« Loin des yeux loin du cœur ». Qui pourrait penser que cet adage s’applique même aux sous produits des activités de soins ? Et pourtant : nos rejets les plus visibles et les plus incontournables : les déchets solides ont, depuis plus de 10 ans maintenant, fait l’objet d’une réglementation concernant leur stockage, leur transport et leur traitement. Les régions ont même établi des plans de collecte et de traitement.
Les rejets radioactifs des centres de médecine nucléaire ont, eux aussi, été largement réglementés. Le non respect de cette réglementation a parfois été mis en évidence par des associations spécialisées comme la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité.
En revanche, ni le crépitement d’un compteur Geiger, ni la ronde incessante des camions de collecte de déchets ne permettent la mise en évidence de l’intarissable source de nos effluents liquides.
Ce flot continu disparaît aussi rapidement que discrètement de nos salles de soins sans bruit, sans containers, sans consignes, ni bordereaux d’élimination... et sans réglementation !
Certes il existe des stations d’épuration destinées à épurer nos eaux usées mais les bactéries qui y jouent l’essentiel du traitement sont malheureusement bien mal armées pour dégrader ces nombreuses molécules issues de la synthès(1). Pire, leur survie est compromise par les rejets d’antibiotiques notamment.
Notons au passage que les produits de dégradation des médicaments sont parfois plus dangereux que les molécules qui leur ont données naissances. Des composés peuvent se former lors de leur métabolisation dans le corps humain, après leur rejet dans les égouts, dans les stations d’épuration ou dans le milieu naturel qui recevra, in fine, nos effluents.
Ainsi, nombre de médicaments ou leurs descendants s’observent et se mesurent aujourd’hui dans les cours d’eau. Antibiotiques, anti-inflammatoires, antiépileptiques, anticancéreux, hormones... le cocktail est impressionnant. Et du milieu naturel à l’eau du robinet, il n’y a qu’un pas : celui de l’usine de production d’eau potable guère plus adaptée aux traitements de ces molécules... Certes les concentrations retrouvées dans l’eau du robinet sont extrêmement faibles mais sont elles pour autant sans effet ? L’Académie de pharmacie, saisit du dossier déclarait récemment « Concernant le risque humain d’exposition aux substances pharmaceutiques par la consommation des eaux de boisson, il est montré que dans l’état actuel des connaissances, cette exposition à des concentrations inférieures à la dizaine de nanogramme(2) par litre ne présente pas de risque ». Pourtant, loin de ces propos rassurants, de nombreux spécialistes pointent nos méconnaissances des conséquences de l’exposition à long terme à ces substances. La question est d’autant plus préoccupantes que ces substances peuvent interagir les unes avec les autres avec des effets de synergie aujourd’hui quasi-inconnus.
Déjà dans les milieux naturels les scientifiques observent des effets de féminisation des poissons ou le développement de bactéries résistantes...
En attendant des études qui nous permettent de mieux évaluer le risque et des traitements plus efficaces (mais aussi probablement plus coûteux) pour le traitement de nos effluents ou de l’eau de boisson, des mesures simples et salutaires pourraient être misent en place :
- respecter les consignes d’usage des médicaments et de leur élimination (quand elles existent !)
- être attentif aux filières d’élimination de nos déchets liquides dès qu’elles apparaîtront et ne pas hésiter à agir et communiquer dans son institution afin qu’elles s’y mettent en place. Vous pouvez, à ce propos, contacter le C2DS(3) qui travaille auprès des fournisseurs comme des professionnels pour la prise en compte de ces problématiques
- Ne pas rejeter les médicaments non utilisés dans les toilettes ou évier mais les ramener chez les pharmaciens
- Enfin, tout autant efficace pour nos ressources en eau que pour la branche maladie de la sécurité sociale : limiter l’usage des médicaments : le médicament le moins dangereux pour l’environnement ... est celui qui n’est pas acheté !(4)
- Selon Hélène Budzinski de l’Institut des sciences moléculaires de Bordeaux. Dans les stations d’épuration, l’aspirine est dégradée à plus de 90 % mais certains composés comme la carbamazépine (antiépileptique) ou le diclofénac (anti-inflammatoire) ne se dégradent quasiment pas. Pour lire une interview de l’auteur : http://www2.cnrs.fr/presse/journal/3616.htm
- Le nanogramme correspond au milliardième de gramme (10-9 g)
- Comité pour le Développement Durable en Santé : http://c2ds.free.fr/
- Rappelons à ce propos que les français sont les plus gros consommateurs de médicaments d’Europe et les 2èmes au Monde derrière les Américains.
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