L’édition 2019 de la semaine de la sécurité des patients du 19 au 22 novembre 2019 contribue à rappeler l’importance de la préservation des antibiotiques, qui doivent être utilisés à bon escient. Le slogan utilisé cette année l’explicite au mieux : "Les antibiotiques, ils sont précieux : utilisons-les mieux !" De fait, la formation à l’antibiorésistance ainsi que la prévention et le contrôle des infections associées aux soins sont au coeur des préoccupations des agences de santé en France et partout dans le monde.
Rappelons que depuis des décennies, les antibiotiques ont permis de soigner des infections bactériennes et de sauver la vie de millions de personnes. Aujourd’hui, il existe plusieurs classes d’antibiotiques mais très peu de nouvelles molécules ont été mises sur le marché dans les trois dernières décennies. Aucun nouvel antibiotique avec un nouveau mécanisme d’action n’a été développé depuis 20 ans. Les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les infections dues à des virus, comme la grippe par exemple. Seul un médecin pourra faire le bon diagnostic et décider si son patient a effectivement besoin d’un traitement antibiotique et déterminer lequel est le plus pertinent.
Le gouvernement a souhaité intensifier la politique de maîtrise de l’antibiorésistance menée depuis les années 2000 en lançant en novembre 2016 un programme interministériel de maîtrise de l’antibiorésistance. Ce programme est construit autour de 5 axes : mieux sensibiliser le public, mieux utiliser les antibiotiques, davantage soutenir la recherche et l’innovation et, enfin, renforcer la surveillance et l’engagement de la France dans la lutte internationale contre l’antibiorésistance.
La consommation des antibiotiques en France demeure encore en 2018 environ 30% supérieure à la moyenne européenne (données ECDC).
Des chiffres éloquents
En 2018, il a été vendu en France 728 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé humaine et 471 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé animale. En santé animale, 95 % des antibiotiques sont administrés à des animaux destinés à la consommation humaine et 5 % à des animaux de compagnie. En santé humaine, 93 % des antibiotiques sont dispensés en médecine de ville et 7 % en établissements de santé ; parmi ceux dispensés en ville, 13 % relèvent d’une prescription hospitalière
Ainsi à la demande du Premier ministre, le premier Comité Interministériel pour la Santé (CIS) a été consacré en 2016 à la préparation et à l’adoption d’une feuille de route interministérielle visant à maîtriser l’antibiorésistance. S’appuyant sur les recommandations du groupe de travail spécial coordonné par le Dr Carlet, celle-ci se compose de 40 actions réparties en 13 mesures phares.
Un nouvel indicateur mesurant le nombre de prescriptions d’antibiotiques
Pour la première fois en 2019, afin d’avoir une vision plus précise de la consommation d’antibiotiques en ville, Santé Publique France publie, en complément de l’indicateur habituel exprimé en nombre de DDJ, nombre de doses définies journalières un nouvel indicateur exprimé en nombre de prescriptions. Cet indicateur, plus simple, permet d’avoir une vision plus directe des pratiques médicales et de leur évolution. Ces deux indicateurs sont élaborés par Santé publique France à partir d’une nouvelle source : les données de remboursement de l’Assurance maladie (Système national des données de santé).
Quelle consommation en ville en France en 2018 ?
- La consommation globale des antibiotiques en secteur de ville est estimée en 2018 à 22,5 doses ou 2,38 prescriptions pour 1000 habitants et par jour. Exprimée en DDJ, elle augmente régulièrement avec l’âge chez l’adulte. Exprimée en nombre de prescriptions, elle est la plus élevée chez les enfants
- Les antibiotiques les plus consommés en 2018 sont les bêta-lactamines parmi lesquels l’amoxicilline, prescrit en première intention en accord avec les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS).
- Des résultats hétérogènes selon les régions : trois régions (Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et Bretagne) sont en dessous de la moyenne nationale ; deux autres régions (PACA et Hauts-de-France)ont des consommations plus élevées ; ces différences justifient que les actions nationales en faveur du bon usage antibiotique soient déclinées et adaptées pour chaque territoire.
Ces résultats concernant la ville sont encourageants mais la lutte contre l’antibiorésistance reste un enjeu majeur de santé publique. En effet, la consommation des antibiotiques en France demeure encore en 2018 environ 30% supérieure à la moyenne européenne (données ECDC).
Une priorité devenue mondiale
La Journée européenne d’information sur les antibiotiques du 18 novembre 2019 s’inscrit dans le cadre de la semaine mondiale sur la même thématique et mobilise l’ensemble de ces acteurs : citoyens, patients, professionnels de la santé humaine et animale, et décideurs.
Les professionnels de santé ont un rôle à jouer
Préserver l’efficacité des antibiotiques est de la responsabilité de tous. L’usage responsable des antibiotiques par chacun d’entre nous pourra aider à stopper la résistance des bactéries.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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