En cas d'insuffisance cardiaque, les infirmiers peuvent désormais pratiquer de la télésurveillance mais aussi des consultations de titration et des consultations non programmées avec ou sans télémédecine. Le protocole de coopération vient d'être validé.
À l'occasion d'un arrêté et de ses nombreuses annexes publiés ce 31 décembre au Journal officiel, le ministère des Solidarités et de la Santé autorise un nouveau protocole de coopération pour les infirmiers s'agissant des patients traités pour insuffisance cardiaque. Il concerne précisément la réalisation de consultations de suivi pour la titration des médicaments de l'insuffisance cardiaque systolique en présentiel, ou pour décompensation cardiaque en présentiel ou en téléconsultation. À cela s'ajoutent la télésurveillance et l'orientation des patients. L'objectif affiché est de permettre "une prise en charge précoce et un suivi rapproché [...] pour optimiser rapidement le traitement médical qui stabilise la maladie, freine son évolution et diminue la morbi-mortalité (décompensations cardiaques, hospitalisations, décès)". Au titre des critères de non-inclusion, le protocole liste entre autres les mineurs et femmes enceintes, ainsi que les patients présentant une insuffisance cardiaque à fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) dans le cadre d'une titration. Et quoi qu'il en soit, le consentement des patients est obligatoire après avoir été dûment informés du protocole.
Une titration tous les 15 jours
Pour les infirmiers, il s'agit avant tout de développer de nouvelles compétences
, de diversifier leurs activités
avec des actes médicaux effectués de façon autonome et sécurisée
et, plus globalement, d'améliorer l'attractivité du métier
. Du côté des cardiologues, ce protocole doit notamment être l'occasion de "redistribuer du temps médical aux cas complexes" et de satisfaire aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) s'agissant du délai entre deux consultations de titration. Le suivi dans le cadre du protocole [...] ne doit pas modifier le rythme de suivi par le cardiologue traitant (au minimum biannuel) qui reste responsable de la prise en charge cardiologique globale du patient.
Ministère de la Santé
De fait pour le patient, l'idée est d'aboutir à un objectif de titration tous les 15 jours
. Cette délégation de tâche doit également servir à faciliter la prise en charge ambulatoire grâce à une surveillance à distance et une simplification du parcours de soins avec un contact direct auprès des professionnels dédiés lors des décompensations cardiaques
. En toile de fond, le ministère espère ainsi éviter des passages aux urgences, réduire les hospitalisations et de facto améliorer la qualité de vie. Et entend en outre adjoindre de manière "coordonnée" une offre de soins complémentaire à la prise en charge d'ores et déjà réalisée par le cardiologue et le médecin traitant.
80 consultations et 20 patients télésurveillés par an
Avant toute délégation de tâche, l'infirmier doit notamment répondre d'une expérience d'au moins trois ans, dont une année en cardiologie. Il doit suivre une formation théorique de 50 heures, doublée d'un volet pratique là aussi de 50 heures comprenant 100 consultations : 20 en observation, 50 en binôme cardiologue-infirmier et 30 en supervision par le médecin. Enfin, "une activité minimum de 80 consultations et dans le cadre d'une télésurveillance un suivi de 20 patients par an [...] est nécessaire au maintien des compétences", souligne le ministère.
En hôpital comme en ville
En revanche, les actes dérogatoires ne concernent pas la réalisation du bilan étiologique de l'insuffisance cardiaque ni les décisions de stratégie de prise en charge thérapeutique : traitement médical hors recommandations, dispositifs rythmologiques, greffe cardiaque et assistance circulatoire. Sont également écartés le traitement des comorbidités ainsi que les événements intercurrents autres que la décompensation cardiaque. Par conséquent, écrit le ministère, le suivi dans le cadre du protocole de coopération ne doit pas modifier le rythme de suivi par le cardiologue traitant (au minimum biannuel) qui reste responsable de la prise en charge cardiologique globale du patient.
Par ailleurs, le protocole peut certes voir le jour aussi bien en établissement qu'en ville (cabinet médical ou maison médicale) mais les locaux doivent systématiquement permettre : un accueil des consultations garantissant la confidentialité ; la pratique de la télémédecine (téléconsultation, télésurveillance avec gestion des alertes et accueil téléphonique) ; la mise à disposition de matériels type stéthoscope, tensiomètre, saturomètre, pèse-personne et électrocardiogramme. Il est en outre préconisé un nombre minimal de deux cardiologues et deux infirmiers pour garantir une bonne continuité
du protocole.
Cet article a été publié par Hospimédia.
Thomas Quéguiner @thomaqu
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