Les syndicats du centre hospitalier Edouard Toulouse à Marseille ont déposé un préavis de grève pour le vendredi 5 mars afin de protester contre les conditions de travail liées à un manque de personnels et de places.
Les syndicats (FO, CGT et SUD) ont organisé jeudi une assemblée générale des personnels de l'établissement à la suite de plusieurs agressions survenues ces dernières semaines dans les services de cet hôpital psychiatrique. Un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a été convoqué jeudi en urgence.
Selon Pierre Tribouillard de Force Ouvrière (secrétaire régional FO en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Paca), l'établissement a été le théâtre de "quatre agressions graves en quatre semaines", dont les victimes étaient un aide-soignant attaqué au couteau par un patient, une infirmière blessée après avoir été bousculée par un patient, un aide-soignant frappé d'un violent coup de poing au visage par un patient le week-end dernier, et un médecin agressé violemment mardi au cou par un membre de la famille d'un patient.
"Lors de l'assemblée générale, les personnels ont exprimé un ras-le-bol et une très grande inquiétude" à la suite de ces actes, a déclaré à l'APM Pierre Tribouillard.
Il estime que les personnels sont "exaspérés" par leurs conditions de travail liées à un manque de places et de personnels et connaissent une "tension permanente".
"Nous refusons tous les jours des patients en hospitalisation volontaire et il arrive que des patients non stabilisés soient sortis des chambres d'isolement, souvent à la va-vite, pour laisser la place à une urgence", explique Pierre Tribouillard.
Le directeur de l'établissement, Gilles Moullec, a indiqué vendredi à l'APM qu'il avait rencontré jeudi les organisations syndicales. Il s'est engagé à faire passer de quatre à cinq le nombre d'aides-soignants par pavillon d'hospitalisation et à "intensifier le recrutement infirmier" dans les unités d'hospitalisation à temps plein, afin d'atteindre l'effectif budgété de 14 infirmiers de jour.
Il a également donné son accord pour le remplacement d'infirmières ou d'aides-soignantes lors d'absences prolongées dans ces unités et a proposé une table-ronde avec les organisations syndicales pour "poursuivre les discussions sur les effectifs et aborder notamment la situation des aides-soignants contractuels".
"C'est bien, mais ça ne suffit pas pour apaiser l'inquiétude du personnel", a déclaré à l'APM Pierre Tribouillard, qui demande aux autorités de tutelles l'ouverture d'un "centre d'accueil et de crise" d'environ 15 lits pour améliorer le fonctionnement des unités de soins ordinaires grâce à une prise en charge spécifique des patients en urgence.
Le représentant FO estime que la direction de l'établissement "a conscience des difficultés de recrutement de personnel" et ses reproches s'adressent surtout aux autorités de tutelles qui n'ont "pas anticipé la situation".
Une nouvelle assemblée générale des personnels est prévue mardi.
Des difficultés de recrutement
Le directeur de l'établissement a indiqué que trois incidents (deux agressions et un accident du travail) -et non quatre comme l'affirment les syndicats- s'étaient déroulés au cours des dernières semaines, dont un concerne un coup de couteau et un autre une agression de médecin par un membre de la famille d'un patient.
Il a reconnu que l'hôpital connaissait des difficultés pour recruter des soignants et a précisé que l'établissement avait publié cinq avis de postes de praticien à temps plein et deux à temps partiel. Pour le recrutement des infirmières, si l'établissement a connu une amélioration en 2009, il reste en moyenne un poste d'infirmier vacant par unité (13 infirmiers au lieu de 14).
L'établissement, qui fait l'objet d'un contrat de retour à l'équilibre financier pour la période 2008-10, a affiché fin 2009 un excédent supérieur à 1 million d'euros, "plus important que prévu".
"L'excédent n'est pas lié à un blocage sur les recrutements mais aux difficultés pour recruter", a souligné Gilles Moullec.
Le directeur a souligné que son établissement était situé "dans un quartier difficile" et accueillait des patients ayant "un entourage familial difficile".
Le président de la commission médicale de l'établissement (CME), le Dr Alain Ambrieu, a confirmé que l'établissement connaissait actuellement "des tensions" liées à un "problème d'effectif réel" et à "une baisse globale de l'offre de soins".
"Les difficultés existent depuis plusieurs années mais on est arrivé à une accumulation. Jusque-là, il y avait des 'bricolages' qui permettaient de tenir", a déclaré vendredi à l'APM le président de la CME. "Nous n'arrivons plus à soigner correctement", a estimé le médecin.
Les médecins ont demandé un rendez-vous à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) pour "alerter les tutelles sur la situation d'Edouard Toulouse". "La solution est au niveau des tutelles", estime le président de la CME.
Selon le site internet du CH Edouard Toulouse, l'établissement dispose de 232 lits en hospitalisation complète, 227 places en hospitalisation à temps partiel, 152 places en alternatives à l'hospitalisation et plusieurs structures en ambulatoire comme des centres médico-psychologiques (14 structures plus deux antennes) et un centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP) de 240 places.
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