Il est avéré que la lombalgie, trouble musculo-squelettique le plus fréquent et le plus coûteux pour la société, affecte particulièrement fréquemment les infirmiers. En effet, la manutention des patients, qu'il s'agisse de procéder à un transfert entre un brancard et un lit, par exemple, ou encore de retourner un patient pour la prévention des escarres, exercent des contraintes physiques d'autant plus importantes que ces tâches se répètent un certain nombre de fois dans la journée.
Si de nombreux travaux se sont déjà penchés sur la question des lombalgies d'origine professionnelles chez les infirmières, la prévention reste insuffisante, estiment Edgar Vieira, doctorant à la faculté de médecine physique et de réadaptation de l'université de l'Alberta, et ses collègues, en soulignant qu'il est donc important de développer des outils d'évaluation et de mettre en place des programmes de prévention dans les établissements de santé.
Ces chercheurs canadiens ont donc conduit une étude dans l'objectif d'évaluer la charge de travail des infirmiers dans les services d'orthopédie et de soins intensifs, d'identifier les problèmes responsables de la fréquence importante des lombalgies d'origines professionnels chez les soignants exerçant dans ces services et de préciser les améliorations que les infirmiers aimeraient voir apporter à leur conditions de travail.
Pour cela, ils ont analysées les données recueillies grâce à un questionnaire auquel 47 infirmiers (23 en orthopédie et 24 en soins intensifs) travaillant dans un hôpital universitaire canadien ont répondu. Cette enquête a permis de recueillir des données quantitatives et qualitatives (charge de travail, perception de sa pénibilité...), ainsi que des informations générales sur les participants (antécédents de problèmes de dos...).
D'après les témoignages ainsi collectés, 65% des infirmiers exerçant dans un service d'orthopédie et 58% de ceux travaillant dans une unité de soins intensifs ont indiqué avoir déjà souffert d'une lombalgie au cours de leur vie. La proportion de soignants ayant déclaré souffrir d'une lombalgie au moment même de la réalisation de l'enquête s'est respectivement élevée à 30% et 28% dans les deux catégories.
Cette analyse a notamment permis aux auteurs de constater que si le travail des infirmiers se montre globalement exigeant physiquement, il existe des différences importantes, en termes de contraintes, d'un service à l'autre. En effet, les réponses aux différents tests proposés aux participants dans le cadre de ce questionnaire ont montré qu'ils manipulent des charges importantes (47 ± 30 kg en orthopédie, 26 ± 10 kg aux soins intensifs), qu'ils adoptent fréquemment des postures contraignantes, qu'ils ressentent une gêne plus importante au niveau des lombaires qu'au niveau du reste du corps et qu'ils jugent que leur activité professionnelle nécessite des efforts, avec, selon les items, des différences plus ou moins importantes d'un service à l'autre.
Les remarques des professionnels interrogés ont par ailleurs mis en évidence différents aspects à ne pas négliger dans la prévention des lombalgies d'origine professionnelle des infirmiers. Ont notamment été citées l'augmentation de l'équipement en matériel d'aide à la manutention des malades (lève-malades, lits médicalisés...), l'organisation de formations sur les gestes et postures à adopter, la conception de chambres plus grandes et mieux organisées, laissant suffisamment d'espace pour utiliser les dispositifs d'aide à la manutention des malades ou encore l'optimisation de l'organisation du travail (renforcement des équipes pour pouvoir constituer des binômes sur certaines tâches, rotation des intervenants auprès des patients lourds...).
Dans la mesure où les tâches incombant aux infirmiers, leurs besoins, et donc les facteurs de risque potentiels de lombalgie professionnelle, varient d'un établissement à l'autre, et même d'un service à l'autre, l'analyse de la situation, des risques et la définition des stratégies de prévention à mettre en oeuvre doivent donc être définis au cas par cas, de façon à permettre de concevoir un programme de prévention efficace, concluent les auteurs./mr
(Journal of Advanced Nursing, juillet 2006, vol. 55, n° 1, p. 79-89)
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Lombalgies d'origine professionnelle des infirmiers : l'évaluation du risque doit être spécifique à chaque service
Publié le 04/09/2006
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Source : infirmiers.com
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