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AS

Stp, raconte-moi une histoire : des aides-soignants se livrent - J-2

Publié le 24/11/2016
nuage, coeur

nuage, coeur

À l'occasion de la Journée internationale des aides-soignants 2016 qui se tiendra le 26 novembre 2016, plusieurs aides-soignants nous ont fait parvenir leur récit d'un événement qui a marqué leur carrière. Nous les publierons tout au long de cette semaine, jusqu'au 26 novembre 2016. Justine, infirmière, Morwenna et Christine, toutes deux aides-soignantes, partagent des histoires vécues avec des patients qui les ont particulièrement marquées.

Chanter pour vaincre la douleur

Un regard, un mot, un toucher, un souffle sont autant de souvenirs qui me permettent de dire qu'en effet le métier d'aide-soignant, on peut en être fier !

Justine, infirmière - Je suis une jeune infirmière et j'ai vécu une situation quelques mois après mon diplôme très riche humainement. Je pense que les infirmières ne sont pas toujours assez reconnaissantes du travail des aides-soignants. Ce matin là, mes collègues AS me demandent mes pansements pour l'organisation de la matinée. En fin de matinée, je réalise le pansement d'une patiente très douloureuse chez qui nous pensons qu'il y aussi une part psychologique. Le MEOPA nous lâche en plein pansement pour couronner le tout. Mes collègues AS viennent divertir la patiente en parlant avec elle. Puis pris dans l'action, le soin se fait en chanson, mes collègues AS et moi-même chantant avec la patiente une de ses chansons préférées. Ne jamais sous-estimer le pouvoir d'une AS !

Aider les gens à continuer de vivre avec le sourire

Morwena, aide-soignante - Pas une histoire mais toutes me parlent, me touchent, me guident sur la voie de l’humanité et de l’unité. Je suis aide-soignante depuis dix ans, à domicile, à la maison. Ce ne sont pas des patients, ni des clients, ce sont des personnes âgées pour la plupart qui souhaitent rester à domicile le plus longtemps possible. Ce sont des hommes et des femmes qui demandent de l’aide pour continuer de vivre, avec le sourire. Je n’ai plus peur de les prendre dans mes bras ou de donner un baiser ou de leur dire que je suis contente de passer un moment avec eux. Ils sont dignes et moi aussi. Cela passe par du rire avec Monsieur V., 97 ans, qui me demande si je n’ai pas oublié le préservatif en parlant de sa protection ou par de l’empathie pour Monsieur N. qui se débat et ne comprend pas qui nous sommes. Quand je demande à tout le monde de lâcher Monsieur N., à l’AVS d’arrêter de tirer sur son bras et à sa femme d’arrêter de lui dire qu’il est méchant pour pouvoir lui reprendre la main et juste lui demander s'il m’entend et qu'il me répond « oui », je sens les corps qui lâchent aussi et je respire enfin. Cela passe aussi par de la joie avec Monsieur G., qui ne communique plus beaucoup. Lors de la douche, je lui rappelle que quelques mois plus tôt, il me lisait un poème sur la mer et, à ce moment, il part sur une envolée poétique d’une mer battante. Enfin, par de la sollicitude pour Madame D. qui découvre la chaleur du toucher et du massage à 95 ans et m’accueille comme sa fille. Un regard, un mot, un toucher, un souffle sont autant de souvenirs qui me permettent de dire qu'en effet c’est un métier dont on peut être fièr et valorisant, peu de personnes peuvent dirent le contraire. À nous de le pratiquer avec engagement et valeurs humaines.

Regard

Christine, aide-soignante - Je me souviens d'un regard, d'un regard d'enfant, d'un regard émerveillé, d'un regard qui découvrait, à l'abri du vent, dans un restaurant, face à la mer, dans un fauteuil roulant. Un regard qui voyait des nuages blancs défilant dans un ciel bleu, lumineux au dessus d'une mer agitée, bleue, elle aussi. Et mon cœur s'est serré, des questions se sont posées. Pourquoi à 93 ans, ce regard ne pouvait plus voir le ciel, la mer, les feuilles, les arbres, les oiseaux ? Pourquoi devait-il être coincé au 2ème étage d'un établissement public sans sortir pendant des années ? Quelques soignants ont décidé d'emmener ce regard ailleurs, juste une journée, hors de ces murs aux fenêtres trop hautes. Un moment dans le présent où le regard n'a pas gardé dans ses prunelles toutes les beautés vues. Si ce regard pouvait voir chaque jour un jardin, la mer, des montagnes, des oiseaux, ce regard ne serait-il pas plus apaisé, plus serein, plus joyeux, distrait des ses souffrances ? Mais pour réaliser ce rêve, il faudrait que d'autres regards voient.

Rédaction aide-soignant.com


Source : infirmiers.com