PARIS, août 2003 (Reuters Santé) - La mort médicalement assistée est une pratique courante en Europe, mais les méthodes d'assistance des patients en fin de vie varient d'un pays à l'autre selon leur statut légal et selon les considérations éthiques, médicales, psychosociales et sociétales qui existent dans chaque pays.
L'interruption des soins en phase terminale, l'administration massive d'antalgiques, le suicide médicalement assisté ou encore l'euthanasie représentent les diverses méthodes auxquelles les professionnels de santé ont parfois recours face à des patients en fin de vie, pour lesquels plus aucun espoir n'est permis.
En France, selon une étude réalisée en 2002, la communauté médicale est divisée sur l'intérêt de légiférer dans ce domaine. Une minorité de médecins souhaite en effet donner un cadre légal à certaines de ces pratiques, tandis que la majorité s'y oppose farouchement, craignant de perdre une partie de leur pouvoir de décision.
Le débat sur l'euthanasie semble donc au point mort, d'autant plus que le ministre de la Santé Jean-François Mattei refuse toute modification de la loi, lui préférant largement le développement des soins palliatifs dont l'enseignement est largement insuffisant en France.
DE FORTES DISPARITÉS D'UN PAYS À L'AUTRE
La situation est cependant différente dans d'autres pays d'Europe. Agnes van der Heide et ses collègues de l'université Erasmus à Rotterdam (Pays-Bas) ont ainsi réalisé une étude à travers six pays européens (Belgique, Danemark, Italie, Pays-Bas, Suède et Suisse) pour savoir dans quelle mesure la mort médicalement assistée était pratiquée.
Ils ont pour cela adressé un questionnaire aux médecins de plus de 20.000 patients décédés entre juin 2001 et février 2002. Les résultats sont édifiants : malgré de fortes disparités d'un pays à l'autre, une décision médicale précède le décès d'un patient en fin de vie dans 23% (Italie) à 51% (Suisse) des cas.
Si l'euthanasie reste une pratique minoritaire, à laquelle recourent essentiellement les médecins hollandais (2,59%) sans doute en raison de la législation qui encadre cette pratique aux Pays-Bas, l'administration d'opiacés à des doses massives destinées à soulager la douleur mais pouvant entraîner la mort du patient est couramment utilisée par les médecins confrontés à des patients en fin de vie (de 19% en Italie jusqu'à 26% au Danemark).
Le suicide médical assisté reste, en revanche, assez rare dans l'ensemble des pays étudiés (aucun cas rapporté en Suède et en Italie). La décision d'arrêter les soins varie, quant à elle, fortement d'un pays à l'autre : elle ne concerne que 4% des décès médicalement assistés en Italie, 14% en Belgique, Danemark et Suède, 20% aux Pays-Bas et atteint 28% en Suisse.
Les patients pour lesquels les médecins sont amenés à prendre une telle décision sont le plus souvent des gens qui se trouvent dans l'incapacité de donner leur avis, mais qui avaient exprimé leur souhait au préalable. Dans ce cas, le médecin discute de la décision médicale avec la famille du malade (surtout aux Pays-Bas et en Belgique), mais il arrive que cette décision ne soit jamais dévoilée aux proches (dans plus de la moitié des cas en Italie et en Suède).
En outre, seuls 20 à 40% d'entre eux consultent leurs collègues avant de décider d'assister médicalement un de leurs patients à mourir.
Pour l'ensemble des situations qui ont incité les médecins à décider d'anticiper la mort naturelle de leur patient d'une manière ou d'une autre, la durée de vie "amputée" dépasse rarement un mois, estiment-ils./ar
(The Lancet, 2 août 2003, vol. 362 : p. 345-350)
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?