Entre espoir et désillusion, la coupe est visiblement pleine chez certains représentants de la profession infirmière. En cause, des avancées réelles (élargissement des compétences vaccinales, participation des infirmiers libéraux aux rendez-vous de prévention…), aussitôt contrebalancées par des bémols, voire des sujets de préoccupation (le coup de massue sur les fraudeurs présumés). Le SNIIL et la FNI, deux syndicats d’infirmiers libéraux (IDEL), s’inquiétaient récemment d’une partie du contenu du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, perçue comme un moyen de court-circuiter les négociations conventionnelles autour des rendez-vous de prévention, à titre d’exemple. Aujourd’hui, ce sont les propos tenus par Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, lors des universités d’été de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) sur l’ouverture de l’accès direct qui suscitent l’agacement des représentants infirmiers.
L'accès direct, un "mirage"
Lors de l’événement, qui s’est déroulé le 6 octobre à Arcachon, le ministre de la Santé a en effet opéré « une volteface très peu appréciée par les professionnels de terrain ». Les propos ici mis en cause : le regret exprimé sur l’accent mis sur l’accès direct. « Penser que c’est l’accès direct qui nous sortira des difficultés, c’est une fausse promesse, c’est un mirage… je ne poursuivrai pas ce mirage », a-t-il ainsi déclaré selon le SNIIL et le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres (CEFIEC), qui rapportent ses propos dans leurs communiqués respectifs. S’il faut « s’appuyer sur les compétences des différents métiers », avec « le bon professionnel au bon endroit pour la bonne personne », « c’est au médecin de pouvoir suivre toutes les interventions professionnelles dans le parcours du patient, il n’y aucune ambiguïté », a-t-il argué.
Des propos qui vont à l'encontre des enjeux, pour les syndicats
« Des propos jugés irrespectueux envers la profession infirmière dans sa globalité », a immédiatement réagi le CEFIEC. Un véritable « dénigrement envers des professionnels de santé essentiels pour sortir le système de santé de la crise », renchérit le SNIIL. Le coup est d’autant plus intolérable que François Braun, le précédent ministre de la Santé, avait réitéré en janvier 2023, lors de ses vœux aux professionnels de santé, l’engagement pris par le gouvernement de porter le nombre d’infirmiers en pratique avancée (IPA) en activité à 5 000 d’ici 2024, notamment afin de pallier le manque de médecins généralistes. « Saisissons-nous pleinement de ce levier de transformation, en ville comme à l’hôpital », avait-il déclaré. Plus largement, souligne le SNIIL, ouvrir l’accès direct aux infirmiers pour « les patients porteurs de plaies et les patients dépendants » faciliterait « une intervention rapide et adaptée et donc une meilleure prise en charge » de ce type de problématique.
Si le SNIIL témoigne un certain écœurement face à ce qu’il considère comme une énième insulte à une profession « à bout » dans un « système de santé à la dérive », le CEFIEC, lui, appelle plutôt à une clarification de la feuille de route relative à l’avenir du métier infirmier. « Il est de notre conviction que l'unité et la collaboration entre les divers professionnels de la santé sont essentielles pour garantir un accès optimal aux soins pour chaque patient. Nous croyons fermement qu'une approche inclusive et consensuelle est nécessaire pour répondre aux défis complexes du système de santé actuel », conclut-il.
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