La dernière enquête sur les événements indésirables graves associés aux soins (ENEIS) dresse un état des lieux de leur fréquence, de leurs causes, de leur évitabilité et de leur acceptabilité...
L'enquête nationale sur les événements indésirables graves associés aux soins en établissements de santé (ENEIS) a été rééditée par la Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES) en 2009 et réalisée par le Comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA) auprès d’un échantillon représentatif de 251 services de chirurgie et de médecine entre avril et juin 2009 (soit 8269 séjours de patients et 31 663 journées d'hospitalisation).
Elle permet de mesurer la fréquence des événements indésirables graves (EIG) se produisant au cours d’une hospitalisation, d’estimer la proportion des séjours hospitaliers qui sont causés par un EIG et d’évaluer la part d’évitabilité de ces EIG.
Rappelons que ces événements - qui peuvent survenir à l’occasion d’investigations, de traitements ou d’actions de prévention - sont considérés comme graves lorsqu'ils entraînent une hospitalisation, une prolongation d’hospitalisation d’au moins un jour, un handicap, une incapacité à la fin de l’hospitalisation ou lorsqu'il sont associés à une menace vitale ou à un décès, sans qu’ils en aient été nécessairement la cause directe.
Les chiffres clés
Concernant les EIG survenues pendant l'hospitalisation, on compte en moyenne 6,2 EIG pour 1000 jours d'hospitalisation (environ un EIG tous les cinq jours dans un service de 30 lits), soit une estimation de 275 000 à 395 000 EIG par an dont 95 000 à 180 000 seraient évitables.
Ces EIG sont plus fréquents en chirurgie qu'en médecine et plus nombreux dans les centres hospitaliers universitaires (CHU). Cela s'explique notamment par une plus grande complexité des cas pris en charge par ces établissements et leur caractère souvent urgent.
On estime par ailleurs que 4,5 % des séjours sont causés par un EIG, soit entre 330 000 et 490 000 admissions dont la moitié peuvent être considérées comme évitables. La proportion des admissions causées par un EIG est ici significativement plus élevée en médecine qu'en chirurgie et plus fréquemment observée en médecine et dans les centres hospitaliers qui, en tant qu'hôpitaux de proximité, prennent traditionnellement en charge les séjours médicaux non programmés.
Si l'on s'intéresse aux causes de ces EIG, celles survenant pendant l'hospitalisation sont le plus souvent associées aux gestes invasifs (interventions chirurgicales, actes diagnostiques, thérapeutiques ou de prévention) alors que celles à l'origine d'admissions sont associées aux produits de santé (en particulier les médicaments).
En termes d'impacts, sur les 6,2 EIG qui surviennent pour 1000 jours d'hospitalisation, 2,4 ont pour seule conséquence une prolongation d'hospitalisation, 2 ont mis en jeu le pronostic vital (avec ou sans prolongation d'hospitalisation) et 2 ont entraîné une incapacité à la sortie (temporaire ou définitive).Concernant les EIG causes d'admissions, leur conséquence principale est une hospitalisation qui, parfois, peut mettre aussi en jeu le pronostic vital ou engendrer une incapacité ou un handicap.
Les patients concernés par les EIG sont essentiellement âgés et fragiles : 80 % sont ainsi associées à une maladie grave, à l'existence de comorbidités ou à un état général altéré. Ainsi, certaines populations ou spécialités (gériatrie, réanimation) doivent faire l'objet d'une surveillance et d'une vigilance particulières.
Il est difficile de hiérarchiser les causes profondes de survenue des EIG car elles sont très partagées : défaillances humaines des professionnels, insuffisance de supervision ou manque de communication... Ces résultats suggèrent cependant que de nombreuses EIG seraient évitables, mettant en avant des pistes d’action, notamment sur l’organisation des ressources humaines, le management des équipes et le développement de méthodes de travail spécifiques.
Quels enseignements tirer de l'enquête ?
Les résultats de cette enquête 2009 sont stables par rapport à ceux de première édition réalisée en 2004, ce qui n'est pas une déception compte tenu de la modification de la structure d’âge des patients hospitalisés, de la complexité technique des actes et des prises en charge et des modifications des conditions de travail, avérées sur la période étudiée.
De plus, une étude complémentaire portant sur l’acceptabilité des risques en population générale et chez les médecins montre que les EIG sont mieux acceptés par les médecins qui ont aussi une meilleure connaissance des risques. Plus globalement, cette étude contribue à interroger les dispositifs d’information et les réponses institutionnelles pour réduire les
risques à un niveau acceptable, le risque zéro n'existant pas.
Bibliographie
- Études et résultats n°761 – mai 2011, Les événements indésirables graves dans les établissements de santé : fréquence, évitabilité et acceptabilité, Michel P., Minodier C., Moty-Monnereau C., Lathelize M., Domecq S., Chaleix M., Kret M., Roberts T., Nitaro L., Bru-Sonnet R., Quintard B, Quenon L., Olier L. ; http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er761.pdf
Bernadette FABREGAS
rédactrice en chef IZEOS
bernadette.fabregas@izeos.com
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