"Le rôle de l’infirmier dans la prise en charge des urgences" était la thématique de la cinquième édition de la Matinale de l’Ordre national des infirmiers (ONI), organisée le 18 mars dernier. Infirmiers anesthésistes, infirmier d’accueil et d’orientation, président de section à la Cour des comptes, médecin, se sont réunis pour parler de la reconnaissance et de la valorisation des infirmiers aux urgences.
Dans son dernier rapport sur les urgences hospitalières, la Cour des comptes décrivait un système "à bout de souffle
". François de la Gueronnière, conseiller maître, président de section à la Cour des comptes a synthétisé en préambule de la cinquième Matinale de l’ONI les constats établis dans Urgences hospitalières : des services toujours trop sollicités
: Les tensions dans les services d’urgence se sont aggravées. La croissance du nombre de passage aux urgences a continué à se développer. Les temps d’attente sont souvent très longs. A titre d’exemple, la durée médiane d’attente est de 4h à Marseille et de 5h à Nancy. A posteriori, on constate que beaucoup de passage aurait pu être traité dans des structures plus légères. Il y a aussi une augmentation très forte des médecins à temps partiel et le développement de l’intérim qui sont des indices de tension insuffisamment maitrisés.
L’augmentation de la fréquentation et l’allongement des temps d’attente aux urgences, François Dolveck les remarque aussi en tant que directeur médical du Samu de Seine-et-Marne et apporte un regard plus médical en prenant le contre-pied de la Cour des comptes au sujet de l’intérim : L’intérim est souvent décrit comme un fléau mais lorsque nous avons des pics d’activité notamment en période d’épidémies, l’intérim permet de faire face à la population qui se présente à l’entrée de l’hôpital. Quand on est capable de soulager, d’accompagner avec un renfort médical, ça permet de passer des crises beaucoup plus confortablement. Cependant, attention à l’intérim quand cela devient le mode de fonctionnement principal.
Nous essayons d’encourager les infirmiers à s’engager dans la création des CPTS
Afin d’absorber une partie de l’augmentation des patients dans les services d’urgence, François de la Gueronnière rappelle les recommandations de la Cour des comptes : Essayer de développer les alternatives aux urgences en ville en améliorant les coopérations entre la ville et l’hôpital. A travers les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), planifier une offre de soins non urgente, accentuer les efforts des soins non-programmés en ville avec les hôpitaux de proximité.
La réorganisation des prises en charge des personnes âgées afin d’éviter des déplacements autant que possible et créer des filières gériatriques à l’hôpital pour éviter les stations longues dans les urgences
figurent aussi parmi les recommandations énumérées par François de la Gueronnière. L’Ordre national des infirmiers (ONI) se reconnait-il dans les recos
de la Cour des comptes ? Nous essayons d’encourager les professionnels de santé infirmiers à s’engager dans la création des CPTS qui permettent de traiter en amont, des soins non programmés
, a déclaré Patrick Chamboredon, président de l’ONI.
Prise en charge préhospitalière des infirmiers sapeurs-infirmiers
En quoi l’exercice infirmier permet-il d’intervenir différemment dans la prise en charge préhospitalière ? Yaël Lecras, infirmier sapeur-pompier, a répondu à cette question : Les infirmiers sapeurs-pompiers procèdent à un examen clinique (anamnèse, vérification de la compatibilité de leur protocole avec la victime et l’environnement). L’exemple le plus typique, c’est l’arrêt cardiaque pour lequel l’infirmier reconnait les signes d’absence de circulation et va mettre en place une gestion de la ventilation avec les gestes de secours, va éventuellement poser une voie veineuse périphérique pour injecter de l’adrénaline, de l’amiodarone ou procéder à la pause d’un tube laryngé. Ce sont des gestes qui sont assez particuliers dans le monde infirmier.
Pour Yaël Lecras, il y a un besoin évident de pouvoir traiter du ‘volume’. La question à laquelle nous souhaitons réfléchir en tant qu’infirmier sapeur-pompier, est celle de la télémédecine. Il faut aussi que l’on puisse évoluer vers la pratique avancée
.
Appliquée aux interventions d’urgence, la pratique avancée permettrait selon lui d’avoir une meilleure synergie entre le monde médical et paramédical infirmier.
L’Infirmier d’accueil et d’orientation a un rôle de triage mais surtout un rôle relationnel
Autre volet abordé au sujet de l’intervention des infirmiers dans le cadre des urgences, l’accueil et l’orientation. Florian Leduc, infirmier d’accueil et d’orientation (IAO) à la clinique privée de l’Estrée à Stains (Seine-Saint-Denis) constate un flux de passage de plus en plus important : Il y a quelques années, l’attente avant de voir un médecin n’excédait pas 30 minutes. Aujourd’hui, c’est plutôt autour de 1h, 1h30. Pour palier à cela, nous avons mis en place un IAO de manière systématique.
Dans les services d’urgences, les IAO effectuent les premiers soins, administrent les antalgiques, gèrent le flux de patient en priorisant selon le cas de gravité : Nous avons un code couleur. Le vert est caractérisé comme une consultation en médecine générale, le jaune veut dire qu’il y aura potentiellement des examens complémentaires, l’orange signifie que l’état du patient est en train de s’aggraver et le rouge que le pronostic vital est engagé
, explique Florian Leduc. L’infirmier d’accueil et d’orientation a un rôle de triage mais surtout un rôle relationnel qui prend en charge l’anxiété
.
Le rôle des infirmiers anesthésistes aux urgences
Les infirmiers anesthésistes (IADE) sont peu présents au niveau des urgences
admet Eric Vast, IADE au Havre. Et d’ajouter : L’IADE, par son champ de compétences est aussi un infirmier urgentiste. Il n’est pas uniquement cantoné au bloc opératoire. Nous sommes utiles à l’aide à la régulation médicale. Nous avons nos places au niveau des déchoquages et de la prise en charge des polytraumatisés.
A l’issue de cette cinquième édition de la Matinale de l’ONI, son président, Patrick Chamboredon, a tenu à rappeler que les infirmiers étaient des acteurs et des vigies au niveau des urgences
. Il a également indiqué vouloir faire évoluer le décret d’actes pour arriver à avoir une meilleure prise en charge de la population. Nous ne sommes pas comme les médecins avec quelques 45 spécialités différentes mais il faut avancer sur des champs spécifiques comme la pratique avancée. L’Ordre a lancé une grande consultation. Nous écrirons par la suite un livre blanc que nous présenterons à la Ministre.
De mars à juin 2019, l’ONI ira à la rencontre des infirmiers dans les territoires en organisant 14 forums régionaux, y compris en Outre-mer dans le cadre de sa Grande Consultation
.
Regarder l'intégralité de la Matinale sur la page Facebook de l'Ordre national des infirmiers.
Inès KheireddineJournaliste infirmiers.com ines.kheireddine@infirmiers.com @Ineskheireddine
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