La délégation de soins aux infirmiers semble coût-efficace pour la prise en charge de patients atteints de formes modérées à sévères d'un syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS), selon une étude australienne de non-infériorité.
Le SAOS est une pathologie davantage reconnue aujourd'hui, ce qui a entraîné un encombrement des structures de prise en charge et un allongement des délais d'attente pour un diagnostic car le plus souvent, les cas suspects sont détectés chez le médecin généraliste qui les adresse pour faire confirmer à un centre du sommeil et déterminer le traitement, expliquent Nick Antic du Repatriation General Hospital à Daw Park et ses collègues dans American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine (AJRCCM).
Différentes stratégies pour pallier à ces ressources sanitaires limitées sont donc nécessaires.
Les chercheurs australiens ont évalué un mode simplifié de prise en charge, assuré par des infirmiers spécialisés, auprès de 195 patients atteints d'apnée du sommeil modérée à sévère, dans le cadre d'une étude randomisée contrôlée par rapport à une prise en charge classique par des médecins.
La prise en charge simplifiée était supervisée par un infirmier spécialisé, formé aux pathologies du sommeil et au traitement par pression positive continue (CPAP). Les infirmiers participant à l'étude avaient une expérience de la CPAP de huit ans en moyenne.
Pour les patients assignés à ce groupe, une autotitration à domicile de la CPAP a été réalisée sur quatre nuits consécutives puis après analyse des données par l'infirmier coordonnateur, les patients ont été traités par CPAP fixe. Dans l'autre groupe, un examen polysomnographique complet puis la titration manuelle de la CPAP ont été réalisés en centre du sommeil. Le médecin était ensuite libre de fixer la fréquence des visites de suivi et un soutien infirmier classique était proposé.
Après trois mois de suivi, il apparaît que la somnolence diurne, mesurée sur l'échelle d'Epworth, a baissé dans les deux groupes, de 4,02 points chez les patients ayant reçu la prise en charge simplifiée, soit une diminution qui est non inférieure au groupe contrôle où le score d'Epworth a baissé de 4,15 points.
Ces résultats sont confirmés par le test de maintien de la vigilance qui permet de mesurer de manière objective la somnolence diurne, font observer les auteurs.
Les résultats pour la qualité de vie et les fonctions exécutives étaient également similaires dans les deux groupes.
En termes de recours aux soignants, le temps passé avec les infirmiers, lors de visites prévues ou non, était de 50 minutes plus long dans le cadre de la prise en charge simplifiée par rapport à une prise en charge classique mais le nombre de consultations médicales était inférieur, de respectivement 0,18 contre 2,36.
Globalement, le degré de satisfaction est similaire pour les deux modes de prise en charge mais il est supérieur pour la prise en charge simplifiée concernant le temps d'attente, les explications, les informations fournies et le temps passé avec le soignant.
Il apparaît en outre que la prise en charge infirmière coûte 1.111 dollars australiens de moins que la prise en charge par des médecins spécialistes pour un bénéfice similaire sur la somnolence diurne.
Dans un autre modèle, les chercheurs calculent que la prise en charge simplifiée en routine clinique reste plus économique en Australie si la prévalence des formes modérées à sévères du SAOS se maintient au-dessus de 8,9%.
Ces résultats montrent que la délégation de tâches aux infirmiers pour la prise en charge des patients atteints d'un SAOS modéré à sévère donne des résultats non inférieurs à une prise en charge assurée par des médecins spécialistes et semble moins coûteuse, concluent les chercheurs.
(AJRCCM, 15 mars, vol.159, pp.501-08)
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