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L'AP-HP va lancer une enquête sur les risques psychosociaux à l'hôpital

Publié le 23/07/2010

La décision fait suite à 4 décès par suicide survenus en un an chez des agents de l'hôpital Tenon, bien qu'aucun lien de causalité n'ait été établi avec l'environnement professionnel. Un dispositif d'écoute et de soutien a été mis en place par la direction de l'hôpital.

L'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) va lancer une enquête sur les risques psychosociaux à l'hôpital, à la suite de quatre décès par suicide survenus en un an chez des agents de l'hôpital Tenon, a-t-on appris auprès de la direction générale.

Depuis août 2009, quatre décès par suicide ont été enregistrés chez des agents de l'hôpital Tenon, "sans pour autant pouvoir élaborer avec certitude une relation directe entre le décès et l'environnement professionnel", a-t-on appris jeudi auprès de la direction générale de l'AP-HP.

Elle a précisé que le dernier suicide survenu concernait une personne identifiée et suivie par la direction de l'hôpital Tenon et par le service de la médecine du travail. Cet agent était présenté comme étant "assez isolé et ayant des problèmes relationnels avec son équipe".

La direction générale de l'AP-HP assure qu'il y avait une "vigilance" autour de cet agent et que son suicide constitue "un échec".

Le quotidien Le Parisien, qui a consacré un article sur ce sujet, a publié un extrait d'une lettre personnelle du défunt, qui était plombier, exprimant des souffrances en raison "de pressions exercées" sur son lieu de travail et rapportant qu'il était "terrifié" de se rendre au travail.

Suite aux derniers suicides, survenus le 30 mai et le 4 juin, le directeur, Roland Gonin, et le président du comité consultatif médical (CCM) de l'hôpital Tenon, Eric Rondeau, ont adressé le 14 juin un courrier à l'ensemble du personnel de l'hôpital Tenon pour les informer de la mise en place d'un dispositif d'écoute et de soutien à la suite de ces suicides.

Une cellule médico-psychologique a été organisée, des entretiens individuels ont été proposés et une cellule de veille a été mise en place. Cette cellule, qui réunit notamment des médecins, des psychologues, des cadres et une directrice de soins, s'est réunie déjà à deux reprises: le 26 juin et mercredi.

La direction de l'AP-HP a indiqué que l'objectif de cette cellule était de permettre aux personnels "d'échanger sur ce qui s'est passé et de communiquer sur le dispositif de soutien mis en place pour l'améliorer". La cellule travaille aussi à la définition "d'une méthodologie adéquate pour réaliser une enquête pour étudier les risques psychosociaux dans l'hôpital".

Contactée par l'APM, la secrétaire Sud-santé du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), Isabelle Borne, a indiqué jeudi que deux des personnes suicidées étaient adhérentes au syndicat Sud-santé de l'hôpital. Elle a indiqué que la direction de l'hôpital avait mis en place après chaque suicide un soutien psychologique pour les agents.

"Nous avons demandé une enquête sur chaque suicide pour voir dans quelles mesures les conditions de travail sont impliquées dans le suicide des agents", a déclaré Isabelle Borne.

Le syndicat se refuse à imputer ces suicides aux seules conditions de travail mais indique que "le climat à l'hôpital est très lourd et [qu']on relève beaucoup d'inquiétude des personnels" liée à des "incertitudes" sur les conséquences de la restructuration de l'AP-HP. "On sait que chez les personnes fragiles, les conditions de travail vont jouer" sur le risque suicidaire, a déclaré Isabelle Borne.

Le député Jean-Marie Le Guen (PS, Paris), membre du conseil de surveillance de l'AP-HP, a publié jeudi un communiqué de presse pour exprimer sa "très vive émotion" et sa "consternation" à la suite des suicides.

"S'il n'est pas possible, sans une enquête approfondie, d'établir un lien direct entre ces drames et la crise sociale que traverse l'AP-HP, il est cependant urgent que soient enfin prises les dispositions qui s'imposent", a déclaré Jean-Marie Le Guen.

"Alors que la souffrance, l'angoisse et souvent le désespoir se répandent au sein de l'institution", il demande "à la direction générale et aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser cette dérive délétère"


Source : infirmiers.com