Philippe Douste-Blazy et Mars di Bartolomeo, ministre de la Santé et de la sécurité sociale du Luxembourg, pays qui assure la présidence de l'Union européenne, organisent mercredi et jeudi à Paris une conférence baptisée "l'Europe de la santé", qui doit réunir les 25 ministres de la Santé de l'Union, en présence du commissaire européen à la santé, Markos Kyprianou, du directeur de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Europe, Marc Danzon, et de la directrice du Centre européen de contrôle des maladies (ECDC), Suszanna Jakab.
Les ministres lanceront à cette occasion "un appel pour mettre l'Europe au service de la santé des citoyens européens".
Dans ce cadre, Philippe Douste-Blazy et Mars di Bartolomeo présenteront à leurs collègues des projets de programmes européens de lutte contre le cancer, le sida et les pandémies infectieuses, qu'ils ont dévoilés mardi à la presse.
UNE ALLIANCE CONTRE LE CANCER
Ils proposeront en premier lieu la création d'une "Alliance contre le cancer", préfigurant un Institut européen du cancer. Car "jamais un chercheur, aussi brillant soit-il, jamais un médecin aussi performant soit-il, aucun pays, aucune nation ne peut imaginer être assez fort pour vaincre seul cette terrible maladie", a déclaré Philippe Douste-Blazy.
Il s'agira d'abord d'une mise en réseau des référents nationaux sur le cancer "que nous avons demandé à chaque pays de désigner pour la conférence de Paris".
Le président de l'Institut national du cancer (INCa), Pr David Khayat, qui était présent à la conférence de presse, se proposera d'accueillir le secrétariat de cette alliance.
"L'objectif de ce réseau est d'organiser un échange de bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage, ainsi que la mise en place d'un programme d'évaluation des pratiques médicales", a indiqué Philippe Douste-Blazy.
Les deux ministres proposeront également la création d'une tumorothèque européenne, consistant en la mise en réseau des banques de tumeurs des Etats-membres "pour assurer l'échange de résultats obtenus par l'observation des tumeurs sur les tissus humains".
Ils suggèreront en outre le lancement d'un Consortium européen sur un "programme d'identification de biomarqueurs protéomiques" de détection précoce du cancer dans le sang.
Selon Philippe Douste-Blazy, la possibilité de découvrir précocement un cancer qui se développe, avant même d'être visible par l'imagerie, grâce à une simple prise de sang, "n'est plus très loin" et devient même "probablement accessible dans un délai raisonnable si, comme pour le Human Genome Project, nous divisons la tâche à accomplir et répartissons ce travail entre tous les chercheurs de nos instituts".
SIDA : SOUTENIR UN RÉSEAU EUROPÉEN D'ESSAI VACCINAL
Dans le domaine du sida, les ministres proposent de mettre en oeuvre "dès cette année" un soutien à l'organisation d'un réseau européen d'essai vaccinal, initiative intitulée "European vaccine trials network (EVTN)".
Elle répond à "l'objectif de faciliter les recherches européennes pour un vaccin contre le VIH/sida et en particulier l'évaluation des candidats vaccins aujourd'hui identifiés en Europe", a souligné Philippe Douste-Blazy.
Un tel réseau permettrait de standardiser les procédures de recherche clinique et les techniques des laboratoires ainsi que d'identifier un réseau de personnes volontaires, a-t-il ajouté.
Il regroupe les centres européens "les plus engagés aujourd'hui dans une telle recherche" tels que l'Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), Eurovac, Theravac, en France, en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni.
Les ministres proposeront à leurs homologues de soutenir la candidature de ce projet à un appel d'offre du 4ème volet du 6ème Programme commun de recherche et développement (PCRD), doté de 8 millions d'euros, à l'automne prochain.
"Alors que plus de 20 candidats vaccinaux sont issus de la recherche européenne, celle-ci souffre d'être fragmentée, pas assez coordonnée et très peu financée en comparaison avec les Etats-Unis", a déploré le ministre français.
"La recherche vaccinale représente près de 40% des publications mondiales sur le sujet, mais 90% des premiers essais sur l'homme sont conduits par des équipes américaines. Sur les 800 millions de dollars à ce jour dépensés dans le monde pour la recherche vaccinale contre le VIH, 700 millions sont financés par les Etats-Unis. Les investissements européens dans ce domaine sont ainsi trop faibles".
PANDÉMIES: COORDONNER LA RÉPONSE AUX ALERTES
Au chapitre de la lutte contre la menace de pandémie infectieuse, qui "n'est plus virtuelle" mais devient réelle, "il n'existe qu'un seul moyen : coordonner la veille, l'alerte et la réponse aux crises", a résumé le ministre.
Si la veille et l'alerte ont été communautarisées avec la mise en place de l'ECDC, la réponse aux crises demeure quant à elle de la responsabilité des Etats-membres. Mais si elle est nationale, elle ne doit pas être isolée, a souligné Philippe Douste-Blazy.
C'est pourquoi il propose, avec le président de l'Union, de "renforcer le bouclier sanitaire européen", en coordonnant la réponse aux alertes, les mesures d'isolement, et en créant un consortium européen pour un vaccin contre les menaces futures.
Pour coordonner la réponse aux alertes, il sera proposé qu'à chaque conseil européen de la santé, les responsables de la veille sanitaire présentent l'état des menaces et que chaque ministre qui le compose y décline la réponse qu'il compte y apporter sur son territoire".
Pour la coordination des mesures d'isolement, qui constituent le premier volet de la réponse aux crises en cas d'alerte avérée, "les 25 ministres pourraient donner mandat à la commission européenne pour créer un téléphone rouge d'urgence sanitaire, réseau de permanences actualisé reliant les ministres et ministères responsables des mesures d'isolement (défense, sécurité civile, ministère de la santé, douanes, ministères des transports etc...)".
A l'image du G-7 bioterrorisme, un exercice de simulation de crise pour tester le réseau pourrait être organisé.
Les deux ministres proposeront en outre la création d'un consortium européen intitulé "Vaccin européen pour les menaces futures" qui réunirait les 25 "pour l'identification des menaces les plus aiguës et le lancement de commandes publiques aux industriels pour les inciter à développer les vaccins correspondants au prix le moins cher".
Les conclusions de la conférence seront présentées à la presse jeudi en fin de matinée./cd
INFOS ET ACTUALITES
La France propose aux autres pays européens des actions communes contre le cancer, le sida et les menaces infectieuses
Publié le 13/04/2005
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Source : infirmiers.com
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