Plusieurs organisations syndicales et élus ordinaux ont dénoncé dans des communiqués distincts le montant de la cotisation annuelle de l'Ordre infirmier fixée vendredi à 75 euros.
Le montant de cette cotisation "obligatoire pour tous les infirmiers et infirmières en exercice" a été décidée vendredi après une journée d'échange avec les 100 présidents des conseils départementaux de l'Ordre infirmier et les 23 présidents de région.
Dans un communiqué publié vendredi, la Coordination nationale des infirmiers (CNI) rappelle qu'elle était favorable à la création de l'Ordre mais dénonce le montant de la cotisation "beaucoup trop élevé".
Elle estime que ce montant "dépasse largement les prévisions les plus sombres". Cette cotisation est "en complète contradiction avec le projet initial, les propos ministériels, les engagements pris au travers des professions de foi des candidats aujourd'hui élus" et est une "véritable trahison de la profession".
Lors d'une audition devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale en janvier 2008, Roselyne Bachelot avait indiqué qu'elle souhaitait une cotisation à l'Ordre "la moins élevée possible" étant donné le nombre de professionnels concernés.
La fédération CFDT santé-sociaux juge, dans un communiqué publié lundi, ce montant comme "une provocation injuste et scandaleuse". "Dans une période de récession économique, voici un nouveau mode d'amputation du pouvoir d'achat des infirmiers par un Ordre prétendant défendre leurs intérêts", déplore l'organisation.
Cette cotisation va "annuler, de fait, toutes les prochaines valorisations salariales espérées depuis longtemps par l'ensemble de la profession infirmière", poursuit le syndicat qui demande l'abrogation des lois instaurant les ordres ou "au moins leurs aménagements". Si les ordres sont maintenus, "l'adhésion doit y être uniquement volontaire", demande la fédération.
La fédération CGT Santé et action sociale demande aussi dans un communiqué publié lundi l'abrogation de toutes les lois portant création de structures ordinales. Selon elle, le gouvernement a décidé la création de l'Ordre infirmier pour "mettre en place ses multiples réformes", comme la loi portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST).
Elle note ainsi qu'un amendement a été intégré pour permettre l'inscription automatique à l'Ordre infirmier pour les professionnels en exercice. Il s'agit, selon le syndicat, d'éviter les conflits qui se sont produits pour les masseurs-kinésithérapeutes qui ont refusé de s'inscrire au tableau de l'Ordre. La fédération précise qu'elle soutient tous les professionnels poursuivis par les conseils de l'Ordre.
FO LANCE UN APPEL A LA GREVE DE COTISATION
La fédération des personnels des services publics et des services de santé FO réitère pour sa part sa demande de "moratoire" sur la mise en place de l'Ordre. Elle affirme que les personnels infirmiers n'admettent pas cette "obligation de payer pour travailler". Elle indique qu'elle "lance un mot d'ordre de grève de la cotisation" et qu'elle "prend contact avec toutes les organisations syndicales pour étudier les modalités d'actions".
De son côté, le conseil départemental de l'Ordre des infirmiers de Charente-Maritime estime qu'une telle décision ne pourra "que nourrir les motivations des détracteurs et les craintes des infirmiers et infirmières".
Il rappelle, dans un communiqué publié samedi, que lors de la première rencontre des présidents des conseils départementaux et régionaux le 24 octobre 2008, une très large majorité s'était prononcée en faveur d'une cotisation de 30 euros. Le groupe Sainte-Anne, une des principales organisations à l'origine de l'Ordre infirmier, avait également plaidé pour une cotisation "raisonnable" de 30 euros, souligne-t-il.
Le conseil départemental regrette le manque de transparence sur l'hypothèse budgétaire, présentée lors de la réunion mercredi des conseils départementaux et régionaux.
A la mi-mars, le conseil départemental de l'Ordre infirmier de Paris avait également demandé une cotisation de 30 euros, rappelle-t-on.
Dans un communiqué publié vendredi, Christophe Guilard, conseiller départemental du Calvados, trésorier adjoint du conseil régional et conseiller national suppléant de l'Ordre infirmier, indique qu'il est opposé à la décision fixant la cotisation à 75 euros et votera "systématiquement contre les budgets se basant sur ce montant, à la fois au niveau du département (...) et au niveau régional".
Avec ce montant, l'Ordre infirmier sera "une des plus riches institutions". Il précise qu'une cotisation de 30 euros correspondrait à un budget de 13 millions d'euros par an. "Associé à une gestion saine et [à"> la mise en place de moyens en fonction de notre budget, et non l'inverse, ce budget serait confortable", affirme-t-il.
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