Le Centre hospitalier de Versailles a montré que le surcoût de la PCR pour dépister les patients porteurs de staphylocoques dorés résistants à la méticilline (Sarm) à leur arrivée à l'hôpital est compensé par les économies sur les surblouses utilisées en cas d'isolement des patients positifs.
Le CHU de Rouen a fait le même type de calcul pour l'utilisation de sondes non conventionnelles -des sondes d'intubation à aspiration sous-glottique- dans la prévention des pneumopathies acquises sous ventilation en service de réanimation.
L'isolement des patients à risque est "le fondement" de la prévention de la diffusion des Sarm. Mais pour qu'il soit efficace, il faut qu'il soit mis en place "le plus tôt possible à l'arrivée" du patient à risque et qu'il soit "levé le plus rapidement si le patient n'est pas porteur", rappellent le Dr Pierre Allouch et ses collègues, du CH de Versailles, dans un résumé écrit.
La PCR en temps réel constitue un "outil de choix dans la lutte contre les Sarm" parce qu'elle permet un dépistage rapide des porteurs de la bactérie. "Cette technique est cependant grevée par le coût du consommable et, ce, à un moment où la T2A [tarification à l'activité"> nous oblige à des économies", soulignent-ils.
Les chercheurs ont donc évalué son coût et l'ont comparé au prix des surblouses utilisées en cas d'isolement, dans le service de réanimation de 17 lits de l'établissement sur une période d'un an en 2007.
Dans ce service, 454 patients ont été admis en un an, dont 408 avec des facteurs de risque d'importation de Sarm. Une PCR a été réalisée pour 196 patients, un dépistage par technique classique de culture pour les 212 autres patients, sachant qu'il faut, en moyenne, 0,64 jour pour connaître les résultats avec la PCR, contre 2,66 jours avec la culture.
Les chercheurs ont considéré que 72 surblouses étaient économisées en moyenne avec un test de dépistage réalisé par PCR, sachant que, pour un isolement, l'équipe utilise 36 surblouses et que le surcoût d'une surblouse par rapport à un tablier est de 0,72 euro dans l'établissement.
Ils ont montré que, pour un patient donné, le surcoût de la PCR par rapport à la culture, en termes de consommables de laboratoire, était de 37,66 euros, à comparer à une économie de 52,44 euros sur les surblouses. "Le solde est donc positif", soulignent-ils.
"Notre étude tend à prouver que le surcoût lié à la PCR est compensé par les économies sur les surblouses", concluent-ils.
Il font remarquer qu'ils n'ont pas intégré tous les bénéfices en temps infirmier liés à des isolements de plus courtes durées, dont l'observance est plus grande, et rappellent que l'isolement ne trouve toute son efficacité qu'avec une utilisation rigoureuse des solutions hydro-alcooliques pour l'hygiène des mains.
DES SONDES D'INTUBATION A ASPIRATION SOUS-GLOTTIQUE COUT-EFFICACES
De leur côté, des chercheurs du CHU de Rouen ont prouvé la coût-efficacité des sondes d'intubation à aspiration sous-glottique dans la prévention des pneumopathies acquises sous ventilation, dans le service de réanimation chirurgicale de leur établissement.
Le Pr Pierre Czernichow, responsable du département d'épidémiologie et de santé publique, et ses collègues, se sont basés sur des chiffres de 2006 où 414 patients ont été ventilés dans le service -dont 228 pendant plus de deux jours-, et 32 pneumopathies acquises sous ventilation ont été observées -toutes chez des patients ventilés pendant plus de deux jours-, précisent-ils dans un résumé écrit de leur poster.
A partir du prix fourni par le fabricant pour les sondes d'intubation à aspiration sous-glottique et celui négocié par la pharmacie de l'hôpital pour les sondes conventionnelles, ils ont estimé à 11.354 euros au total sur un an le surcoût liés aux nouvelles sondes par rapport aux conventionnelles, et à 9.802 euros en ne considérant que les patients ventilés pendant plus de deux jours.
Ils se sont enfin basés sur des données de la littérature, selon lesquelles une pneumopathie acquise sous ventilation coûte 3.700 euros au minimum et 5.500 euros en médiane, le risque d'infection diminuant dans une fourchette variant de 40% à 75% en utilisant des sondes d'intubation à aspiration sous-glottique par rapport à des sondes conventionnelles.
En utilisant l'hypothèse la moins favorable sur la baisse du risque, ils ont calculé que 13 pneumopathies sur les 32 observées étaient évitables en un an avec les nouvelles sonde, à comparer aux deux à trois pneumopathies seulement qu'il est nécessaire d'éviter pour neutraliser le surcoût lié à l'utilisation des nouvelles sondes, le chiffre variant selon le coût des pneumopathies adopté.
"Le surcoût direct lié à l'utilisation de SASG [sondes d'intubation à aspiration sous-glottique"> pour la ventilation des patients en réanimation chirurgicale serait rapidement compensé par l'amélioration de la sécurité des patients et la diminution des coûts imputables aux pneumopathies", concluent les auteurs.
L'utilisation de ce type de sondes restreinte aux patients ventilés pendant deux jours ou plus n'est pas beaucoup plus efficiente, ajoutent-ils.
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Publié le 06/06/2008
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Source : infirmiers.com
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