L’institut de sondage Odoxa a dévoilé les résultats de son baromètre Santé. S’il démontre un véritable attachement des Français à leur système de santé, il met également en lumière leurs craintes d’un éventuel délitement.
Quelle place la santé occupe-t-elle dans le débat public ? Quelle perception les Français ont-ils de leur système de soins ? Quelles inquiétudes la prise en charge de la dépendance suscite-t-elle ? Voilà quelques questions parmi d’autres que le dernier Baromètre Santé 360 d’Odoxa a soumis à un panel de répondants, constitué de citoyens français et européens mais aussi de médecins. Présentés vendredi 1er avril, les résultats du sondage révèlent une forte attention aux questions de santé, boostées par les deux ans de crise sanitaire mais aussi par l’actualité, ainsi qu’une acceptabilité croissante de la santé connectée.
Grandeur et failles du système de santé
Le thème de la santé est extrêmement important pour les Français et représente un enjeu majeur des présidentielles
, a résumé Gaël Sliman, le président d’Odoxa, lors de la présentation. Un constat qui ne surprend pas, tant la pandémie a jeté un large coup de projecteur sur le sujet. Selon les chiffres avancés, 64% des Français interrogés déclarent en effet que les propositions pour la santé des candidats sont susceptibles d’avoir un impact sur leur vote, soit 9 points de plus que lors de la précédente élection présidentielle. Et malgré les difficultés qu’il rencontre (pénurie de personnels, fermeture de lits, délais pour avoir un rendez-vous…), le système de santé conserve une très bonne image auprès de la majorité des citoyens. 72% (+5 points) d’entre eux jugent qu’il constitue d’ailleurs le meilleur au monde, contre 63% pour les médecins (+14%). Néanmoins, dans chaque pays interrogé, chacun pense que son système de santé est le meilleur. Ce n’est donc peut-être pas une spécificité française
, a nuancé Gaël Sliman.
Les Français ont vu les défaillances du système de santé au cours de la crise.
Paradoxalement, ils sont 59% à craindre qu’il se dégrade – un constat en ligne avec un précédent sondage IFOP révélant un sentiment de crise systémique. Et 51% des répondants jugent négatif le bilan du gouvernement relatif à la gestion de la crise sanitaire, tandis que 67% des médecins en tirent un bilan positif. On a le sentiment qu’on dispose d’un trésor, mais qu’on va le perdre
, a estimé le président d’Odoxa. À noter, toutefois, que les réponses à cette dernière question s’avèrent très politisées. Les sympathisants des partis se présentant comme hors-système – Reconquête ! d’Eric Zemmour, Rassemblement national de Marine Le Pen ou encore La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon – se montrant plus critiques
envers le gouvernement que ceux de partis plus modérés, a-t-il complété.
L’inquiétude exprimée face à la situation du système de santé n’étonne pas Céline Jardy Triola, médecin généraliste et co-fondatrice et présidente de Focus-Santé. Le système est de moins en moins performant ; les Français en ont vu les défaillances au cours de la crise
, a-t-elle remarqué, rappelant que, en 2019 déjà, les services d’urgences avaient entamé une grève massive pour alerter sur leurs difficultés croissantes à prendre en charge les patients. 30 services de nuit fermeraient ainsi chaque nuit par manque de personnel. Des tensions en ressources humaines qui ont parfois des conséquences dramatiques
.
Inquiétudes pour la prise en charge de la dépendance
L’enquête se focalise également sur un sujet, là encore cruellement mis en avant par l’actualité : celui de la prise en charge de la dépendance. Pour 75% des répondants, la problématique est concernante
, et 65% d’entre eux font expriment une inquiétude sur la manière dont ils gèreront leur vieillesse. Le scandale Orpéa
a accéléré ces angoisses
, a constaté Gaël Sliman. Mais ce n’est pas là son unique conséquence. Il accentue encore la mauvaise image dont pâtissaient déjà généralement les EHPAD. 72% des Français pensent ainsi que le scandale Orpéa n’est que le signe d’un problème plus profond, latent, symptomatique de la manière dont ces établissements, publics comme privés, prennent soin des pensionnaires. Les EHPAD souffrent d’une mauvaise image depuis longtemps
, a relevé Céline Jardy Triola. Il faut qu’on ait une véritable réflexion sur leur modèle, car on voit bien qu’ils atteignent leurs limites
, le secteur affichant un fort taux de turn-over
et ayant bien du mal à recruter, ce qui dégrade d’autant plus les conditions de travail des personnels en poste.
Conséquence : les Français sont de plus en plus nombreux à affirmer leur volonté de demeurer à domicile, quitte à ce que celui-ci fasse l’objet d’adaptations pour faciliter la prise en charge (64%, soit 8 points de plus par rapport à une précédente enquête fin 2019). Or le maintien à domicile s’accompagne de ses propres écueils. Il faut que toute la famille soit impliquée
, a par exemple noté Céline Jardy Triola, notamment car c’est en son sein que se trouvent essentiellement les aidants. Et plus globalement, c’est le mode de financement de la prise en charge de la dépendance qui pose question. Le sujet de la dépendance est un sujet de mutualisation
, a défendu David Bigot, délégué générale de la Réunion des organismes d’assurance mutuelle (Roam). Nous avons travaillé sur une proposition qui repose sur le fait que l’ensemble des citoyens finance une garantie dépendance inclue dans les contrats d’assurance.
Une proposition qui, si elle devait être appliquée, aurait à l’être prochainement. Le temps que le financement se développe, il faudra quelques années. Or il y a déjà une vraie urgence
, a-t-il alerté.
La perception de la santé connectée tient beaucoup à la façon dont les dispositifs sont mis en place
Une acceptabilité croissante du numérique
Enfin, le troisième focus de l’enquête concerne le numérique en santé et son acceptabilité par les citoyens. Alors que la mise en place de « Mon espace santé » a débuté au mois de février
, la santé connectée est très largement bien perçue. Pour 76% des Français interrogés, elle constitue une opportunité d’améliorer la prévention, et pour 62%, la qualité des soins, des chiffres qui atteignent respectivement 84% et 73% chez les médecins. 8 Français sur 10 seraient prêts à s’équiper d’objets connectés médicaux si leur médecin le leur recommandait
, précise également l’enquête dans son analyse. Autre enseignement : l’intérêt croissant pour la téléconsultation
, qui a bénéficié d’un véritable essor avec la crise sanitaire et ses confinements successifs. Entre 2019 et 2021, la part des médecins déclarant avoir déjà pratiqué la téléconsultation est passée de 13 à 71%. Côté patients, le niveau d’acceptabilité de ce mode d’exercice s’avère également élevé : 54% des répondants se disent prêts à y avoir recours si leur médecin le leur propose.
L’un des points positifs de la crise Covid, c’est l’adoption de ces solutions
, a déclaré Céline Jardy Triola. Les Français s’approprient ces techniques, ce qui va rendre service au système de santé.
La téléconsultation est en effet perçue comme une des solutions pour lutter contre les déserts médicaux et favoriser l’égalité des soins, à condition de s’assurer que l’ensemble de la population y a bien accès. La perception de la santé connectée tient beaucoup à la façon dont les dispositifs sont mis en place
, a nuancé de son côté David Bigot. Pour qu’elles fonctionnent, les technologies doivent en effet être faciles d’accès : c’est un point essentiel
. Sujet de vigilance toutefois : le recours plus large au numérique en santé suppose que la France acquiert une véritable souveraineté numérique, aussi bien dans le stockage que dans le traitement des données de santé afin que celles-ci soient bien sécurisées. C’est un sujet de fond, absolument fondamental. Le vrai enjeu de demain
, a conclu le président de Roam.
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