Christian Sicot, secrétaire général du conseil médical du Sou Médical, s'exprimait mercredi lors d'un colloque sur la prévention des accidents médicaux, sur le thème "les risques évitables existent".
Il a commencé par un point positif, en soulignant que parmi les dossiers que gère le Sou Médical, la proportion d'accidents médicaux où la faute a été reconnue a diminué, passant de 25% il y a une vingtaine d'année à moins de 21% en 2002 (en revanche, quand il y a une suite judiciaire à une affaire, la fréquence des condamnations est passée de 36% à la fin des années 1980 à 57% en 2003).
Mais un point moins positif est que parmi les accidents déclarés, qui sont certes peu fréquents mais souvent graves, un certain nombre auraient pu être évités "par des mesures simples" et leur survenue est "souvent incompréhensible" et "suscite toujours de violentes réactions de la part de ceux qui en sont victimes".
De plus, en se centrant sur les accidents observés au bloc opératoire (hors problèmes propres à la chirurgie, l'anesthésie et l'obstétrique), il constate que sur 490 sinistres déclarés sur 10 ans à l'assureur, il n'y a eu "aucune baisse significative" au cours du temps.
La liste de ces accidents montre bien que la majorité auraient pu être évités : on compte ainsi 158 oublis de corps étrangers, 119 "accidents positionnels" (où la mauvaise position du patient, entraînant une compression ou une élongation de nerfs, a provoqué des paralysies ou des troubles sensitifs), 105 brûlures dont 93 par bistouri électrique, 49 erreurs de personne, d'intervention, de site ou de côté, 40 chutes de table d'intervention ou de brancard, 10 incompatibilités transfusionnelles et 6 erreurs d'administration de médicament.
"Certaines de ces erreurs ne devraient jamais arriver, comme les erreurs de côté", par exemple les ablations du mauvais rein ou du mauvais testicule.
Christian Sicot rappelle qu'aux Etats-Unis -et la pratique semble débuter au Royaume-Uni-, la veille d'une intervention, le chirurgien trace au feutre indélébile sur le corps du patient un trait là où il doit inciser et appose à côté sa signature, afin d'éviter toute erreur de côté.
Concernant les accidents positionnels, il a déploré que pour un type d'accidents, les cécités unilatérales définitives résultant de la position du patient durant plusieurs heures lors d'intervention du rachis en décubitus ventral, qui induit une ischémie du nerf optique, des chirurgiens français ont mis au point une têtière spécifique qui éviterait ce risque de lésion du nerf optique, mais ce nouveau dispositif "est resté confidentiel", il n'est pas utilisé.
"Comme pour les maladies orphelines, il y a des risques orphelins: on ne s'y intéresse pas en raison de leur rareté."
Quant aux erreurs d'administration de médicaments, bien que rares, "on peut s'étonner qu'elles puissent survenir dans des lieux de haute technicité", d'autant qu'elles résultent de confusions facilement évitables.
Il cite en exemple la confusion d'un sérum hypertonique avec un sérum isotonique (la conséquence a été une nécrose de l'avant-bras), parce que les deux étaient rangés au même endroit, ou l'injection d'un antiseptique à la place d'un anesthésique (entraînant paralysie, douleurs et plus tard le décès), parce qu'avant l'intervention les deux liquides incolores avaient été placés dans des récipients identiques.
Il recommande que, lorsque des mesures simples sont identifiées qui pourraient permettre d'éviter certains accidents, celles-ci fassent "l'objet d'une validation par les autorités scientifiques compétentes" et soient ensuite "largement diffusées auprès des professionnels de santé", "accompagnées si besoin de mesures incitatives"./fb
INFOS ET ACTUALITES
La fréquence des accidents de bloc opératoire n'a pas baissé en 10 ans alors que la majorité sont évitables
Publié le 25/03/2005
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Source : infirmiers.com
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