Monsieur Le ministre,
Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à la présence des infirmières et infirmiers au sein du système éducatif puisque vous vous êtes adressé à chacun(e) individuellement. Le gouvernement par ses propositions, les parlementaires par leur vote ont également témoigné leur intérêt pour cette profession en votant 300 créations de postes d'infirmière au budget de l'Education Nationale pour 2006.
Cependant, Monsieur le Ministre, les infirmières et infirmiers de l'Education Nationale et de l'Enseignement Supérieur ont 10 bonnes raisons de douter de vos propos ainsi que des engagements de l'Etat.
1/ Depuis la parution en juillet 2003 du nouveau décret modifiant le statut des infirmier(e)s de la Fonction Publique d'Etat, malgré les engagements écrits de ministres d'état, vous refusez de mettre en œuvre des mesures [obtenues par les infirmières territoriales] qui permettraient aux infirmier(e)s titulaires de bénéficier d'une reprise d'ancienneté de leurs années d'exercice infirmier effectuées alors qu'elles(ils) n'étaient pas fonctionnaires comme c'est le cas pour les nouveaux recrutés depuis juillet 2003.
2/ En avril 2005, sans se soucier des incidences financières catastrophiques sur les personnels, vos services ont retenu un mode de calcul pour déclarer les logements de fonction des personnels logés par nécessité absolue de service. Ainsi, les infirmières d'internat se voient à présent contraintes de payer chaque mois une somme multipliée par 4 et de déclarer en ce début d'année dans le cadre des impôts sur le revenu, une somme également multipliée par 4, passant de 750 € à 3000 € environ pour des logements qui leur sont imposés, souvent exigus et inconfortables. Cela conduira de fait ces collègues à changer de tranche d'imposition sans augmentation de leurs revenus. Je vous rappelle, Monsieur le Ministre, qu'une infirmière d'internat assure chaque semaine auprès des élèves internes 3 nuits d'astreinte en plus d'un service de jour identique à celui de ses collègues d'externat, qu'elle n'a pas droit aux IFTS (Indemnités Forfaitaires pour Travaux Supplémentaires) et perçoit la modique somme mensuelle de 10 points de NBI, l'équivalent de 45 € pour 12 nuits soit 3,75 € par nuit assurée.
3/ Compte tenu des reculs engendrés par la réforme des retraites, notre profession a obtenu en 2004 une amélioration des conditions permettant de valider les années d'études d'infirmière. Or, au prétexte que cette validation n'est pas possible si les infirmier(e)s ont été titularisé(e)s à la Fonction Publique d'Etat, l'administration rejette les demandes de nos collègues. Celles qui ont d'emblée choisi de se consacrer aux jeunes sont ainsi exclues de ce dispositif qui pourtant concerne peu de collègues.
4/ Les textes réglementaires encadrant la profession d'infirmier ne permettent pas à un employeur d'évaluer la qualité du soin infirmier, celui-ci étant notamment couvert par les notions de secret professionnel et de confidentialité. C'est pourquoi le nouveau système de notation / évaluation ne convient pas à ma profession qui revendique un système privilégiant l'ancienneté par rapport au mérite tant en matière d'avancement d'échelon que de grade.
5/ Vous avez programmé sans aucune concertation une modification conséquente de la carte des établissements en ZEP pour la rentrée 2007, ce qui aura des conséquences néfastes sur la scolarité et la capacité à réussir des jeunes ainsi que sur les salaires des personnels pourtant très investis dans ces zones difficiles.
6/ Les infirmier(e)s affecté(e)s en poste mixte voient d'année en année l'enveloppe des frais de déplacements qui leur est allouée se réduire malgré les hausses constantes du carburant, au point de ne plus avoir la possibilité d'assurer correctement les missions que vous leur avez confiées.
7/ Alors qu'une grande partie des étudiants est en réelle difficulté financière et d'accès aux soins, votre ministère a supprimé sans concertation le caractère obligatoire de la visite médicale des étudiants, mettant en danger l'avenir des étudiants car la santé est un des préalables indispensables à la réussite, mais également les services de médecine préventive universitaire.
8/ A l'occasion de la modification du statut des infirmier(e)s de l'Etat en juillet 2003, les infirmier(e)s arrivé(e)s au dernier échelon du premier grade ont été reclassé(e)s dans le nouveau premier grade avec un gain de 8 points d'indice. Au prétexte de cette modification statutaire, vos services les ont exclu(e)s de la possibilité de percevoir la prime de sommet de grade décidée en décembre 2004 par le ministre de la fonction publique pour compenser la perte de pouvoir d'achat des fonctionnaires. Pourtant, le déroulement de carrière des infirmier(e)s est tel que les collègues parvenu(e)s au dernier échelon de ce grade y stagnent souvent 8 ans et plus, avant d'accéder au 2° grade.
9/ Quant à nos conditions de travail, il est notoire qu'elles sont difficiles : affectation sur plusieurs collèges avec de nombreuses écoles de rattachement, effectifs trop lourds jusqu'à 3000 élèves, manque de postes patent dans les lycées, les services de médecine préventive universitaire, les internats, absence d'équipe pluriprofessionnelle complète, etc.
10/ Enfin, depuis plus de 15 ans nous revendiquons la catégorie A pour notre profession, catégorie A justifiée par notre niveau d'étude, notre autonomie et notre responsabilité professionnelles ainsi que notre place dans le système éducatif.
Pour ces 10 bonnes raisons, vous comprendrez, Monsieur le Ministre, que les infirmières et les infirmiers de l'Education Nationale ne puissent se contenter de votre estime et de votre juste reconnaissance.
Lettre transmise par Jean-Claude ROGER
Membre du Bureau national du SNICS/FSU
Tel: 06 60 24 14 94
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