Une intersyndicale s’est constituée pour défendre le niveau de formation en IFSI, et lance une pétition nationale. Cette pétition est à l’appel des organisations représentatives de tous les secteurs d’activités de la profession. Elle fait suite à une proposition de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) de réduire la durée de formation en IFSI de 4.760 heures à 4.200 heures.
L'intersyndicale comprend :
[list">[*">Les fédérations Santé Social CFTC, CFE-CGC et UNSA,
[*">Les syndicats d’infirmières de l’éducation nationale SNICS FSU, SNIES UNSA et SNAIMS
[*">Les syndicats d’infirmières libérales FNI, ONSIL et Convergence Infirmière,
[*">Les syndicats d’infirmières salariées Coordination Nationale Infirmière et SNPI[/list">
Voici leur argumentaire :
"Lors de la réunion du 30 septembre 2008 du groupe « réingénierie du diplôme » du Ministère de la Santé, la DHOS (Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins) a présenté divers documents pour le nouveau programme de formation initiale en IFSI (objectif rentrée septembre 2009). « Rédigé en petit comité choisi », le document de la DHOS "IDE Durée de la formation" propose de réduire la durée de formation de 4.760 heures (depuis la réforme de 1979) à 4.200 heures !
Cette baisse est dangereuse pour la qualité des soins. Comment réduire le temps de formation de 560 heures (-12%) alors que la technicité augmente, que la demande de soins s’accentue avec le vieillissement de la population, et que la réduction de la durée moyenne d’hospitalisation confère aux infirmiers à domicile un rôle de premier recours dans la prise en charge de cas complexes ? Cette baisse est incohérente. Pourquoi moins former les IDE, alors que du fait de la démographie médicale, le ministère souhaite organiser des transferts de compétences, et prône la coopération entre professionnels de santé ?
Cette baisse va à l’encontre du sens de l’Histoire. Pour tenir compte de l’évolution des compétences, le temps de formation a toujours augmenté : 22 mois en 1961, 28 mois en 1972, 33 mois en 1979, et 38 mois en 1992.
Cette baisse va à l’encontre des recommandations européennes. La directive européenne de 1977, reprise par la Directive Européenne 2005/36/CE du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, précise que "La formation d’infirmier responsable de soins généraux comprend au moins trois années d’études ou 4 600 heures d’enseignement théorique et clinique, la durée de l’enseignement théorique représentant au moins un tiers et celle de l’enseignement clinique au moins la moitié de la durée minimale de la formation."
Nous serons donc en dessous de cette norme, alors que déjà cinq pays ont des études universitaires en quatre ans (Bulgarie, Espagne, Portugal, Grande Bretagne et Pays Bas), un sixième est à 3 ans ½ (Danemark), et les autres pays de l’union Européenne ont une formation universitaire en trois ans.
Voulons nous que la France ait les IDE les moins formées d’Europe ?
Cette baisse est incompatible avec le système LMD (Licence, Master, Doctorat), car une licence correspond à 180 crédits européens ECTS, soit une formation de 4.500 à 5.400 heures (un ECTS vaut 25 à 30 heures). La réforme globale de la filière de formation infirmière (formation initiale et post diplôme) doit être réalisée dans le cadre de l’enseignement supérieur.
Conformément à la réforme LMD, nous souhaitons une reconnaissance à Bac +3 du DE, revendiquée par toute la profession depuis 1979.
La pétition est à envoyer aux adresses indiquées en page 2 du document en téléchargement."
http://www.syndicat-infirmier.com/article.php3?id_article=711
Mais faut-il former avec plus de temps ou mieux former les personnes et les former à ce dont elles ont besoin ? Nous avons actuellement un programme de modules et d’empilement de connaissances. Les infirmières ont-elles besoin de tout cela, alors que les reproches des terrains de stage ou des services sont que les étudiants en soins infirmiers sont mal adaptés à ce terrain.
Pétitions et appels à manifestations se multiplient dans la profession infirmière. Les nombreuses réformes actuellement en projet, comme la réforme de la politique de santé, la formation des paramédicaux ou le LMD, sont autant de sujets qui peuvent mobiliser. Cependant, on ne peut pas accuser aujourd’hui les institutions de prendre à bras le corps des dossiers en souffrance depuis de nombreuses années. Des groupes de travail réfléchissent à la mise en œuvre pratique des réformes. Une concertation sera ouverte entre professionnels à partir du 17 novembre sur le LMD.
Il est naturel que les organisations associatives ou syndicales manifestent leur attachement à défendre leurs positions. N’oublions pas que la plupart de ces organisations sont au sein des groupes de travail et défendent déjà tel ou tel avis. La multiplicité des organismes dits représentatifs n’est malheureusement pas de nature à simplifier les choses.
Tout le monde veut participer ou donner son avis sur tout et n’importe quoi, et c’est matériellement bien impossible. Il manque une certaine cohésion de la profession pour peser pleinement dans ces réformes.
On peut donc voir ici l’utilité de l’ordre des infirmiers qui devrait normalement parler au nom de tous…
M. Guy ISAMBART
Rédacteur en chef
https://www.infirmiers.com
guy.isambart@infirmiers.com
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