La tomothérapie associe, dans un même équipement, un accélérateur de particules et un scanner, ce qui assure une précision millimétrique de l'irradiation, souligne le centre de lutte contre le cancer alsacien dans un communiqué.
Cette technique de radiothérapie de haute précision guidée par l'image introduite récemment en France "offre une sécurité de traitement optimale car elle permet de contrôler la mise en place du patient et la localisation tumorale au cours de l'irradiation", ajoute l'établissement.
C'est une nouvelle étape du développement de la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle.
Trois appareils de tomothérapie ont déjà été installés en France, via un appel d'offres lancé par l'Institut national du cancer (Inca) pour favoriser l'introduction de cette technique. L'Institut Curie (Paris) a commencé à traiter ses premiers patients début 2007, en collaboration avec quatre autres établissements du Pôle régional de cancérologie de l'ouest parisien.
Puis, le centre René Gauducheau à Nantes a suivi en avril 2007 et l'Institut Bergonié à Bordeaux en juin 2007.
Le centre Paul Strauss avait participé à l'un des appels d'offres mais n'avait pas été retenu parmi les trois premiers. Le projet a été poursuivi et un nouveau dossier a été déposé auprès de l'Inca pour avis sur la cohérence de la démarche (infrastructure, ressources humaines adaptées...), a indiqué mercredi à l'APM le Pr Patrick Dufour, directeur général du centre.
L'établissement ne bénéficie pas de l'aide financière de l'Inca, comme les trois autres centres, mais participe à l'étude médico-économique lancée par l'institut, précise-t-il.
Le coût total de l'appareil et de son installation s'élève à 4,13 millions d'euros (dont 3,8 millions pour l'appareil). Le centre reçoit une aide annuelle à l'exploitation de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de 694.000 euros et des aides à l'investissement de plus d'1,6 million d'euros au total du conseil régional d'Alsace, des conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, de la ville et communauté urbaine de Strasbourg, des comités du Bas-Rhin et du Haut-Rhin de la Ligue nationale contre le cancer et dans une moindre mesure du CIC et du Crédit Agricole.
L'équipement alsacien a commencé à fonctionner en décembre 2007 et une quarantaine de patients ont été traités. Il est ouvert à tous les patients d'Alsace atteints de cancer. A terme, 20 patients par jour au maximum pourront être traités. La technique nécessite de multiples contrôles en cours de traitement, ce qui double ou triple le temps de traitement par rapport à un appareil classique, et donc limite l'accès à la machine.
La tomothérapie apporte un réel bénéfice pour les patients atteints de cancers qui sont difficiles à irradier avec des techniques d'irradiation classiques en raison de leur taille, de leur localisation, de la proximité d'organes sensibles empêchant de délivrer une dose suffisante au niveau de la tumeur.
A ce jour, la technique est employée pour traiter les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) complexes, comme les cancers du cavum, du massif facial, de l'ethmoïde de certains cancers bronchopulmonaires, de certains cancers du sein avec atteinte de la glande mammaire et des ganglions ou des cancers mammaires bilatéraux.
Elle est aussi utilisée dans des formes de sarcomes des membres, dans des tumeurs de la base du crâne et dans des cancers de la prostate. Enfin, elle est indiquée pour traiter les pathologies hématologiques nécessitant une irradiation corporelle totale.
Des protocoles précis ont été établis en commun par les radiothérapeutes des centres équipés en tomothérapie.
UN COMITE DE SELECTION DES PATIENTS
Le Pr Georges Noël, chef du département de radiothérapie, et ses collègues ont présenté fin juin dans une communication affichée au congrès Eurocancer, les résultats de la mise en place d'un comité de pilotage de sélection des patients pour la tomothérapie.
Avant de décider de traiter un patient par tomothérapie, le dossier est présenté dans un comité de pilotage qui réunit médecins radiothérapeutes, physiciens médicaux, cadre manipulateur et manipulateurs.
Dans leur expérience des 100 premiers jours, 44 dossiers ont été soumis dont cinq venant d'établissements extérieurs. Le comité, qui se réunit deux fois par mois, a accepté 22 dossiers mais six patients n'ont pas été traités par tomothérapie dont trois en raison de délais de mise en traitement jugés trop longs.
Pour quatre patients, il s'agissait d'une réirradiation. Les localisations traitées ont été notamment des cancers ORL, pulmonaires, ethmoïde, chondrosarcome vertébral, de la paroi, ou encore un médulloblastome chez un enfant.
Les refus étaient motivés par des raisons principalement médicales (absence de bénéfice attendu de la modulation d'intensité, mouvement interne des organes trop important, évolutivité trop rapide de la lésion tumorale).
Deux patients retenus ont dû être récusés, pour l'un lors du scanner, pour l'autre lors de la mise en place, en raison de l'incapacité à rester immobile dans la salle avec la contention le temps de la durée d'une séance. Il s'agissait d'une personne âgée et d'un enfant.
Au fur et à mesure, le comité tomothérapie a permis de mieux sélectionner les patients. De plus, il assure une communication entre les différents acteurs du traitement: retour d'expérience des manipulateurs dans la gestion de la fusion et de l'optimisation des moyens de contention ou encore l'apport des physiciens dans la discussion du gain dosimétrique potentiel ou des difficultés de repositionnement, indique l'équipe de Strasbourg, dans sa communication.
"Au final, ce comité semble indispensable à la bonne sélection des patients et à une préparation efficace des dossiers", concluent les spécialistes.
INFOS ET ACTUALITES
La tomothérapie : la radiothérapie innovante
Publié le 10/07/2008
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Source : infirmiers.com
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