Historique de la PMI (Protection Maternelle et Infantile)
L’ordonnance sur la PMI du 2 novembre 1945 complète l’ordonnance sur la sécurité sociale du 4 octobre 1945 et celle sur le service national d’hygiène scolaire et universitaire du 18 octobre 1945. Ces textes vont dans le sens d’une politique d’ensemble, concernant la santé et la protection sociale, en reconnaissant des droits nouveaux à tous les citoyens et leurs ayants droit.
Dès 1982 et jusqu’à 1986, des lois relatives à la décentralisation et à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’État ont posé un nouveau cadre législatif.
En 1989 est publiée la loi n°89-899 du 18 décembre 1989 relative à la promotion et la protection de la santé de la famille et de l'enfance et adaptant la législation sanitaire et sociale aux transferts de compétences en matière d'aide sociale et de santé
Chaque conseil général organise son service PMI mais en restant dans le cadre légal du Code de la Santé Publique (*1).
Les missions sont regroupées dans l'article L 149 du Code de Santé Publique (CSP), qui déterminent entre autre, les actions de la puéricultrice ou de l'infirmière en PMI.
D’importants décrets d’application sont pris en 1992 :
- Décret n° 92-784, du 06-08-92 relatif aux missions des centres de planification et d'éducation familiale
- Décret n° 92-785, du 06-08-92 relatif à la protection maternelle et infantile
Ce cadre légal, bien que perfectible, a permis d’impulser une dynamique nouvelle et a posé les bases pour promouvoir dans chaque département une véritable politique de protection et de promotion de la santé de la famille et de l'enfance.
Rôle et missions de la puéricultrice (ou de l’infirmière) dans un centre médico-social (CMS)
La puéricultrice est un des éléments clé d’une équipe pluridisciplinaire.
Ses connaissances des besoins de l’enfant lui permettent d’être à l’articulation du médical, du médico-social, du social et de l’éducatif. Sa spécificité en fait une collaboratrice pour les médecins de PMI, les assistants sociaux, l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ; mais aussi par les partenaires extérieurs : les éducateurs d’Aide Educative en Milieu Ouvert (AEMO), les hôpitaux, les maternités, les écoles, les médecins, les associations caritatives, les Techniciens de l’Intervention Sociale et Familiale (TISF)
Dans les évaluations de situations familiales à risque elle offre un regard spécifique complémentaire de celui des autres membres de l’équipe.
Dans la collaboration avec les équipes hospitalières, elle apporte une connaissance sur la réalité environnementale de l’enfant et sa famille grâce à sa connaissance des besoins de l’enfant malade en particulier.
Elle peut accompagner les familles en difficulté vers les lieux de soins spécialisés ou vers une prise en charge dans les structures d’accueil.
La puéricultrice assure donc aussi bien des actions en direction de tous les enfants en pré - natal (collaboration avec la sage-femme) et de la naissance jusqu'à 6 ans voir l'adolescence lorsqu'il s'agit d'une même famille et des missions spécifiques en direction de familles vulnérables et/ou étrangères.
1. Permanences de puériculture
Dans le centre médico-social réalisé seule par la puéricultrice ou l’infirmière. Les familles peuvent ainsi choisir de la rencontrer seule en dehors de la consultation médicale :
• Pesée, mesure, courbes staturo – pondéral
• accompagnement allaitement maternel ou artificiel
• conseils sur soins hygiène (nombril, bain, soins de siège, oreilles, nez…)
• conseils sur le respect des rythmes et du confort de l’enfant (couchage, prévention de la Mort Subite du Nourrisson (MSN) et prévention plagiocéphalie, bruit, tabagisme, chaleur…)
• conseils sur les différentes acquisitions du bébé (éveil du tout petit, propreté,…)
• conseils pour matériel de puériculture : mobilier, biberons, stérilisateur, linge, jouets et jeux …
• orientation si besoin vers consultation médicale
2. Elle participe aux consultations d’enfants en collaboration et sous la responsabilité d’un médecin
L’organisation peut être différente selon les départements, mais elles restent une mission importante de la PMI (consultation commune médecin/ puéricultrice ou consultation avec la puéricultrice puis le médecin).
Les consultations médicales sont ouvertes aux enfants de moins de – 6 ans accompagnés d’au moins un de ses parents. Chaque département se doit d’en proposer à tous ses usagers : elles sont gratuites, ouvertes à tous publics, leur fréquence dépend de leur lieu d’implantation.
Leur rôle est essentiellement de prévention, non de curatif : observance du calendrier vaccinal, surveillance des apports en vitamines (prévention du rachitisme), surveillance des courbes staturo - pondérales et du développement psychomoteur, dépistage des troubles du comportement de l’enfant et des troubles dans l’interaction enfant / adulte, actions de prévention et de dépistage des handicaps des enfants de moins de six ans ainsi que conseils aux familles pour la prise en charge de ces familles. Le médecin peut conseiller une orientation vers des professionnels spécialisés (Psychiatre, psychologue, Centre Médico Psychologique (CMP), otorhinolaryngologiste (ORL), ophtalmologue (OPH), Centre d’Action Médico-social Précoce (CAMSP)…).
Lors de ces permanences ou consultations, selon les départements, la puéricultrice peut être assistée par une auxiliaire de puériculture pour assurer des activités liées à l'hygiène, à l'alimentation, à l'éveil, pour les mesures, et la tenue des dossiers.
Selon les lieux de consultations, il existe une collaboration avec une Educatrice de Jeunes Enfants (EJE) pour l’animation et convivialité en salle d’attente qui permet écoute et parole.
La puéricultrice assure un suivi post – consultations avec le médecin, et / ou l’EJE. C’est dans le cadre des permanences ou des consultations que peut s’organiser le dépistage des enfants dits « à risques » nécessitant des prises en charges particulières :
- Enfants de familles dites « vulnérables »
- Enfants prématurés
- Naissances multiples
- Jeunes mères inexpérimentées souvent en rupture familiale
- Mères âgées en difficulté psychologiques et sociales
- Enfants adoptés etc.……
3. la puéricultrice participe à l’agrément et assure le suivi des assistantes maternelles et familiales
Selon les départements une équipe pluridisciplinaire (puéricultrice ou infirmière, assistante sociale, éducatrice, psychologue) réalise les enquêtes d’agréments. Son rôle est d'ensuite d'assurer le suivi et/ou l’encadrement de ces professionnelles en effectuant des visites à domicile (sur rendez-vous ou de manière fortuite) ce qui permet un temps d’observation, d’échange et de conseils si besoin.
4. la puéricultrice effectue les bilans en écoles maternelles (art L2112-2 CSP)
Les puéricultrices effectuent des bilans pour les enfants de 3/4 ans. La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 qui réforme la protection de l’enfance met un accent particulier sur les bilans en école maternelle. La puéricultrice réalise un bilan complet : poids, taille, Indice de Masse Corporelle, recherche d’anomalies bucco-dentaires, test auditif et visuel, observation du développement psychomoteur et du comportement, test de langage, vérification de la conformité du calendrier vaccinal. Dans certains départements, les enfants sont vus en présence d’un de leur parent, sinon la professionnelle assure des transmissions aux parents (sous pli cacheté) et au médecin de PMI.
Après le passage de la puéricultrice, selon les politiques départementales, le médecin rencontre les parents dont les enfants présentent un problème particulier (afin de les orienter vers un médecin spécialisé ou de faire le lien avec le généraliste) ou leur donne un rendez-vous systématique (surtout en Zone d’Education Prioritaire-ZEP- ou Réseau d’Education Prioritaire –REP-).
5. la puéricultrice participe à la prévention sanitaire et sociale
Certaines puéricultrices mettent en place des réunions sur des thèmes très variés : Actions spécifiques pour l’enfance en danger (prévention des mauvais traitements, information sur la maltraitance, prévention « bébé » secoué, l’allaitement, prévention de l’obésité infantile, vaccinations, le couchage et prévention de la mort subite du nourrisson, l’alimentation, la prévention du rachitisme, le tabagisme, les toxicomanies, les jeux ……..etc.
Réunions avec les mères étrangères:
Beaucoup de puéricultrices organisent des réunions avec des familles de même ethnie afin d’instaurer une relation de confiance pour leur donner des conseils de soins et d’accompagnement à la parentalité en rapport avec leurs références culturelles.
Elles recherchent la personne ressource qui pourra traduire ou réexpliquer les conseils en les adaptant à leur compréhension.
Elles peuvent être amenées à organiser des ateliers notamment sur la confection de repas, mais aussi sur d’autres thèmes à la demande des mères.
Elles peuvent également établir des supports de conseils avec des dessins pour les mères ne lisant pas le français, et écrit en différentes langues.
Visites à domicile :
La puéricultrice effectue des visites qui peuvent être dans le cadre de « signalement » ou « information préoccupante » au titre de l'enfance en danger : numéro téléphonique 119 (*2), signalements direct au CMS, écoles, lettres ou communications téléphoniques anonymes, signalements de partenaires médico-sociaux (maternités, hôpitaux, médecins généralistes, Centre Communautaire d’Actions Sociales, modes d’accueil), signalements directs au CMS par une personne, éducation nationale (écoles, collèges, lycées), lettres ou communications téléphoniques anonymes.
Au titre de la prévention, elle réalise des visites pour le suivi des agréments assistants maternels et familiaux, pour le suivi post- hospitalisations ou en liaison avec les maternités.
La visite à domicile est un des outils d’intervention de la PMI qui présente de nombreux intérêts :
Elle permet une connaissance fine de chacun des membres de la famille et de la réalité de son environnement. L’enfant, ses parents le plus souvent se sentent en sécurité dans un environnement familier qu’ils peuvent contrôler. Les puéricultrices repèrent mieux les interactions entre les différents membres de la famille et les difficultés matérielles auxquelles celle-ci peut être confrontées (logement exigu, sans chauffage, insalubre, absence de mobilier, absence de nourriture……)
Du fait des hospitalisations de plus en plus courtes à la maternité, l’intérêt des visites post-natales est très important. La puéricultrice peut ainsi répondre aux multiples questions des parents : soutien à l’allaitement maternel, suivi des enfants nés prématurés, des naissances multiples, des enfants à risque médical ou social, explications pour les bains et les soins à l’enfant, pour la préparation et la conservation des biberons, les troubles du sommeil, les pleurs, les conséquences du tabagisme passif, la prévention de mort subite du nourrisson, conseil de couchage ….
Elle est particulièrement attentive à l’attachement mère enfant dans un souci de prévention de la maltraitance.
Les puéricultrices ne travaillent jamais seules, sur le terrain elles sont en lien direct avec le service social (avec les assistants sociaux éducatifs) elles assurent :
- Suivi et soutien de familles « vulnérables » en effectuant des visites à domicile, en proposant des interventions extérieures (TISF, aide éducative à domicile (AED), AEMO)
- Visites après « signalement » ou « information préoccupante »
- Synthèses avec les écoles
- Travail avec les services sociaux des collèges ou lycées
- Agréments assistantes maternelles et/ou familiales
- Travail avec les Conseillères en Education Sociale et Familiale (CESF)
Relation avec l’ASE
Le service social et le service PMI ont des relations de complémentarité et de partenariat. Chacun conservant une identité propre et les missions spécifiques des différents métiers en ayant un seul objectif, la protection de l'enfant.
Activités de planification
Dans certains CMS, des sage- femmes assurent des consultations gynécologiques, suivi de grossesses, contraception. Elles assurent dans le respect du secret professionnel, des liens avec les puéricultrices de secteur toujours dans un souci de protection de l'enfant.
Actions particulières par sage - femmes ou puéricultrices à destinations des adolescents pour la prévention et l’information sur les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) ou Maladies Sexuellement Transmissibles (MST).
La puéricultrice travaille donc de plus en plus en réseaux, en particulier avec les hôpitaux, les maternités, les services de pédopsychiatrie et la santé scolaire.
(*1) l'article L. 148 du code de la santé publique, dans sa rédaction résultant de la loi du 18 décembre 1989, devenu l'article L. 2112-1 du même code, les compétences dévolues au département en matière de protection maternelle et infantile sont exercées, sous l'autorité du président du conseil général, par le service départemental de protection maternelle et infantile qui est un service non personnalisé du département, placé sous la responsabilité d'un médecin et comprenant des personnels qualifiés notamment dans les domaines médical, paramédical, social et psychologique (...)
(*2) 119 = Allô Enfance Maltraitée ou Service National d'Accueil Téléphonique pour l'Enfance en Danger est un numéro gratuit ouvert 24h/24 qui a pour but de faciliter le dépistage des situations de maltraitance à enfant.
Webographie
- http://www.allo119.gouv.fr/
- http://www.anpde.asso.fr/index.php?page=en-milieu-extra-hospitalier
- http://www.snmpmi.org/IMG/pdf/choix_textes_legaux_pour_site_PMI_02-02-2006.pdf
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Protection_maternelle_et_infantile
- Tous les sites des conseils généraux
- Centre d’Action Médico-Social Précoce
Bibliographie
- Cahiers de la puéricultrice, n°227, mai 2009, pages 21 à 23
- Cahiers de la puéricultrice, n°217, mai 2008
- Cahiers de la puéricultrice, n°211, nov. 2007
- Cahiers de la puéricultrice, n° 190 oct. 2005
Emmanuelle LEFEBVRE - MAYER
Puéricultrice - Rédacteur infirmiers.com
emmanuelle.lefebvre-mayer@infirmiers.com
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