagabonder leurs pensées, s’arrêter, prendre le temps, et parfois dormir.
I. C. - Qu'est-ce qui vous a conduit à orienter votre carrière soignante vers cette profession singulière ?
C. B - Je ne me reconnaissais plus dans mes prises en charge avec les patients. J’ai grandi dans une famille où l’on se soignait plus avec des plantes qu’avec des médicaments. Même si la médecine est primordiale, une prise en charge globale peut aussi passer par d’autres aspects (nutrition, confiance en soi, être bien dans sa tête). La maladie peut jouer sur la personne physiquement mais aussi psychologiquement. Je trouvais qu’à l’hôpital on soignait bien la maladie mais pas la personne dans son intégralité.
I. C. - En quoi consiste la fonction de praticienne en massage ?
C. B - Le métier de praticienne en massage bien-être est basée sur une formation que j’ai suivie sur 250 h, afin de me former aux différentes techniques de massage. Dans ma spécialité de la périnatalité, il était très important pour moi de connaître les bons gestes à avoir. Notre fonction est, grâce à des techniques de relaxation, de procurer une détente corporelle. Le but est d’obtenir un bien-être général par le lâcher-prise.
I. C. - Dans l'exercice quotidien de votre profession, pensez-vous que votre expérience d'infirmière soit un plus ? Quel regard portez-vous sur les mamans qui vous consultent ?
C. B - Oui c’est vraiment un avantage pour moi. Je me sentais déjà à l’aise face à un corps, ce qui peut ne pas être évident pour ceux qui débutent. Le principal lors d’un massage est que la personne se sente en sécurité, d’avoir un regard bienveillant et des mots rassurants. Chaque femme qui vient est unique, c’est pourquoi mes massages le sont aussi car elles n’ont pas toutes les mêmes envies (pression, douleur...).
La maladie peut jouer sur la personne physiquement mais aussi psychologiquement. Je trouvais qu’à l’hôpital on soignait bien la maladie mais pas la personne dans son intégralité.
I. C. - A celles et ceux qui se poseraient la question, quelle est la reconnaissance officielle d'une praticienne en massage ? Ne vous colle-t-on pas une étiquette de "charlatan" pratiquant un exercice de médecine "parallèle" ?
C. B - Effectivement, il n’y a aucune reconnaissance officielle. N’importe qui peut se dire praticien en massage bien-être sans avoir passé aucune formation. Je précise toujours que c’est un massage bien-être et non thérapeutique. Quand j’en vois la nécessité, je renvoie certaines femmes vers des kinésithérapeutes ou des ostéopathes. Je ne remplace en aucun cas leurs pratiques. Le massage, c’est vraiment juste pour profiter d’un moment juste pour soi et de détente.
I. C. - Enfin, pour les infirmier(e)s désireux de se reconvertir, quels bons conseils donneriez-vous avant de franchir le cap ?
C. B - Tout d’abord, il faut trouver une bonne formation auprès d’un organisme sérieux. Vous pouvez commencer par faire une première formation, pour voir si vous aimez masser car c’est une activité où l’on est toujours en contact avec l’autre. Une fois votre formation terminée, il est primordial de se rapprocher de structure où d’autres professionnels qui exercent. Pour autant, la compétence en massage s'associe tout à fait avec la profession infirmière exercée jusqu'alors. Ainsi, cela peut être l'occasion d'offrir des plages "bien-être" aux patients, aux résidents, voir même à ses propres collégues ! Se reconvertir ne signifie pas exclusivement tout quitter, cela est d'abord et surtout un moyen privilégié de se donner un second souffle et de gagner en congruence dans sa pratique. Dans le cas où ce n'est définitivement plus possible, gardez à l'esprit que, changer de métier, c’est retrousser ses manches et ne jamais lâcher ! Cependant, si c’est vraiment ce qui vous fait vibrer alors, vous y arriverez !
La compétence en massage s'associe tout à fait avec la profession infirmière exercée jusqu'alors. Ainsi, cela peut être l'occasion d'offrir des plages "bien-être" aux patients, aux résidents, voir même à ses propres collégues !
Se reconvertir, oui, mais dans une démarche éthique
Réaliser de vieux rêves professionnels est un chemin qui doit être fléché, et bien documenté, afin d'être parcouru sans embûches. Dans le domaine de la reconversion, nombreux sont les organismes de formation à proposer des solutions d'évolutions professionnelles, n'hésitez pas à analyser l'ensemble des alternatives proposées, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses ! Néanmoins, prenez tout de même garde. Beaucoup délivrent des certifications, des attestations de suivi plutôt que des diplômes reconnus par l'Etat en dépit du fait qu'ils pratiquent des tarifs exhorbitants.
A la façon de Camille, qui exerce l'art d'une pratique "non conventionnelle", soyez prudent(e)s et gardez toujours sur votre tête votre double casquette lorsque vous choisirez votre future orientation. Celle d'un professionnel de la santé, garant de la santé d'autrui sous toutes ses formes, et celle d'un soignant, attentif au mieux-être de la personne. Car, si maitriser tout un panel de différentes formes du "prendre soin" est tout à fait légitime et encourageable dans un monde où la polycompétence devient la norme, il n'en reste que vous conservez une responsabilité professionnelle : la sécurité.
Propos recueillis pour la rédaction d'Infirmiers.com par Alexis Bataille, ESI 2e année, AS.
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?