Elle s’appelle Coviprev et elle représente l’ensemble des enquêtes menées par Santé publique France pendant le confinement pour évaluer l’approbation de la population aux recommandations officielles pour lutter contre la pandémie. Point positif : apparemment les Français ont été de bons élèves… enfin, surtout les Françaises et les personnes âgées.
Face à la crise sanitaire associée à la Covid 19 requalifiée de pandémie par l’OMS le 17 mars dernier, le respect des mesures de prévention recommandée par les autorités de santé publique est devenu le principal rempart contre la propagation du nouveau coronavirus notamment en l’absence de traitements à l’efficacité prouvée. Ces préconisations impliquaient des changements comportementaux que la population devrait maintenir dans la durée. C’est pourquoi Santé publique France a mis en place rapidement un dispositif de surveillance afin d’évaluer l’appropriation de ces mesures par les Français.
L’étude publiée lors du Bulletin épidémiologique hebdomadaire montre que, globalement, les Français ont été disciplinés, même si on note un relâchement vers la fin du confinement . En effet, l’Agence nationale de santé publique a pu estimer cela via des enquêtes en ligne. -ci ont été divisées en cinq vagues distinctes où près de 2000 personnes ont été interrogées sur internet. En tout, ce sont plus de 10 000 sondés qui ont été questionnés sur leur comportement pendant le confinement.
5 mesures de prévention sur 7 ont été systématiquement adoptées
Parmi les 7 principales recommandations gouvernementales, 5 ont été en grande majorité adoptées durant les cinq étapes du sondage. Plus précisément, se saluer sans se serrer la main et limiter les embrassades
, ainsi que limiter toutes formes d’interactions
ont été suivis à la lettre par respectivement 90% et 80% des répondants. En parallèle, garder une distance d’au moins un mètre
et se laver les main
ont été acceptés par 70% des participants. En revanche, tousser dans son coude
et utiliser un mouchoir à usage unique
ont moins fait l’unanimité puisque 65% des sondés ont déclaré les avoir appliqués. D’ordre général, à l’exception de s’abstenir de se serrer la main, la plupart de ces mesures ont été de moins en moins suivies au fil du temps. La seule progression relevée concerne le port des masques en public qui a significativement augmenté. D’autres travaux ont noté cette baisse de respect des mesures durant le confinement. Celle-ci peut être attribuée à une diminution de la perception du risque encouru
.
Nos résultats témoignent d’un haut niveau d’adoption des mesures
, soulignent les auteurs de l’enquête même si la distanciation sociale, notamment, a été largement favorisée par les règles de confinement strictes mises en place par le gouvernement. Ce qui explique en partie pourquoi les personnes étant dans l’obligation de se déplacer pour se rendre au travail ont eu davantage de difficultés à appliquer les mesures.
Les hommes et les plus jeunes respectent moins les recommandations
Point intéressant : sur les cinq vagues de l’enquête, les hommes se sont montrés moins enclins à adopter les mesures que les femmes. Par ailleurs, plus l’âge augmente, plus les mesures sont respectées. Les personnes ayant un haut niveau de littératie en santé
- c’est-à - dire les individus ayant de bonnes capacités à trouver des informations fiables sur la santé et à les comprendre- font également plus attention. Néanmoins, les Français issus de catégories socioprofessionnelles défavorisés approuvent moins les règles de prévention.
Pour comparaison à ces constats, les auteurs notent qu’une méta-analyse récente a également mis en lumière le fait que la gent masculine a plus de mal à adopter des comportements de prévention dans un contexte d’épidémie.
Une campagne plus adaptée pour l’avenir
D’autre part, les données attestent de la prépondérance des facteurs cognitifs et affectifs dans l’adoption des préconisations en vigueur. D’après les analyses, les trois facteurs les plus importants sont : l’approbation de ces mesures par les proches (ce que l’on appelle la norme subjective), la facilité estimée par la personne de se plier à ces recommandations et la gravité de la maladie telle qu’elle est perçue par le grand public. Des études antérieures avaient déjà observé l’influence de la norme subjective sur les attitudes de la population. De même, on retrouve également dans plusieurs études, et dans différents contextes épidémiques (H5N1, H1N1), une association entre le sentiment d’être capable de mettre en oeuvre les mesures de prévention (auto- efficacité) et leur approbation.
Ainsi, cette enquête démontre « l’importance de mettre à disposition des populations des contenus simples et faciles d’accès pour les personnes les moins disposées ou motivées à traiter des informations multiples et complexes, telles que celles diffusées sur la Covid-19 », conclut Santé publique France. Le lien entre la forte application des mesures et la bonne connaissance des modes de transmission du virus le prouve. Dans la perspective possible d’une seconde vague épidémique, un des enjeux majeurs sera à nouveau l’adoption des comportements de prévention par le grand public. Or, les chiffres mis en avant ici suggèrent que les leviers sur lesquels s’appuyer pour améliorer l’approbation massive de la population sont de montrer aux Français qu’ils sont capables de les adopter facilement. Pour cela, il serait opportun d’aider les individus à y faire face en optimisant leur environnement comme simplement en permettant un accès facile à du gel hydroalcoolique ou à des masques ou encore en réorganisant les lieux fréquentés pour faciliter une distanciation sociale…
Enfin, les campagnes devraient davantage se centrer sur les personnes les moins réceptives en ciblant notamment les jeunes adultes et les hommes.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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