Pour la profession infirmière, la récente étude de la DREES, qui indique qu’un infirmier sur deux quitte l’hôpital après 10 ans de carrière, est un véritable coup de semonce. Après l’Ordre infirmier, c’est ainsi au tour du Collège infirmier français (CIF) de réagir et d’alerter sur « la situation inquiétante des effectifs » de ces professionnels : il manquerait aujourd’hui près de 15 000 infirmiers en France.
Des compétences peu valorisées et sollicitées
Rappelant le manque d’attractivité de la profession, pointant des « salaires injustement sous-évalués contrairement à leurs homologues européens » ainsi qu’un manque de reconnaissance, il estime que les infirmiers « vivent un sentiment de dévalorisation et d’abandon ». « La formation universitaire aurait dû enrichir les prestations et contribuer à leur reconnaissance », relève-t-il pourtant, dénonçant « un hôpital-entreprise » qui précarise de plus en plus ses professionnels. Il accuse notamment « l’arrivée de la T2A, qui n’a pas été un atout », en ce qu’elle a imposé une logique économique « violente et préjudiciable » en accélérant la dégradation des conditions de travail.
Un comble alors que la profession infirmière « se diversifie et se caractérise par une multitude de compétences et d’expertise dans différents domaines d’activités », qu’elle ne peut pas, par ailleurs, solliciter en raison de conditions de travail « prolétarisées ». C’est surtout à l’autonomie des infirmiers qu’il fait ici référence, cette « partie invisible prédominante de la profession de l’infirmière à l’hôpital et dans tous lieux d’exercice », qui n’est pas récompensée à sa juste valeur.
Côté étudiant aussi, la situation n’est guère enviable. Le CIF rappelle ainsi que 10% des étudiants infirmiers quittent les IFSI en première année, souvent démotivés après leur premier stage, entre absence de professionnels pour les encadrer et organisation reposant sur une division répétitive des tâches. « Augmenter le nombre d’étudiants en première année n’est pas la solution puisqu’ils abandonnent leurs études », s’agace-t-il.
Il y a "urgence" à renforcer l'attractivité de la profession
« Il devient urgent d’améliorer les conditions de travail et de valoriser cette profession à la mesure de son niveau de responsabilité avant qu’il ne soit trop tard », plaide-t-il. Parallèlement, il encourage les infirmiers à se mobiliser pour élaborer les nouveaux référentiels de la profession et participer à sa refonte, en cours de réflexion. Car renforcer son attractivité est une nécessité, alerte-t-il. « Sans cela, le système de santé, affaibli par un manque d’infirmiers, s’expose à une perte de la qualité des soins et de ce fait à la précarisation de la santé de la population. »
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