Le président de la République s'est tout d'abord rendu à l'hôpital de Dunkerque, accompagnée de Roselyne Bachelot et de la directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur.
"Il faut prendre conscience qu'il y a beaucoup de douleur et de souffrance et que les personnels qui supportent tout ça méritent de la considération, à la fois morale et financière", a-t-il déclaré à son arrivée.
Il a visité le service des urgences et discuté quelques minutes avec un patient âgé, souffrant de problèmes cardiaques, en salle de déchoquage.
Interpellé par des membres du personnel, il s'est déclaré conscient que les urgences ne peuvent pas "faire tout". "On demande trop aux urgentistes", du panaris aux accidents graves, a-t-il observé en précisant qu'il souhaite impliquer davantage la médecine de ville dans la permanence des soins.
Nicolas Sarkozy a ensuite visité le service de néphrologie et d'hémodialyse. Il a rencontré des infirmières et évoqué avec le chef du service, Raymond Azar, les problèmes de démographie médicale.
Après avoir écouté lors d'une table ronde les doléances de plusieurs soignants (la directrice des soins, des infirmières, des aides-soignantes, une cadre de santé), des représentants syndicaux, de deux médecins dont le président de la commission médicale d'établissement (CME), il a exposé ses idées pour l'hôpital.
"C'est un sujet qui me passionne et je suis ces questions depuis des années", a-t-il déclaré en rappelant notamment qu'en tant que maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), il a présidé le conseil d'administration de l'hôpital pendant 20 ans.
"Il faut qu'on aille vers la réforme de l'hôpital sans avoir peur. C'est l'immobilisme qui le condamnera", a-t-il ajouté en précisant qu'il n'hésitera pas à "bouleverser les corporatismes".
Il a assuré qu'il s'engagera "très fortement dans la réponse au malaise de l'hôpital" ;
"J'ai des idées sur l'hôpital et je veux m'engager sur ces idées", c'est pour cela qu'avec le Premier ministre François Fillon, "je demande à Roselyne [Bachelot"> de mettre en oeuvre ces idées", a-t-il souligné.
"Si on fait porter l'extrême vieillesse ou l'extrême dépendance à l'hôpital et si on laisse les urgences ouvertes à tout le monde, vous aurez un hôpital qui va être submergé par des missions qui n'auront pas été définies (...) et vous n'aurez jamais les moyens suffisants pour répondre à quantité de demandes".
La création d'un cinquième risque pour la dépendance a également été évoquée par le président. Il a indiqué y croire "beaucoup", même si la question du financement reste ouverte. "Il faut lancer un gigantesque mouvement d'accueil des personnes âgées à domicile ou en structures collectives", a-t-il affirmé.
Le président a aussi fait part de sa "grande ambition" de faire travailler "l'hôpital public et les établissements privés avec les réseaux de médecins de ville".
SARKOZY S'ENGAGE SUR LA REMUNERATION DES HEURES SUPPLEMENTAIRES
Le président a par ailleurs interrogé les employés de l'hôpital sur la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail (RTT) et les heures supplémentaires.
Le directeur de l'hôpital et les soignants lui ont répondu que les infirmières ont une centaine d'heures supplémentaires, voire plusieurs centaines d'heures, qui ne sont pas payées en raison des problèmes budgétaires ou que les personnels ne peuvent pas récupérer du fait des tensions démographiques dans leur profession.
Le chef de l'Etat a estimé qu'il n'était pas acceptable que les institutions publiques soient "un si mauvais employeur", incapable de rémunérer les heures supplémentaires.
"Si vous travaillez plus, il faut être rémunéré pour ce que vous avez fait", c'est un "problème économique, de loyauté et de considération pour les femmes et les hommes" qui travaillent à l'hôpital.
Nicolas Sarkozy a demandé à la ministre de la santé de se pencher sur la question des heures supplémentaires.
REVOIR LA GOUVERNANCE
Nicolas Sarkozy a également critiqué la gouvernance actuelle de l'hôpital, "tellement diluée". Il a évoqué une "structure de décision si complexe et si entremêlée".
"Il y a un problème de gouvernance et je voudrais qu'on y apporte une réponse", a-t-il expliqué.
Il souhaite donc qu'une concertation soit menée. Il estime nécessaire d'identifier un véritable responsable. Si on a un responsable, "on peut lui fixer des objectifs, lui donner de l'autonomie et on peut l'évaluer au résultat", a-t-il expliqué.
Il a également évoqué la nécessité de revoir la carte hospitalière, en effectuant notamment des fusions d'établissements pour éviter de doublonner les services.
S'agissant de la tarification à l'activité (T2A), il s'est déclaré attaché à son principe sans être opposé à une révision de ses modalités dans certains domaines.
Nicolas Sarkozy a par ailleurs répondu implicitement au nouveau Haut commissaire du gouvernement aux Solidarités actives, Martin Hirsch, qui a déclaré lundi ne pas approuver une extension de la franchise de soins non remboursée par la sécurité sociale.
"Pendant la campagne présidentielle j'ai tout dit, y compris sur la franchise. Je n'ai pris personne en traître", a-t-il déclaré.
REFLECHIR A LA PEREQUATION POUR LE NORD-PAS-DE-CALAIS
Le président de la CME, Marc Prud'homme, a interpellé le président sur la nécessité de rétablir la péréquation pour le Nord-Pas-de-Calais, sorte de "discrimination positive".
Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il était venu "dans cette région en sachant parfaitement les problèmes de surmortalité".
Il a demandé à Roselyne Bachelot de lui faire des propositions sur l'opportunité de rétablir la péréquation ou d'allouer des moyens supplémentaires à la région.
S'agissant du choix de l'hôpital de Dunkerque, le candidat UMP à l'élection législative dans cette circonscription, Franck Dhersin, maire de Téteghem et conseiller de Nicolas Sarkozy à l'UMP, a indiqué à l'APM qu'il s'était battu pour obtenir la venue de Sarkozy et il espère grâce à ce soutien reprendre la circonscription au parti socialiste. Franck Dhersin était député de 1997 à 2002. Il compte sur le bon score de Nicolas Sarkozy dans la circonscription, 52,8%.
"Je ne sais pas si mon adversaire est dans un tel état qu'il faille commencer par un service d'urgence. La réanimation aurait peut-être été utile", a ironisé de son côté le député-maire socialiste de Dunkerque, Michel Delebarre, qui a accompagné le chef de l'Etat, Roselyne Bachelot et Franck Dhersin, en tant que président du conseil d'administration de l'hôpital.
INFOS ET ACTUALITES
Nicolas Sarkozy souhaite que Roselyne Bachelot mette en oeuvre ses idées sur l'hôpital
Publié le 26/05/2007
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Source : infirmiers.com
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